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lundi 12 novembre 2018

Small Apartment de Jonas Åkerlund (2012) - ★★★★★★★☆☆☆



Du cinéaste suédois Jonas Åkerlund, je n'avais découvert jusqu'à maintenant que son premier long-métrage Spun signé en 2002. Film qui ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable, tout comme ceux qu'il réalisa dans les années qui suivirent (dont deux documentaires consacrés à Madonna) n'allaient guère arranger les choses. C'est donc sans même me douter qu'il se cachait derrière la réalisation du film dont il s'agit ici que j'ai découvert Small Apartments, son cinquième et, à l'heure actuelle, avant, avant dernier long-métrage. Jonas Åkerlund a gagné en maturité et cela se ressent dans sa mise en scène. Le cinéaste y rend un vibrant hommage aux marginaux qui peuplent l'Amérique mais qui dans le contexte de Small Apartments, se concentrent dans un périmètre réduit. Quatre appartements, et une épicerie. Le héros de cette histoire pour le moins hors du commun se nomme Franklin Franklin. Frère d'un Bernard enfermé dans un institut psychiatrique, le jeune homme n'a pas d'amis à part son frère donc, qui lui envoie chaque jour une enveloppe contenant une k7 audio et des rognures d'ongles, et son chien, qui porte le même prénom que son frère. En dehors de ces deux là, l'univers de Franklin se cantonne autour de sa boisson favorite, un soda à base de cola, et du cadavre de son propriétaire qui trône depuis deux jours dans l'unique pièce que constitue son minuscule appartement. Fasciné par la Suisse et détenteur d'un cor dont le son énerve son voisin MR. Allspice, Franklin cherche un moyen de se débarrasser du cadavre de Mr. Olivetti sans éveiller les soupçons...

Je n'en dirai pas plus même si révéler la suite du récit ne pourrait avoir de fâcheuses conséquences sur la suite des événements. Car plus que l'aspect thriller que revêt la présence d'un cadavre gênant dans l'appartement du héros magistralement incarné par Matt Lucas, le suédois crée une sorte d'alchimie qui fonctionne à merveille entre les différents protagonistes. De Franklin qui passe ses journées en slip, à boire sa boisson préférée, et ses soirées à reluquer les jolies voisines d'en face, en passant par Tommy Balls (excellent Johnny Knoxville), fumeur de marijuana et employé d'une petite épicerie de quartier, jusqu'au flic Burt Walnut interprété par Billy Crystal, chargé d'enquêter sur la mort de Mr. Olivetti, l'intégralité des personnages vogue dans un univers discordant. Des marginaux auxquels le cinéaste rend grâce de la plus émouvante des manières.

Sous ses allures d’œuvre indépendante Small Apartments est un grand film. Une comédie comme le cinéma américain n'a pas tant que cela coutume d'en présenter à un public gavé de films aux propos souvent vulgaires et sexistes. On croirait presque le film être d'origine britannique. Ce sens si particulier d'aborder l'humour qui n'appartient qu'aux anglais. Jonas Åkerlund s'offre un casting royal. Des acteurs qui à l'occasion du tournage acceptent d'abandonner leur rôle habituel de dur à cuir pour nous offrir quelques moments de frissons en battant le chaud et le froid. Drôle, mais aussi émouvant, le cinéaste passe de l'un à l'autre en changeant de ton à l'envi. L'absurdité d'un Matt Lucas se promenant en slip, une perruque ridicule sur la tête, peut être très rapidement contrecarrée par un incident dont la violence inattendue peut laisser le spectateur groggy durant un court instant. Jonas Åkerlund joue au yoyo avec son récit et prend un malin plaisir à transporter le spectateur dans une voie parfois inattendue elle aussi. Entre le surréalisme de certains décors (le superbe travail effectué sur les appartements de Tommy Balls et de Mr. Allspice) et le réalisme cru de certaines scènes (Franklin sévèrement battu par deux voyous), fait vaciller le spectateur entre rires et pincements au cœur. Outre les acteurs déjà cités plus haut, on retrouve à l'image James Caan dans le rôle émouvant du voisin le plus proche de Franklin, Peter Stormare dans l'une des compositions les plus 'absurdes' de sa carrière (il incarne en effet le cadavre de Mr. Olivetti), la jolie et très sexy Juno Temple dans le rôle de Simone, la voisine d'en face, ou encore Dolph Lundgren dans l'irrésistible rôle du Dr. Dage Mennox. Une belle réussite accompagnée par l'excellente partition musicale du musicien suédois Per Gessle...

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