Tout commence sous une
lumière bleutée, dans un quartier malfamé. C'est là qu'intervient
d'emblée Jean-Claude Van Damme dans la peau du flic Louis Burke afin
de mettre un terme aux agissements d'un tueur en série du nom de
Christian Taylor plus connu sous celui du ''Démon''.
Un fois la besogne achevée, l'intrigue est transportée dix-huit
mois plus tard et là, l'on assiste à l'une de ces séquences qui ne
peuvent que participer de la légende de l'un des acteurs belges les
plus célèbres de la planète. Débarquant dans un commissariat vêtu
d'un costume, d'une coiffure, d'un teint hâlé et d'un déhanchement
impeccables, l'un des seigneurs du film d'action et des arts-martiaux
a l'air de se la jouer ''Si juvasbien, c'est Juvamine''...
Le genre d'apparition facile à parodier. Remplacez-l'acteur par
Alain Chabat à l'époque des Nuls
et vous comprendrez combien cette courte séquence aurait de quoi
réjouir les amateurs de nanars ! Si le réalisateur Deran
Sarafian n'a l'air d'avoir tourné que des épisodes de séries
télévisées américaines, le bonhomme a en réalité débuté sa
carrière par une petite dizaine de longs-métrages dont le film
d'horreur et de science-fiction Alien Predator
en 1986, la comédie de science-fiction Interzone
en 1989 ou le sympathique thriller The Road
Killers
en 1994. Sa rencontre avec Jean-Claude Van Damme donnera naissance à
Coups pour coups,
traduction française de Death Warrant
qui en réalité signifie Arrêt
de mort.
Le scénario de David S. Goyer ne tourne pas autour du pot bien
longtemps et le film a à peine eu le temps de démarrer qu'une
mission des plus dangereuses est confiée au détective Burke (un
patronyme que ceux qui détestent le jeu pas toujours très
convainquant de JCVD
seront
autorisés à remplacer par Beurk!) : en effet, alors que les
détenus d'une prison connaît un pourcentage de décès
particulièrement élevé, Burke est chargé de s'y infiltrer afin
d'élucider cette affaire...
Dans
le genre infiltration, inutile d'espérer trouver en Coups
pour coups,
l'équivalent du chef-d’œuvre de Samuel Fuller Shock
Corridor
dans lequel un journaliste ambitieux se faisait interner dans un
hôpital psychiatrique afin d'y enquêter sur un meurtre. On ne
comparera même pas l’œuvre de Deran Sarafian au très sympathique
Tango et Cash que
signa le réalisateur Andreï Kontchalovski en 1989 et dans lequel
Sylvester Stallone et Kurt Russell incarnaient deux personnalités
bien distinctes qui se retrouvaient enfermées dans l'une des pires
prisons des États-Unis ! Laissez JCVD
tel quel ou plantez lui une plume dans l'cul, c'est du pareil au
même : on ne voit que lui. Avec sa belle gueule, son bronzage
de star et son magnifique brushing, aucun des taulards et des
gardiens ne souffre la moindre comparaison. Des gueules comme on n'en
trouve qu'en prison ou alors dans ce type de films. Le remède
miracle contre l'envie de pisser contre le mur d'un commissariat, de
piquer le sac d'une petite vieille, de dézinguer un voisin trop
bruyant ou de se lancer dans le commerce de psychotropes ! La
virilité dans tous ses états couplée à un important déficit en
matière de facultés intellectuelles. Le bonheur, quoi. Ou comment
prendre des vacances à l'ombre en restant chez soit, calé devant
son poste de télévision. Il s'agit d'ailleurs de l'un des rares
atouts de Coups pour coups.
Remiser ses neurones au vestiaire pour ce plaisir coupable de
cinéphage. Notre flic va non seulement avoir à faire avec l'enquête
qu'il est chargé de résoudre mais également avec les tensions
raciales entre blancs, noirs et latinos...
L'argument du film est bien simple : il faut que ça cogne, que
ça transpire la peur mais aussi et surtout, que la gouaille se
libère à travers des lignes de dialogue embryonnaires. Du côté
des prisonniers comme des détenus, le film semble attacher une
importance au fait que leur distinction soit la plus infime qui soit.
Histoire de rendre le danger plus concret pour le héros qui se
retrouve alors dans une arène où nul ne pourra lui venir en aide en
cas d'alerte. Sauf que se greffe la présence d'un individu
providentiel comme cela sera notamment le cas aussi dans l'excellent
L'évadé d'Alcatraz réalisé onze ans auparavant par
Don Siegel et dans lequel une amitié se créait autour de Clint
Eastwood et de Paul Benjamin qui incarnaient respectivement le blanc
Frank Lee Morris et le bibliothécaire noir ''English''. Idée
reprise ici, développant avec moins de finesse l'idée d'une
collaboration entre des communautés qui au mieux, se regardent en
chien de faïence ! Si l'univers carcéral exerce en général
une certaine fascination, Coups pour coups rate
malheureusement le coche. On ne s'attendait évidemment pas à ce que
chaque personnage bénéficie d'une caractérisation aux petits
oignons, mais son absence confine presque au génie. Le sergent
DeGraf à la tête des gardiens est nettement moins inquiétant que
Patrick McGoohan dans L'évadé d'Alcatraz ou que
Donald Sutherland dans Haute sécurité de John Flynn
malgré la gueule et l'impressionnante carrure de son interprète,
Art LaFleur. Jean-Claude Van Damme se décide enfin à sortir les
poings et les pieds face au retour (attendu) du ''Démon''. À
noter qu'à l'époque, le belge ne semble pas encore être en mesure
de révéler un réel talent d'acteur comme le prouve notamment cette
séquence sans intérêt lors de laquelle il s’étouffe presque en
ingurgitant le tord boyaux de son co-détenu. Risible ! Au bout
d'une heure l'on découvre un twist dont on sentait l'odeur à des
kilomètres à la ronde. À noter qu'une fois de plus, le public
français aura eu droit à un doublage nanardesque. Quant à
l'actrice Cynthia Gibb, elle apporte un semblant de féminité dans
un monde de brutes... épaisses...
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