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jeudi 7 septembre 2017

Les Visiteurs en Amérique de Jean-Marie Gaubert (Jean-Marie Poiré) (2001) - ★★★★☆☆☆☆☆☆


Ni tout à fait un remake, ni tout à fait une œuvre originale, Les Visiteurs en Amérique était d'avance voué à l'échec. Ne me demandez pas pour quelle raison et allez plutôt vous faire une soirée remakes américains de comédies françaises pour vous en convaincre. La première puissance mondiale est en effet passée maîtresse dans l'art de saloper le travail. Parce que ces messieurs-dames n'ont pas envie de s'abîmer les yeux en lisant des sous-titres et qu'ils n'ont pas davantage envie de financer le doublages de films venus de l'étranger, les États-Unis ont choisi de tourner leurs propres versions des succès cinématographiques étrangers. A leur sauce bien évidemment. Si la J-Horror a elle-aussi craqué sans pour autant en souffrir systématiquement (voir l'excellent The Ring de Gore Verbinski), certains producteurs, réalisateurs, acteurs et distributeurs français sont également tombés dans le panneau, appâtés par les billets verts et le rêve américain. C'est le cas de Jean-Marie Poiré, auteur à l'époque des deux premiers volets de la saga Les Visiteurs. Il apparaîtra finalement et officiellement au générique du remake sous le nom de Jean-Marie Gaubert, pour une raison quelque peu discutable (son véritable patronyme serait demeuré difficilement prononçable par les américains). D'autres sources auraient cité sa mésentente avec l'acteur Christian Clavier. Et bien moi, je vous en cite une troisième, beaucoup moins officielle mais qui me paraît hautement probable. Jean-Marie Poiré n'aura sans doute pas assumé le résultat à l'écran de ce qui allait devenir l'un de ses plus mauvais longs-métrages. Une douche froide assassinée par la presse et le public.

Et pourtant je vous le dis, chers lecteurs, vous avez échappé au pire. Non pas que je connaisse personnellement une version uncut des Visiteurs en Amérique qui aurait pu être pire que le résultat que nous avons tous pu constater avec navrance sur les écrans de cinéma, mais si l'on compare celui-ci à The Dinner (Remake du Dîner de Cons) ou The Man with One Red Shoe (remake du Grand Blond avec une Chaussure Noire), Les Visiteurs en Amérique s'en sort PRESQUE honorablement. Certaines des caractéristiques de l’œuvre originale ont été lissées, pour ne pas dire purement et simplement dissoutes au profit du puritanisme cher aux américains. Moins grossiers, moins sales, nos deux compères perdent un peu de leur charme brut de voyageurs du temps venus du fin fond du moyen-âge. Vous l'aurez très vite remarqué, Christian Clavier et Jean Reno, enfin, leurs personnages respectifs, semblent avoir pris rendez-vous chez le dentiste avant le tournage puisqu'on y découvre deux individus dont la dentition est irréprochable quand celle des héros du premier opus laissaient envisager une hygiène dentaire pratiquement absente des usages courants.

Pire, le fidèle de Godefroy Amaury de Malfête, comte de Montmirail, d'Apremont et de Papincourt , Jacquouille la Fripouille disparaît au profit d'un André le Paté, écuyer de Thibault dont le patronyme se révèle beaucoup plus terne. Quand à Jean Reno, le sien a depuis perdu beaucoup de sa superbe et à été réduit pour l'occasion : Thibault, comte de Malfète ! Une double trahison que l'on ne peut pardonner à un Jean-Marie Poiré passant la pommade à un public américain qu'il ne faut surtout pas blesser. Plus de « sarrasin » pour ne pas offusquer l'homme de couleur. La clocharde Ginette (campée par Marie-Anne Chazel) est remplacée au profit d'une jeune servante interprétée par l'actrice Tara Reid. Mais le pire demeure dans l'absence du descendant de Jacquouille la Fripouille. L'un des principaux éléments qui firent le succès des Visiteurs est absent. Une erreur impardonnable, le personnage n'ayant même pas été remplacé par un autre. Christina Applegate remplace la fgrançaise Valérie Lemercier sans jamais parvenir à égaler son exceptionnelle interprétation de Frénégonde de Pouille, et de Béatrice Goulard de Montmirail. Doublant eux-mêmes leurs personnages, Clavier et Reno perdent en force comique. Ce que le film tente vainement d'être. Nulle place au chauvinisme dans l’écriture de cet article. Difficile de concilier ainsi deux approches radicalement différentes de la comédie. On peut ou pas adhérer. Personnellement, je n'y suis pas parvenu...

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