Perfetti
sconosciuti
du réalisateur et scénariste italien Paolo Genovese a la
particularité d'avoir été jusqu'ici adapté à de nombreuses
reprises dans le monde entier, détenant ainsi le record du plus
grand nombre de remakes. L'Espagne, la Grèce, la Turquie, l'Inde, la
Hongrie, la Corée du sud, le Mexique, la Chine, la Russie,
l'Allemagne, la Pologne, l'Arménie, le Japon et même la France ont
tous eu droit à leur version d'un même récit à l'origine duquel
Paolo Genovese se trouve être l'auteur. Et la liste ne s'arrête pas
à cette quinzaine de pays évoqués puisque jusqu'à maintenant,
vingt et un longs-métrages ont suivi le même chemin que Perfetti
sconosciuti.
Le dernier en date nous provenant du Liban, de l’Égypte et de
l'Arabie Saoudite et s'intitule ʾAṣhâb wala
aʿaz.
Traduit chez nous sous le titre de On se connaît…
ou pas,
ce film disponible sur Netflix
depuis le 20 janvier est signé du réalisateur libanais Wissam
Smayra. Avant cela, il fut l'auteur d'un court-métrage en 2003 et de
deux clips vidéos pour la chanteuse Myriam Fares deux ans plus tard.
On peut donc estimer que le libanais débute là véritablement sa
carrière de réalisateur avec ce premier long-métrage qui prend le
risque de poursuivre la course folle des remakes (l’œuvre de Paolo
Genovese ayant fort logiquement intégré le Livre Guinness des
Records) d'un long-métrage authentiquement parfait puisque pour ne
citer que le seul exemple français intitulé Le
jeu
réalisé par Fred Cavayé en 2018, celui-ci n'arrive malheureusement
pas à rivaliser avec Perfetti sconosciuti
malgré son casting réunissant en outre Bérénice Bejo, Stéphane
De Groodt, Grégory Gadebois ou encore Roschdy Zem...
Découvrir
en 2022 une œuvre dont l'original et ses successeurs semblent avoir
déjà fait le tour du sujet a-t-il un quelconque intérêt ?
Pour une raison au moins, la réponse est oui. Car il n'est pas
courant de pouvoir découvrir tous les jours une œuvre
arabo-libano-égyptienne sur petit ou grand écran. À moins d'aimer
hanter certains cinémas de quartier spécialisés dans la diffusion
d'œuvres d'art et d'essai ou projetant des films qui n'intéressent
pas les grosses enseignes, il y a peu de chance de tomber sur un
long-métrage signé d'un auteur égyptien, saoudien ou libanais à
moins qu'il n'ait d'abord fait ses preuves dans les grands festivals.
Heureusement, dans le cas présent, il s'agira moins d'évoquer le
mode de vie de ces peuples que de découvrir une alternative on ne
peut plus ''exotique'' d'un récit dont on connaît déjà tous les
tenants et les aboutissants. L'histoire, donc, tout le monde la
connaît. Comme dans Perfetti sconosciuti,
Le jeu,
et à n'en point douter tous les remakes qui ont précédé ou suivi
ce dernier, il s'agit encore là de réunir une poignée d'amis lors
d'un dîner organisé par l'un des couples et durant duquel sera
proposé à chacun de poser son téléphone sur la table et de livrer
aux autres, le moindre message ou appel reçu durant le repas. Si la
version italienne avait comme principale qualité d'être drôle mais
aussi parfois très émouvante (le coup de téléphone d'une
adolescente à son père), ce dernier aspect manquait malheureusement
cruellement au long-métrage de Fred Cavayé...
Évidemment,
l'un des principaux privilèges qu'apporte Aṣhâb
wala aʿaz mis
à disposition par la plateforme Netflix
est
de permettre de le découvrir dans sa langue d'origine. Comme l’œuvre
d'Alex de la Iglesia méritait d'être vue en espagnol, celle de Lee
Jae-gyu en coréen ou la version de Bora Dagtekin en allemand. Sinon,
quel intérêt ? Pour ceux qui ont déjà découvert l'original,
il s'agira donc surtout d'assister à un spectacle similaire même si
certains changements interviennent en terme de situations ou de
dialogues ce qui permet de découvrir Aṣhâb
wala aʿaz
sans pour autant avoir l'impression d'avoir vu Perfetti
sconosciuti
la veille. Les acteurs Nadine Labaki, Mona Zaki, Eyad Nassar, Adel
Karam, Diamand Bou Abboud et les autres sont aussi bon que dans
l'original italien et le montage s'avère suffisamment nerveux et
passe de l'un des personnages à l'autre sans aucun temps mort. Bref,
Aṣhâb wala aʿaz
arrive presque à la hauteur de l’œuvre originale, ce que n'était
pas vraiment parvenu à faire Le jeu
de Fred Cavayé. Rendez-vous donc sur Netflix,
en espérant que débarque un jour chez nous les autres remakes, à
commencer par celui du génial Alex de la Iglesia...
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