J'avais jusqu'ici presque
honte d'avouer que je n'avais jamais vu le classique de John
Carpenter Halloween,
erreur que j'ai réparé hier soir. Et à statut d’œuvre culte, il
fallait bien que je propose à ma tendre moitié de me suivre dans
cette aventure qui, j'en étais persuadé, allait être palpitante.
Pourtant, au sortir de la projection, mon palpitant,
justement, allait connaître une baisse de régime, un ralentissement
pire qu'un embouteillage en période de vacances estivales. Si je ne
me suis pas endormi, c'était tout comme. Et comme si j'avais
honteusement ressenti le besoin de ne pas être isolé dans cette
galère, j'ai jeté un œil à Anna pour voir si elle aussi s'était
assoupie. Et effectivement, c'est en milieu de parcours que je l'ai
surprise les yeux clos. Il faut dire que du haut de son statut, on
pouvait s'attendre à ce que Halloween
donne l'impression d'avoir carrément réinventé un genre à lui
tout seul. Peut-être l'ai-je découvert bien trop tard. Peut-être
l'aurai-je vu avec l’œil du fan absolu qui le vit pour la première
fois quarante ans plus tôt. A vrai dire, je me suis surtout retrouvé
dans la position du psychiatre Sam Loomis poirotant devant la baraque
de Michael Myers.
J'ai
bien compris qu'avec ce film, on touchait à quelque chose de
justement... intouchable. Et pourtant, il fallait bien qu'un jour
quelqu'un mette les mains dans le cambouis (à défaut d'hémoglobine,
vous savez, cette matière gluante et cuivrée qui manque cruellement
au long-métrage de John Carpenter) et faire comprendre aux nouvelles
futures générations de fans de film d'épouvante et d'horreur
qu'elles devront aller voir ailleurs si elles veulent réellement avoir peur ou se "salir les mains". Je m'étais dis que ça me
changerait de la trop longue saga des Vendredi 13
et des dizaines d'ersatz insipides que ces deux franchises ont
généré, mais rien à faire. L'ennui s'est très rapidement
installé et ne m'a pas quitté avant le dernier quart-d'heure. Loin
derrière le séminal Black Christmas
de Bob Clark (daté de 1974), de The Burning
de Tony Maylam ou de l'excellent The Prowler
de Joseph Zito, Halloween
n'est en fait qu'une pâle copie, peut-être en avance sur les
autres, oui, mais une pâle copie du genre slasher.
Le
principal soucis, outre le fait qu'il manque un minimum d'hémoglobine
pour contenter les amateur de boucherie et de scènes flippantes pour
ceux qui aiment frissonner, c'est l'absence de réel scénario. Pas
un brin d'histoire, si ce ne sont les raisons pour lesquelles un
gamin revient quinze ans plus tard après avoir été interné à la
suite du meurtre de sa sœur. De plus, le film est farci
d'invraisemblances. Même si l'on nous explique un peu grossièrement
que le tueur a eu le temps d'apprendre à conduire des voitures
pendant son internement, le voir s'échapper à bord d'un véhicule
au début du film alors qu'il est resté demeuré enfermé dans un
hôpital psychiatrique dès ses six ans, rend la chose peu banale.
Beaucoup plus tard, lorsque Sam Loomis croise la route du shérif
Leigh Brackett, le docteur précise confirme la présence du tueur
masqué et son inquiétude, ce qui pourtant ne l'empêche d'arborer une certaine insouciance. Et je ne vous parle même pas du passage en voiture de l’héroïne et de l'une de ses amies durant lequel la nuit prend la relève de manière trop abrupte. Des détails ? Si vous voulez...
Alors
que Halloween 3
m'avait fait une forte impression (dû à l'absence du tueur
emblématique de la saga?), ce premier jet, qui n'a bien entendu
aucun rapport m'a laissé de marbre. Pourtant, force est de constater
qu'à plusieurs reprises, quelques menus détails m'ont empêché de
définitivement décrocher. La discussion entre le shérif et le
psychiatre dans la demeure délabrée de Michael Myers. La présence
de Jamie Lee Curtis dans la peau de Laurie Strode. Ou bien encore
certaines apparitions du tueur en arrière-plan. Une manière parfois
stylisée de le voir surgir discrètement derrière une fenêtre ou à l'embrasure d'une porte.
Ah ! Et puis bien entendu, l'entêtante partition musicale intégralement
composée par John Carpenter lui-même. Quant au casting :
irréprochable. Avec un Donald Pleasence toujours aussi « présent »
et un Nick Castle sous le masque d'un tueur glaçant et dénué de la
moindre émotion. A noter que le masque, acheté dans un magasin de
farces et attrapes était censé représenter le visage de l'acteur
William « Capitaine
Kirk »
Shatner !!!
Au
final, Halloween
fut une très grosse déception. Un tout petit slasher, ennuyeux,
jamais effrayant, sans la moindre goutte de sang (à part une gorge
très discrètement tranchée), nantie d'incohérences, dont le
scénario fut aux abonnés absents mais dont la partition musicale
résonne encore dans mon esprit. Un classique ? oui, sans doute, mais qui a très mal vieilli...
A voir quand même pour sa célébrité ...
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