Après avoir tenté de
visionner jusqu'au bout, mais sans y parvenir, l'étron
cinématographique Planque ton Fric, J'me Pointe
du tâcheron Claude Pierson (lequel a surtout donné dans le porno),
c'est la queue entre les jambes (sans mauvais jeu de mots) et la tête
pleine de rêves que j'ai fait mes valises, et suis parti pour Hong
Kong, histoire de me ressourcer. Pourtant, j'ai vécu là-bas, une
très désagréable expérience. Un peu comme de quitter le sud de la
France pour l'étranger et d'y trouver des touristes marseillais. Pas
vraiment la panacée pour celui qui veut se changer les idées, mais
force est de constater que l'on accepte généralement son sort tout
en essayant scrupuleusement d'éviter de croiser ses concitoyens.
Bon, pour être tout à fait honnête, je n'ai ni préparé mes
valises, ni pris l'avion pour Hong Kong. Je suis resté dans le
confort de mon appartement et me suis installé devant 中國
超人, explicitement traduit chez nous sous le titre,
Super Inframan. Un modèle de « Super Sentai »
ou, « Metal Heros », dont les plus célèbres chez
nous demeurent X-Or, Bioman, ou
San Ku Kaï. Issus de la culture japonaise et à l'attention
des enfants, il en est un, parmi d'autres sans doute, qui se démarque
de par son origine. En effet, Super Inframan est
Hongkongais et le seul moyen de s'en rendre compte est de lire les
différentes fiches techniques disponibles sur la toile puisque ce
film d'un peu moins d'une heure-trente réalisé par le cinéaste
chinois Shan Hua n'offre que peu de différences avec ses semblables
d'origine japonaise si ce n'est la langue des interprètes. Alors,
quel rapport y a t-il entre le préambule mythomaniaque ouvrant cet
article et le film en question ? Réponse : la règle selon
laquelle un nanar en chasse un autre. Sauf qu'entre l'éprouvante
expérience que revêtait Planque ton Fric, J'me Pointe
et la jubilation née d'un Super Inframan nous
renvoyant directement à notre propre enfance, il y a abîme
infranchissable.
L’œuvre de Shan Hua ouvre un champ des possibles dont l'évaluation
est quasiment impossible à établir. Comme cela aurait sans doute pu
être le cas à travers d'autres exemples, admettre le contenu de
Super Inframan sans jamais sourciller de dégoût et
sans évoquer la moindre ironie à son sujet, c'est désigner très
rapidement la possibilité d'un cycle voué au genre « Super
Sentai ». Encore faut-il pouvoir mettre la main sur
quelques-uns des très nombreux films ayant pour fond l'attaque de
notre planète par d'étranges créatures venues du fin fond de la
galaxie. Celle de Super Inframan se réveille d'un
sommeil long de dix millions d'années. Imaginez donc avec quelle
force, quelle férocité et quelle ténacité celle qui se fait
appeler la Princesse Démon Elzebub (!!!) va se battre pour asservir
le peuple humain...
Pour ce faire, elle convoque une armée de créatures toutes plus
grotesques les unes que les autres et dont certaines semblent
incarner divers aperçus de la nature. Des bestioles démoniaques
dont la première à attaquer notre héros Super Inframan demeurera
sans doute comme la plus mémorable. Du moins, l'unique à réserver
une séquence vraiment réussie, le reste n'étant alors
qu'ennuyeuses redondances. Faisant en de très rares occasions preuve
d'une certaine imagination, Super Inframan propose
notamment une scène durant laquelle, une créature s'apparentant à
un mélange d'humanoïde et de plante s'enfonce dans le sol d'un
laboratoire et se met à pousser tel un végétal, et ce, dans
d'impressionnantes proportions, les scientifiques présents devant
alors faire face à des tentacules/lianes gigantesques. C'est durant
cette séquence qu'est conçu Super Inframan, gr$ace aux doigts
agiles et à l'intelligence du professeur Liu Ying-De. Un super-héros
aux pouvoirs étendus puisque capable de lancer de petits missiles
stockés sous ses côtes, d'user d'un flux de lumière situé au
niveau des poignets, ou encore de grandir dans des proportions hors
normes afin de combattre des créatures gigantesques...
Malheureusement, ce show ininterrompu de combats entre le super-héros
et la horde de créatures envoyées par la Princesse Démon Elzebub
va être contrecarré par une répétition en terme d’interactivité
entre le Bien et le Mal qui confinera à l'ennui. A force de répéter
inlassablement les mêmes scènes, en ne changeant que les créatures,
Super Inframan finit par retomber comme un soufflet.
Tout au plus le spectateur pourra s'amuser de l'étrange ballet des
créatures invoquées par la Princesse, se dandinant de manière fort
pittoresque (pour ne pas dire ridicule), incarnées par des
interprètes endossant des costumes affreusement laids. Une véritable
curiosité qui malheureusement ne se renouvelle pas suffisamment...
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