Ni tout à fait un
remake, ni tout à fait une œuvre originale, Les Visiteurs en
Amérique était d'avance voué à l'échec. Ne me demandez
pas pour quelle raison et allez plutôt vous faire une soirée
remakes américains de comédies françaises pour vous en convaincre.
La première puissance mondiale est en effet passée maîtresse dans
l'art de saloper le travail. Parce que ces messieurs-dames n'ont pas
envie de s'abîmer les yeux en lisant des sous-titres et qu'ils n'ont
pas davantage envie de financer le doublages de films venus de
l'étranger, les États-Unis ont choisi de tourner leurs propres
versions des succès cinématographiques étrangers. A leur sauce
bien évidemment. Si la J-Horror a elle-aussi craqué sans pour
autant en souffrir systématiquement (voir l'excellent The Ring
de Gore Verbinski), certains producteurs, réalisateurs,
acteurs et distributeurs français sont également tombés dans le
panneau, appâtés par les billets verts et le rêve américain.
C'est le cas de Jean-Marie Poiré, auteur à l'époque des deux
premiers volets de la saga Les Visiteurs. Il apparaîtra
finalement et officiellement au générique du remake sous le nom de
Jean-Marie Gaubert, pour une raison
quelque peu discutable (son véritable patronyme serait demeuré
difficilement prononçable par les américains). D'autres sources
auraient cité sa mésentente avec l'acteur Christian Clavier. Et
bien moi, je vous en cite une troisième, beaucoup moins officielle
mais qui me paraît hautement probable. Jean-Marie Poiré n'aura sans
doute pas assumé le résultat à l'écran de ce qui allait devenir
l'un de ses plus mauvais longs-métrages. Une douche froide
assassinée par la presse et le public.
Et
pourtant je vous le dis, chers lecteurs, vous avez échappé au pire.
Non pas que je connaisse personnellement une version uncut
des Visiteurs en Amérique qui
aurait pu être pire que le résultat que nous avons tous pu
constater avec navrance sur les écrans de cinéma, mais si l'on
compare celui-ci à The Dinner
(Remake du Dîner de Cons)
ou The Man with One Red Shoe
(remake du Grand Blond avec une Chaussure
Noire),
Les Visiteurs en Amérique s'en
sort PRESQUE honorablement. Certaines des caractéristiques de
l’œuvre originale ont été lissées, pour ne pas dire purement et
simplement dissoutes au profit du puritanisme cher aux américains.
Moins grossiers, moins sales, nos deux compères perdent un peu de
leur charme brut de voyageurs du temps venus du fin fond du
moyen-âge. Vous l'aurez très vite remarqué, Christian Clavier et
Jean Reno, enfin, leurs personnages respectifs, semblent avoir pris
rendez-vous chez le dentiste avant le tournage puisqu'on y découvre
deux individus dont la dentition est irréprochable quand celle des
héros du premier opus laissaient envisager une hygiène dentaire
pratiquement absente des usages courants.
Pire,
le fidèle de Godefroy Amaury de Malfête, comte de Montmirail,
d'Apremont et de Papincourt , Jacquouille la Fripouille disparaît
au profit d'un André le Paté, écuyer de Thibault dont le patronyme
se révèle beaucoup plus terne. Quand à Jean Reno, le sien a
depuis perdu beaucoup de sa superbe et à été réduit pour
l'occasion : Thibault, comte de Malfète ! Une double
trahison que l'on ne peut pardonner à un Jean-Marie Poiré passant
la pommade à un public américain qu'il ne faut surtout pas blesser.
Plus de « sarrasin »
pour ne pas offusquer l'homme de couleur. La clocharde Ginette
(campée par Marie-Anne Chazel) est remplacée au profit d'une jeune
servante interprétée par l'actrice Tara Reid. Mais le pire demeure
dans l'absence du descendant de Jacquouille la Fripouille. L'un des
principaux éléments qui firent le succès des Visiteurs
est absent. Une erreur impardonnable, le personnage n'ayant même pas
été remplacé par un autre. Christina Applegate remplace la
fgrançaise Valérie Lemercier sans jamais parvenir à égaler son
exceptionnelle interprétation de Frénégonde de Pouille, et de
Béatrice Goulard de Montmirail. Doublant eux-mêmes leurs
personnages, Clavier et Reno perdent en force comique. Ce que le film
tente vainement d'être. Nulle place au chauvinisme dans l’écriture
de cet article. Difficile de concilier ainsi deux approches
radicalement différentes de la comédie. On peut ou pas adhérer.
Personnellement, je n'y suis pas parvenu...
merci
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