Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


vendredi 21 janvier 2022

Le labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro (2006) - ★★★★★★★★★★

 


 

Alors que le tout dernier long-métrage du réalisateur, scénariste et producteur mexicain Guillermo del Toro est sorti il y a tout juste deux jours (Nightmare Alley), il est peut-être encore temps de revenir sur l'une de ses plus brillantes réussites. Capable de mettre en scène des robots géants dans un contexte ultra-bourrin, l'homme est également compétent lorsqu'il s'agit de donner vie à des œuvres d'une sensibilité et d'une grâce aussi rares qu'absolues. Le labyrinthe de Pan en est peut-être l''un des meilleurs exemples. Seize ans déjà qu'est sorti dans les salles ce chef-d’œuvre définitif de fantasy, entre conte pour adulte et drame sur fond de guerre d'Espagne. À l'issue de laquelle la jeune Ofelia (Ivana Baquero) et sa mère Carmen (Ariadna Gil) rejoignent le capitaine Vidal (extraordinaire Sergi Lopez dans l'un de ses meilleurs rôles) duquel cette dernière attend un enfant. Chargé de retrouver et d'éliminer les maquisards réfugiés au cœur des montagnes, Vidal est un monstre sans cœur ni morale. Figure du fascisme pour lequel la vie d'un homme, d'un enfant ou d'une femme ne compte pas. C'est dans ce contexte particulièrement sinistre que va évoluer Ofelia, héroïne de l'un des contes les plus sombres, tragiques et émouvant auquel le septième art ait donné naissance. Guillermo del Toro, avec Le labyrinthe de Pan, ne nous épargne rien. Des décors tantôt enchanteurs, tantôt sordides dont fut responsable Eugenio Caballero en passant par la sublime photographie de Guillermo Navarro, le travail artistique effectué sur le visuel de ce sixième long-métrage du mexicain demeure absolument bluffant. Et auquel on ajoutera bien entendu la très belle partition musicale signée de Javier Navarrete qui ajoute un surcroît d'émotion à des séquences à l'origine déjà particulièrement marquantes...


Rien ne nous est donc épargné, disais-je. Car si Le labyrinthe de Pan est effectivement un conte (tout autant soit-il réservé aux adultes), avec tout ce que cela suppose d'imaginaire (ici, la présence de fées, de la mandragore au vertus magiques ou encore du faune, cette créature légendaire issue de la mythologie romaine), le long-métrage de Guillermo del Toro ne fait pas dans la dentelle lorsque son monstre personnifié par le capitaine Vidal s'en prend à des hommes et des femmes sans distinction d'âge, avec ce doigt de perversité que l'acteur espagnol Sergi Lopez retranscrit à l'image avec un sens particulièrement aiguisé. Si le film transpose l'Histoire avec un grand H dans un contexte plus ou moins fantastique, ça n'est que pour mieux décrire cette échappatoire au cœur de laquelle la jeune Ofelia va se laisser lentement glisser afin de se protéger et ainsi échapper aux horreurs de la guerre continuant d'opposer l'armée franquiste aux maquisards. D'où cette incertitude qui émaille le long-métrage sans que l'on ne sache vraiment si tout ce que vit la jeune fille est ''réel'' ou le simple fruit de son imagination. Ce qui, par contre, est avéré, ce sont les exactions de ce capitaine craint même jusque dans ses troupes dont aucun de ses hommes n'oserait contredire le moindre de ses ordres. Bourré jusqu'à la gueule de moments de bravoure, de scènes féeriques et de séquences graves, Le labyrinthe de Pan est d'une beauté, d'une cruauté et d'une profondeur rares. Profitant de formidables effets-spéciaux, le mélange des genres fonctionne à plein régime et sans qu'aucun des deux versants abordés par le récit ne s'impose plus qu'il ne doit. L'émulsion est parfaite et l'issue inattendue.


Le labyrinthe de Pan est de ces œuvres qui parfois démontrent que le septième art et ses artisans en ont encore sous le pied. Surtout, il prouve qu'en se donnant les moyens techniques, de mise en scène, d'écriture ou d'interprétation, il est encore possible d'atteindre les cimes de la perfection. Si l'on n'oubliera sans doute pas de si tôt ce portrait de monstre fascisant qu'est ce capitaine tortionnaire et sadique, nul doute que resteront gravés ces moments de bravoure, lorsqu'enfin débouchent de leur cachette, ces dizaines de maquisards, valeureux combattants de la liberté. Ou plus simplement cette gamine, qui les chaussures crottées, s'érige en relève de ces hommes et de ces femmes sacrifiés au nom de cette même liberté. Le labyrinthe de Pan prend aux tripes et à la gorge. Il nous ensorcelle par son florilège ininterrompu de séquences visuellement époustouflantes. Ivana Baquero, Sergi López, Maribel Verdú dans le rôle de Mercedes et Álex Angulo dans celui du docteur Ferreiro sont tous remarquables. Profond, original, poétique et macabre, Guillermo del Toro marquait d'une pierre blanche en cette année 2006, le septième art. Peut-être son plus grand film...

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...