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mardi 18 janvier 2022

The Duchess de Saul Dibb (2008) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

D'emblée, faut-il le faire remarquer, The Duchess ne peut se concevoir que dans sa version originale. Ceci étant dû à ses origines britanniques et donc celle de ses principaux interprètes. Car alors, comment aborder autrement ce biopic dramatique consacré à un pan de l'existence de Georgina Cavendish, épouse du cinquième duc de Devonshire de 1764 à 1811 et amante du Premier ministre du Royaume-Uni de novembre 1830 à juillet 1834, Charles Grey avec lequel elle eut une enfant après avoir eu deux filles et un fils avec son époux ? À moins de demeurer indifférent à l'accent typique des habitants du Royaume-Uni ou d'accepter que l'interprétation de l'actrice Charlotte Rampling y soit confondue avec un doublage français ne rendant jamais grâce à son talent d'interprète, The Duchess demeure donc envisageable qu'en l'état. Saul Dibb, réalisateur et scénariste britannique dont il s'agissait ici du second des trois longs-métrages réalisé jusqu'à maintenant se dressent au milieu d'une carrière également consacrée à la télévision, signe une œuvre forte. Bénéficiant donc d'un soin tout particulier apporté à la reconstitution, entre costumes et architecture, The Duchess démarre cependant de manière relativement abrupte, sans finesse, laissant présager d'une relation très particulière entre le duc de Devonshire William Cavendish et celle qui sera sa première épouse. Sans être tout à fait cru, le récit n'a pour l'instant rien à voir avec le jeu de séduction qui, pour prendre pour élément de comparaison le film français de Bernard Borderie Angélique, marquise des anges, su séduire son public à travers son jeu du chat et de la souris...


Très rapidement résumés, les rapports entre le duc et son épouse (remarquables interprètes que sont Ralph Fiennes et Keira Knightley), on le devinera par la suite, ne sont que l'un des nombreux constituants d'une intrigue où se jouent des sentiments aussi riches que l'amour, la peine ou la trahison. The Duchess ne s'embarrasse pas de sous-intrigues insignifiantes ou embarrassantes (celle que l'on aimerait détester qu'interprète l'actrice Hayley Atwell s'avère bien plus élégante et réservée que ne pourrait le supposer durant un temps le spectateur) et s'attarde sur ce qui à n'en point douter se révèle être une véritable tragédie. Si montrer vos émotions ne fait pas partie de votre...''logiciel'', pensez bien à vous isoler lors de la projection car nul doute que le long-métrage de Saul Dib vous bouleversera. Cette magique émulsion qui parfois naît du rapport entre l'image et le son. Ici, l'interprétation des acteurs britanniques cités en amont et auxquels on ajoutera bien évidemment l'acteur Dominic Cooper qui quant à lui interprète le rôle de Charles Grey. Les décors flamboyants qui durant neuf semaines servirent à cette reconstitution historique. Entre la résidence des Devonshire qui depuis, n'existe plus, la ville thermale de Bath et sa très impressionnante bâtisse située dans la campagne vallonnée du sud-ouest de l'Angleterre et le Château de Chatsworth dans le Derbyshire.


Le remarquable travail effectué par le costumier Michael O'Connor. La photographie de Gyula Pados. Et puis, cet élément essentiel qui participe toujours de l'émotion qui se dégage de toute œuvre quelle qu'elle soit : la magnifique partition musicale écrite par la compositrice originaire de Haslemere au Royaume-Uni, Rachel Portman. Tout simplement bouleversante, la bande-son nous fait chavirer au grès d'une intrigue qui ne nous ménage pas un seul instant. Et pourtant, rien de commun avec ces longs-métrages qui choisissent en général de ponctuer certaines séquences d'actes de sexe ou de violence. Ici, ceux-ci demeurent sourds. Du moins, discrets, et révèlent au final ce que l'on ne pouvait soupçonner lors de la première demi-heure. Une certaine finesse dans la mise en scène et dans l'interprétation. Au point que même le plus cruel, et diront peut-être certains, le plus insensible, paraît au fond aussi humain que l'est son épouse. The Duchess a beau se référer à des faits historiques, il n'en demeure pas moins une véritable et très belle histoire d'amour qui va bien au delà, d'ailleurs, de l'impression la plus élémentaire qui tout d'abord s'impose à l'esprit. En témoignera une très belle séquence entre le Duc et son épouse lors de laquelle, toutes proportions gardées bien évidemment, nous retrouverons Ralph Fiennes avec cette même retenue qu'il incarna dans le chef-d’œuvre bouleversant de David Cronenberg, Spider...

 

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