Avant-dernier article
consacré au réalisateur espagnol Jess Franco, celui-ci concerne
désormais La comtesse perverse
qu'il réalisa en 1974. Bien qu'il traite le sujet sous l'angle de
l'érotisme, Jess Franco a ici en outre comme objectif de mettre en
scène l'adaptation d'une nouvelle écrite en 1925 par le romancier
et scénariste américain Richard Connell. Il s'agit effectivement
pour lui d'offrir une alternative quelque peu ''brûlante'' de The
Most Dangerous Game qui
chez nous sorti sous le titre Le
plus dangereux des jeux.
Une nouvelle dont Jess Franco ne sera d'ailleurs pas le seul à
adapter le contenu puisque à la louche l'on compte une bonne
quinzaine d'entre elles. Connaissant le réalisateur espagnol et sa
propension à tourner des longs-métrages à petits budgets, il ne
faudra pas s'attendre à y découvrir autre chose que l'habituel
spectacle auquel il nous a toujours habitués. Pourtant, force est de
reconnaître qu'en comparaison de certaines séries Z dont il se
rendit coupable, La comtesse perverse
n'est pas le pire des deux-cent films environ qu'il réalisa durant
toute sa carrière. On ne s'étonnera pas non plus d'y retrouver
quelques-uns de ses interprètes fétiches comme celle qui fut
longtemps sa compagne (l'actrice Lina Romay, ici, délicieusement
belle), la française Alice Arno ou l'acteur masculin le plus fidèle
de Jess Franco, l'américain Howard Vernon ! Tourné sur la
côte espagnole, La comtesse perverse
débute par la découverte d'une jeune femme entièrement nue
reposant sur le sable d'une plage par un couple interprété par
Robert Woods (dans le rôle de Tom) et Tania Busselier (dans celui de
Moira)...
Howard
Vernon incarne quant à lui le comte Rabor Zaroff et Alice Arno son
épouse Ivanna. La comtesse perverse du titre. Carole (la jeune fille
nue en question, interprétée par Caroline Rivière) raconte alors
au couple le cauchemar qu'elle a vécu sur une île où vivent
justement les Zaroff. Un lieu isolé où Tom et sa complice et
compagne s'empressent de la ramener. En effet, ces deux là sont des
acolytes de ces tortionnaires qui gardent entre les murs de leur
étrange demeure des hommes et des femmes qu'ils retiennent enchaînés
et dont ils abusent à loisirs. Mais bientôt, Ivanna et Rabor Zaroff
exigent de leurs complices qu'ils leur apportent une nouvelle proie.
C'est là qu'entre alors en jeu l'actrice Lina Romay. Déjà
nettement mieux mise en valeur que dans Shining
Sexe : la fille au sexe brillant dans
lequel son compagnon de réalisateur exploitait sa physionomie sous
toutes ses coutures. S'il en est de même dans le cas qui nous
intéresse ici, le film apparaît déjà largement moins crapoteux en
terme d'érotisme. Multipliant les zooms comme il en a généralement
l'habitude et en usant parfois de courtes focales déformant l'image
(et donnant ainsi à ces séquences une aura légèrement
fantasmagorique), Jess Franco installe son récit et ses personnages
durant la seconde moitié du long-métrage dans une authentique
demeure (laquelle n'est donc pas le fruit du travail acharné d'un
quelconque décorateur) conçue à l'origine par l'architecte
espagnol Ricardo Bofill et située dans la commune d'Espagne de la
province d'Alicante, Calp !
Personnage
à part entière, le lieu dégage une atmosphère assez particulière
rendue plus étrange encore par sa couleur intérieure et extérieure
de terre cuite rosée et par son architecture qui n'a pas vraiment
d'équivalent. Connue par les habitants de Calp sous le nom de
''Muralla Roja''
(La Muraille Rouge), il s'agit d'un complexe d'habitations dont a
donc pris possession Jess Franco pour tourner les plans censés se
situer dans la demeure des Orloff. Si l'une des plus célèbres
adaptations de la nouvelle de Richard Connell signifiait d'emblée
ses objectifs (Les Chasses du comte Zaroff,
réalisé en 1932 par les américains Ernest B. Schoedsack et Irving
Pichel), en ce qui concerne La comtesse
perverse,
rien n'est moins sûr. Si de perverse, la comtesse du titre en a
effectivement l'attitude, on se demande quand va débuter la chasse
promise à l'origine par le synopsis. Pour cela, il faudra au
spectateur, patienter quatre-vingt minutes avant que de toute sa
nudité, Lina Romay/Silvia Aguado ne soit poursuivie par Alice
Arno/La Comtesse Ivanna Zaroff sur la surface de l'île. Rock
progressif et musique tribale accompagnent une intrigue qui souffre
comme d'habitude d'un rythme souvent trop lent. Les acteurs font le
minimum syndical et seuls la compagne du réalisateur et Howard
Vernon s'en tirent à bon compte. Les quelques séquences érotiques
n'apportent finalement pas grand chose au contenu à part remplir les
vides scénaristiques. La comtesse perverse
demeure
malgré tout un Jess Franco honnête...
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