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vendredi 27 mai 2022

Coups pour coups de Deran Sarafian (1990) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Tout commence sous une lumière bleutée, dans un quartier malfamé. C'est là qu'intervient d'emblée Jean-Claude Van Damme dans la peau du flic Louis Burke afin de mettre un terme aux agissements d'un tueur en série du nom de Christian Taylor plus connu sous celui du ''Démon''. Un fois la besogne achevée, l'intrigue est transportée dix-huit mois plus tard et là, l'on assiste à l'une de ces séquences qui ne peuvent que participer de la légende de l'un des acteurs belges les plus célèbres de la planète. Débarquant dans un commissariat vêtu d'un costume, d'une coiffure, d'un teint hâlé et d'un déhanchement impeccables, l'un des seigneurs du film d'action et des arts-martiaux a l'air de se la jouer ''Si juvasbien, c'est Juvamine''... Le genre d'apparition facile à parodier. Remplacez-l'acteur par Alain Chabat à l'époque des Nuls et vous comprendrez combien cette courte séquence aurait de quoi réjouir les amateurs de nanars ! Si le réalisateur Deran Sarafian n'a l'air d'avoir tourné que des épisodes de séries télévisées américaines, le bonhomme a en réalité débuté sa carrière par une petite dizaine de longs-métrages dont le film d'horreur et de science-fiction Alien Predator en 1986, la comédie de science-fiction Interzone en 1989 ou le sympathique thriller The Road Killers en 1994. Sa rencontre avec Jean-Claude Van Damme donnera naissance à Coups pour coups, traduction française de Death Warrant qui en réalité signifie Arrêt de mort. Le scénario de David S. Goyer ne tourne pas autour du pot bien longtemps et le film a à peine eu le temps de démarrer qu'une mission des plus dangereuses est confiée au détective Burke (un patronyme que ceux qui détestent le jeu pas toujours très convainquant de JCVD seront autorisés à remplacer par Beurk!) : en effet, alors que les détenus d'une prison connaît un pourcentage de décès particulièrement élevé, Burke est chargé de s'y infiltrer afin d'élucider cette affaire...


Dans le genre infiltration, inutile d'espérer trouver en Coups pour coups, l'équivalent du chef-d’œuvre de Samuel Fuller Shock Corridor dans lequel un journaliste ambitieux se faisait interner dans un hôpital psychiatrique afin d'y enquêter sur un meurtre. On ne comparera même pas l’œuvre de Deran Sarafian au très sympathique Tango et Cash que signa le réalisateur Andreï Kontchalovski en 1989 et dans lequel Sylvester Stallone et Kurt Russell incarnaient deux personnalités bien distinctes qui se retrouvaient enfermées dans l'une des pires prisons des États-Unis ! Laissez JCVD tel quel ou plantez lui une plume dans l'cul, c'est du pareil au même : on ne voit que lui. Avec sa belle gueule, son bronzage de star et son magnifique brushing, aucun des taulards et des gardiens ne souffre la moindre comparaison. Des gueules comme on n'en trouve qu'en prison ou alors dans ce type de films. Le remède miracle contre l'envie de pisser contre le mur d'un commissariat, de piquer le sac d'une petite vieille, de dézinguer un voisin trop bruyant ou de se lancer dans le commerce de psychotropes ! La virilité dans tous ses états couplée à un important déficit en matière de facultés intellectuelles. Le bonheur, quoi. Ou comment prendre des vacances à l'ombre en restant chez soit, calé devant son poste de télévision. Il s'agit d'ailleurs de l'un des rares atouts de Coups pour coups. Remiser ses neurones au vestiaire pour ce plaisir coupable de cinéphage. Notre flic va non seulement avoir à faire avec l'enquête qu'il est chargé de résoudre mais également avec les tensions raciales entre blancs, noirs et latinos...


L'argument du film est bien simple : il faut que ça cogne, que ça transpire la peur mais aussi et surtout, que la gouaille se libère à travers des lignes de dialogue embryonnaires. Du côté des prisonniers comme des détenus, le film semble attacher une importance au fait que leur distinction soit la plus infime qui soit. Histoire de rendre le danger plus concret pour le héros qui se retrouve alors dans une arène où nul ne pourra lui venir en aide en cas d'alerte. Sauf que se greffe la présence d'un individu providentiel comme cela sera notamment le cas aussi dans l'excellent L'évadé d'Alcatraz réalisé onze ans auparavant par Don Siegel et dans lequel une amitié se créait autour de Clint Eastwood et de Paul Benjamin qui incarnaient respectivement le blanc Frank Lee Morris et le bibliothécaire noir ''English''. Idée reprise ici, développant avec moins de finesse l'idée d'une collaboration entre des communautés qui au mieux, se regardent en chien de faïence ! Si l'univers carcéral exerce en général une certaine fascination, Coups pour coups rate malheureusement le coche. On ne s'attendait évidemment pas à ce que chaque personnage bénéficie d'une caractérisation aux petits oignons, mais son absence confine presque au génie. Le sergent DeGraf à la tête des gardiens est nettement moins inquiétant que Patrick McGoohan dans L'évadé d'Alcatraz ou que Donald Sutherland dans Haute sécurité de John Flynn malgré la gueule et l'impressionnante carrure de son interprète, Art LaFleur. Jean-Claude Van Damme se décide enfin à sortir les poings et les pieds face au retour (attendu) du ''Démon''. À noter qu'à l'époque, le belge ne semble pas encore être en mesure de révéler un réel talent d'acteur comme le prouve notamment cette séquence sans intérêt lors de laquelle il s’étouffe presque en ingurgitant le tord boyaux de son co-détenu. Risible ! Au bout d'une heure l'on découvre un twist dont on sentait l'odeur à des kilomètres à la ronde. À noter qu'une fois de plus, le public français aura eu droit à un doublage nanardesque. Quant à l'actrice Cynthia Gibb, elle apporte un semblant de féminité dans un monde de brutes... épaisses...


 

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