D'emblée,
faut-il le faire remarquer, The Duchess
ne peut se concevoir que dans sa version originale. Ceci étant dû à
ses origines britanniques et donc celle de ses principaux
interprètes. Car alors, comment aborder autrement ce biopic
dramatique consacré à un pan de l'existence de Georgina Cavendish,
épouse du cinquième duc de Devonshire de 1764 à 1811 et amante du
Premier ministre du Royaume-Uni de novembre 1830 à juillet 1834,
Charles Grey avec lequel elle eut une enfant après avoir eu deux
filles et un fils avec son époux ? À moins de demeurer
indifférent à l'accent typique des habitants du Royaume-Uni ou
d'accepter que l'interprétation de l'actrice Charlotte Rampling y
soit confondue avec un doublage français ne rendant jamais grâce à
son talent d'interprète, The Duchess
demeure donc envisageable qu'en l'état. Saul Dibb, réalisateur et
scénariste britannique dont il s'agissait ici du second des trois
longs-métrages réalisé jusqu'à maintenant se dressent au milieu
d'une carrière également consacrée à la télévision, signe une
œuvre forte. Bénéficiant donc d'un soin tout particulier apporté
à la reconstitution, entre costumes et architecture, The
Duchess
démarre cependant de manière relativement abrupte, sans finesse,
laissant présager d'une relation très particulière entre le duc de
Devonshire William Cavendish et celle qui sera sa première épouse.
Sans être tout à fait cru, le récit n'a pour l'instant rien à
voir avec le jeu de séduction qui, pour prendre pour élément de
comparaison le film français de Bernard Borderie Angélique,
marquise des anges,
su séduire son public à travers son jeu du chat et de la souris...
Très
rapidement résumés, les rapports entre le duc et son épouse
(remarquables interprètes que sont Ralph Fiennes et Keira
Knightley), on le devinera par la suite, ne sont que l'un des
nombreux constituants d'une intrigue où se jouent des sentiments
aussi riches que l'amour, la peine ou la trahison. The
Duchess ne
s'embarrasse pas de sous-intrigues insignifiantes ou embarrassantes
(celle que l'on aimerait détester qu'interprète l'actrice Hayley
Atwell s'avère bien plus élégante et réservée que ne pourrait le
supposer durant un temps le spectateur) et s'attarde sur ce qui à
n'en point douter se révèle être une véritable tragédie. Si
montrer vos émotions ne fait pas partie de votre...''logiciel'',
pensez bien à vous isoler lors de la projection car nul doute que le
long-métrage de Saul Dib vous bouleversera. Cette magique émulsion
qui parfois naît du rapport entre l'image et le son. Ici,
l'interprétation des acteurs britanniques cités en amont et
auxquels on ajoutera bien évidemment l'acteur Dominic Cooper qui
quant à lui interprète le rôle de Charles Grey. Les décors
flamboyants qui durant neuf semaines servirent à cette
reconstitution historique. Entre la résidence des Devonshire qui
depuis, n'existe plus, la ville thermale de Bath et sa très
impressionnante bâtisse située dans la campagne vallonnée du
sud-ouest de l'Angleterre et le Château de Chatsworth dans le
Derbyshire.
Le
remarquable travail effectué par le costumier Michael O'Connor. La
photographie de Gyula Pados. Et puis, cet élément essentiel qui
participe toujours de l'émotion qui se dégage de toute œuvre
quelle qu'elle soit : la magnifique partition musicale écrite
par la compositrice originaire de Haslemere au Royaume-Uni, Rachel
Portman. Tout simplement bouleversante, la bande-son nous fait
chavirer au grès d'une intrigue qui ne nous ménage pas un seul
instant. Et pourtant, rien de commun avec ces longs-métrages qui
choisissent en général de ponctuer certaines séquences d'actes de
sexe ou de violence. Ici, ceux-ci demeurent sourds. Du moins,
discrets, et révèlent au final ce que l'on ne pouvait soupçonner
lors de la première demi-heure. Une certaine finesse dans la mise en
scène et dans l'interprétation. Au point que même le plus cruel,
et diront peut-être certains, le plus insensible, paraît au fond
aussi humain que l'est son épouse. The Duchess a
beau se référer à des faits historiques, il n'en demeure pas moins
une véritable et très belle histoire d'amour qui va bien au delà,
d'ailleurs, de l'impression la plus élémentaire qui tout d'abord
s'impose à l'esprit. En témoignera une très belle séquence entre
le Duc et son épouse lors de laquelle, toutes proportions gardées
bien évidemment, nous retrouverons Ralph Fiennes avec cette même
retenue qu'il incarna dans le chef-d’œuvre bouleversant de David
Cronenberg, Spider...
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