Conspués, insultés,
méprisés, mis au pilori par une partie de la population
complotiste, il faudra bien un jour nous excuser et remercier nos
dirigeants de nous avoir pris par la main comme des enfants alors
qu'une épidémie de Covid-19
allait bouleverser nos habitudes. Oui, grâce à quelques têtes bien
remplies, voilà à quoi nous avons échappé ! Un virus qui a
muté et a transformé des hommes et des femmes en psychopathes
assoiffés de sexe et de sang. À Taïwan, les choses ne semblent pas
s'être déroulées dans des conditions aussi salubres qu'en France
puisque le virus a dégénéré et les rues se sont transformées en
autant de terrains de jeux sanguinaires. Sans que nous l'attendions
comme le messie, voilà que débarquait tout récemment en VOD
le tout premier long-métrage du réalisateur canadien Rob Jabbaz.
Avant cela ? Une poignée de courts qui ne laissèrent pas
envisager la tournure qu'allait prendre sa carrière. De petits films
d'animation, et, certes, un court-métrage horrifique il y a deux ans
(Clearwater) !
En 2022 et en pleine chaleur estivale sortait sur les écrans The
Sadness.
Long-métrage d'horreur plutôt gore et flirtant parfois avec
l’irrévérence la plus jouissive. Des séquences carrément
inattendues qui dans le paysage cinématographique mondial font du
bien. Il en demeure encore pour nous offrir quelques jolis spectacles
où le sang côtoie le stupre de manière totalement débridée (sans
mauvais jeu de mots). Pour commencer, que les sinophobes se
rassurent : le doublage en français passe relativement bien.
Celles et ceux qui ne veulent pas s'abîmer la rétine en lisant les
sous-titres n'auront qu'à tendre l'oreille et profiter de la version
française...
Si
The Sadness
n'a l'air de ressembler qu'à l'un de ces innombrables films
d'infectés qui chaque année sortent sur les écrans ou directement
en vidéo, le film se veut tout d'abord une critique féroce où se
libèrent les esprits et les hormones d'une population opprimée. Un
virus s'étendant dans la région comme une traînée de poudre et
libérant les pulsions de ses habitants. Au centre du récit, un
couple formé par Jim et Kat (les acteurs Berant Zhu et Regina Lei).
Ils s'aiment et sont heureux même s'ils risquent de ne pas pouvoir
partir en vacances comme la jeune femme l'avait pourtant prévu.
Transportée par scooter de l'autre côté de la ville par son
compagnon, tous les deux vont être séparés au moment même où un
inquiétant et très virulent virus va s'étendre dans le coin.
Transformant les habitants en infectés, là encore, The
Sadness montre
son envie de se démarquer de la concurrence puisque ses ''zombies''
semblent avoir conservé toutes leurs perceptions cognitives tout en
ayant perdu tout discernement entre le bien et le mal. Si le
long-métrage du canadien est un défouloir pour le spectateur, il
semble l'être encore plus pour son auteur, ses techniciens et ses
interprètes tant le spectacle qui nous est donné à voir fleure bon
le cinéma d'horreur outrancier tel que certains pouvaient le
concevoir des décennies en arrière. On pense notamment aux premiers
efforts de Peter Jackson, bien avant qu'il n'entre dans la cours des
grands, au temps des Bad Taste,
The Feebles ou
Braindead !
Aussi
ahurissant et inattendu que cela puisse paraître, The
Sadness
n'hésite pas à appuyer son propos à grands renforts de dialogues
salaces et de séquences de sexe lors desquelles les personnages
pataugent dans des mares de sang. Au fond, Rob Jabbaz ne fait que
reprendre la recette qu'avait inventé presque cinquante ans en
arrière un autre canadien, le plus célèbre d'entre tous, puisque
l'on retrouve ici certains ingrédients des cultissimes Frissons
et Rage
de David Cronenberg respectivement réalisés en 1975 et 1977. Visage
brûlé à l'huile de cuisson, énucléation, passage à tabac à
coups de battes de base-ball, corps chutant de plusieurs étages,
visage écrasé (une scène n'atteignant malheureusement pas le degré
d'atrocité de la fameuse séquence située dans le bas gay de
Irréversible
de
Gaspar Noé). The Sadness
ne fait pas dans la dentelle. Encore moins lorsque les infectés,
sourire aux lèvres, passent de l'homicide au viol. Et là, mes amis,
comment dire... Le réalisateur et scénariste s'en est donné à
cœur joie et propose quelques passages que le cerveau du plus
pervers des obsédés sexuels n'aurait sans doute pas osé concevoir.
Pessimiste, trash, gore, et parfois malsain, The
Sadness souffre
cependant d'un défaut majeur : ses ruptures de rythme
permanents qui empêchent de transporter le spectateur jusqu'à
l'ivresse ! À part cela, le film du canadien est un bol d'air
(pas toujours très) frais...
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