Pour quiconque voudrait
se lancer dans la filmographie de l'acteur belge Jean-Claude Van
Damme, Karate Tiger
n'est sans doute pas la porte à franchir en priorité. Trois ans
avant l'infâme Black Eagle – l'arme absolue
d'Eric Karson et Bloodsport
de Newt Arnold dans lequel il tiendra pour la première fois le rôle
principal, l'un des plus célèbres acteurs belges allait trôner sur
des affiches on ne peut plus mensongères puisque dans ce
long-métrage mélangeant arts-martiaux et comédie pour adolescents,
il n'y tient pas le rôle principal. Le récit situe son action à
Seattle après qu'un professeur de karaté (l'acteur Timothy D. Baker
dans le rôle de Tom Stillwell) et son fils Jason (Kurt McKinney
aient décidé de quitter Los Angeles où un gang russe tentait de le
contraindre de travailler pour eux. Fan absolu de Bruce Lee, Jason ne
cesse de s'entraîner tandis que son père abandonne la profession
pour ouvrir un bar. Alors que le père et son fils semblent avoir
enfin échappé aux ennuis en se réfugiant dans leur nouvelle
existence, Jason ne tarde pas à rencontrer des problèmes avec
certains élèves d'un cours de karaté. Et parmi eux, Scott
(l'acteur Kent Lipham), un consommateur invétéré de malbouffe,
obèse et agressif qui s'en prend rapidement au jeune garçon. Très
vite rejoint par Dean Ramsay (Dale Jacoby) qui voit le rapprochement
entre Jason et la jolie Kelly (Kathie Sileno) d'un mauvais œil.
Heureusement pour lui, Jason peut compter sur le soutien de son
nouvel ami R.J. Madison (J.W. Fails ) et sur celui, déjà plus
étonnant, de Bruce Lee lui-même (Kim Tai Chung). Culte et
nanardesque, voici comme l'on pourrait considérer l'un des premiers
films mettant en scène Jean-Claude Van Damme. Un long-métrage
ponctué d'innombrables séquences ringardes. Comme le passage
signifiant la toute première rencontre entre Jason et R.J. Madison.
Une séquence que l'on croirait tout droit sortie d'une publicité
vantant les mérites d'une boisson énergétique !
Parfois
très bête (l'affrontement à l'entrée du fast-food) et visant la
majeure partie du temps un public de jeunes (la fête qui tourne
mal), Karate Tiger
sort presque tout juste un an après un certain Karate
Kid
réalisé par John G. Avildsen. Cela n'étonnera donc personne de
retrouver dans l'un comme dans l'autre, certaines relations
troublantes. Comme ces élèves de karaté qui dans les deux cas
semblent avoir oublié le contrôle de soi et le respect de
l'adversaire. Ou bien ces deux maîtres en matière d'art-martiaux
qui chacun de leur côté vont enseigner au jeune héros la pratique
du karaté afin de mieux les armer face à l'adversité. Si Karate
Tiger est
considéré (surtout par les fans de Jean-Claude Van Damme) comme un
film culte, Karate Kid
le demeure tout autant pour toute une génération mais avec
davantage de raison. Dans le cas présent, le film enchaîne des
séquences plus ou moins volontairement amusantes. Ponctué de scènes
improbables (le breakdance et le skateboard s'y invitent notamment)
le long-métrage de Corey Yuen est surtout, tout sauf un film de
Jean-Claude Van Damme. Car ce ne sont pas les quelques séquences qui
le mettent en scène qui justifient à elles seules qu'il trône en
très bonne place sur les différentes affiches et jaquettes du film.
La bande-son est signée de Paul Gilreath et Frank Harris et demeure
typique de l'époque bien qu'elle soit de piètre qualité. Le film
enchaîne les séquences pré-pubères avec des scènes d'action et
de combat parfois bien menées mais semblant avoir bizarrement été
accélérées. L'impression que la vitesse de lecture de celles-ci a
été augmentée n'est pas rare et offre une vigueur relativement
étonnante. Vêtu d'un costard blanc impeccable mais apparemment
incapable de prononcer le moindre mot, les apparitions de l'acteur
belge se comptent sur les doigts d'un paresseux !
L'entraînement
de Jason (tout comme la séquence située dans la discothèque) est
long, laborieux et surtout pénible pour le spectateur. L'ensemble du
long-métrage ne vole pas très haut et les fans de Jean-Claude Van
Damme qui ne connaîtraient pas encore cette petite perle ultra cheap
risquent de ne pas s'en remettre. Évidemment, le seul intérêt du
film demeure dans l'attente où Jason pourra enfin se montrer à la
mesure des petits cons qui l'emmerdent (que ce soit sur un ring ou
dans la rue) ou le retour tant attendu de Jean-Claude Van Damme pour
un combat final (abusivement) réputé remarquable. Notre pauvre
acteur belge semble se traîner un bâton entre les fesses. Rigide et
inexpressif, il se montre désespérément caricatural ! Il faut
l'entendre parler le russe dans le doublage français en fin de
pellicule pour comprendre combien a pu être bénéfique le silence
dans lequel son personnage était plongé jusque là. Heureusement,
le ridicule ne tuant pas, cela n'empêchera pas le belge de connaître
par la suite une carrière fulgurante dans le cinéma d'action et des
art-martiaux....
...et néanmoins : plaisir coupable si l'on sollicite la corde nostalgique !
RépondreSupprimerMerci pour ce billet malheureusement lucide et objectif :) :)
Mechanix