Du cinéaste suédois
Jonas Åkerlund, je n'avais découvert jusqu'à maintenant que son
premier long-métrage Spun
signé en 2002. Film qui ne m'avait pas laissé un souvenir
impérissable, tout comme ceux qu'il réalisa dans les années qui
suivirent (dont deux documentaires consacrés à Madonna) n'allaient
guère arranger les choses. C'est donc sans même me douter qu'il se
cachait derrière la réalisation du film dont il s'agit ici que j'ai
découvert Small Apartments,
son cinquième et, à l'heure actuelle, avant, avant dernier
long-métrage. Jonas Åkerlund a gagné en maturité et cela se
ressent dans sa mise en scène. Le cinéaste y rend un vibrant
hommage aux marginaux qui peuplent l'Amérique mais qui dans le
contexte de Small Apartments,
se concentrent dans un périmètre réduit. Quatre appartements, et
une épicerie. Le héros de cette histoire pour le moins hors du
commun se nomme Franklin Franklin. Frère d'un Bernard enfermé dans
un institut psychiatrique, le jeune homme n'a pas d'amis à part son
frère donc, qui lui envoie chaque jour une enveloppe contenant une
k7 audio et des rognures d'ongles, et son chien, qui porte le même
prénom que son frère. En dehors de ces deux là, l'univers de
Franklin se cantonne autour de sa boisson favorite, un soda à base
de cola, et du cadavre de son propriétaire qui trône depuis deux
jours dans l'unique pièce que constitue son minuscule appartement.
Fasciné par la Suisse et détenteur d'un cor dont le son énerve son
voisin MR. Allspice, Franklin cherche un moyen de se débarrasser du
cadavre de Mr. Olivetti sans éveiller les soupçons...
Je
n'en dirai pas plus même si révéler la suite du récit ne pourrait
avoir de fâcheuses conséquences sur la suite des événements. Car
plus que l'aspect thriller que revêt la présence d'un cadavre
gênant dans l'appartement du héros magistralement incarné par Matt
Lucas, le suédois crée une sorte d'alchimie qui fonctionne à
merveille entre les différents protagonistes. De Franklin qui passe
ses journées en slip, à boire sa boisson préférée, et ses
soirées à reluquer les jolies voisines d'en face, en passant par
Tommy Balls (excellent Johnny Knoxville), fumeur de marijuana et
employé d'une petite épicerie de quartier, jusqu'au flic Burt
Walnut interprété par Billy Crystal, chargé d'enquêter sur la
mort de Mr. Olivetti, l'intégralité des personnages vogue dans un
univers discordant. Des marginaux auxquels le cinéaste rend grâce
de la plus émouvante des manières.
Sous
ses allures d’œuvre indépendante Small
Apartments
est un grand film. Une comédie comme le cinéma américain n'a pas
tant que cela coutume d'en présenter à un public gavé de films aux
propos souvent vulgaires et sexistes. On croirait presque le film
être d'origine britannique. Ce sens si particulier d'aborder
l'humour qui n'appartient qu'aux anglais. Jonas Åkerlund s'offre un
casting royal. Des acteurs qui à l'occasion du tournage acceptent
d'abandonner leur rôle habituel de dur à cuir pour nous offrir
quelques moments de frissons en battant le chaud et le froid. Drôle,
mais aussi émouvant, le cinéaste passe de l'un à l'autre en
changeant de ton à l'envi. L'absurdité d'un Matt Lucas se promenant
en slip, une perruque ridicule sur la tête, peut être très
rapidement contrecarrée par un incident dont la violence inattendue
peut laisser le spectateur groggy durant un court instant. Jonas
Åkerlund joue au yoyo avec son récit et prend un malin plaisir à
transporter le spectateur dans une voie parfois inattendue elle
aussi. Entre le surréalisme de certains décors (le superbe travail
effectué sur les appartements de Tommy Balls et de Mr. Allspice) et
le réalisme cru de certaines scènes (Franklin sévèrement battu
par deux voyous), fait vaciller le spectateur entre rires et
pincements au cœur. Outre les acteurs déjà cités plus haut, on
retrouve à l'image James Caan dans le rôle émouvant du voisin le
plus proche de Franklin, Peter Stormare dans l'une des compositions
les plus 'absurdes'
de
sa carrière (il incarne en effet le cadavre de Mr. Olivetti), la
jolie et très sexy Juno Temple dans le rôle de Simone, la voisine
d'en face, ou encore Dolph Lundgren dans l'irrésistible rôle du Dr.
Dage Mennox. Une belle réussite accompagnée par l'excellente
partition musicale du musicien suédois Per Gessle...
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