Un grand merci au site Warning Zone pour m'avoir fait découvrir une oeuvre dont je ne soupçonnais même pas l'existence...
"Short Eyes" est, par définition, le nom donné à un individu reconnu
coupable d'actes de pédophilie incarcéré en prison. Dans ce cas
actuel, il s'agit d'un long-métrage réalisé en 1977 par le
scénariste et réalisateur Robert Milton Young.
Short Eyes s'éloigne
très sensiblement des productions réalisée bien des années après.
Version masculine de mythiques WIP (Women in Prison), ce film fait
état d'un quartier dans lequel sont retranchés noirs, blancs et
portoricains. Dans une certaine mesure, l'intrigue évoque certaines
complaisance de la part des gardiens. Sans être amis avec les
prisonniers qu'ils ont la charge de surveiller, on ne peut pas dire
que ces derniers aient vraiment à souffrir de conditions de
détentions particulièrement atroces. Quelles que soient les
confessions religieuses où les ethnies condamnées à se côtoyer,
tout semble se dérouler à peut près convenablement. La première
partie de Short Eyes est
d'ailleurs là pour nous démontrer que le racisme qui ne s'exprime
jamais vraiment autrement que par les mots (les blancs en faisant
très souvent les frais de par leur présence minoritaire), et que
les actes de violence sont anecdotiques. Très vite l'on se rend
compte de l'aspect réaliste du contexte. Des taulards dont on ne
connaîtra jamais vraiment les raisons de leur détention. Un calme
apparent qui ne tiendra malheureusement pas sur la longueur avec
l'arrivée d'un nouveau... "pensionnaire"
en la personne de Clark Davis. Le pédophile évoqué plus haut. Une
attitude désinvolte pour un homme qui de part son accoutrement
diffère déjà de ses nouveaux co-détenus. Parachuté par erreur
dans un quartier où ses jours seront très vite comptés, il pourra
cependant compter sur l'écoute et l'assistance d'un certain Juan
auquel il va se confier. Si de ce fait, l'homme se met en danger,
c'est pourtant un gardien qui révélera les raisons de
l'incarcération de Davis. Dès lors, le jeune homme est rejeté et
va vivre un véritable enfer.
Un
enfer tout relatif puisque Robert Milton Young s'attarde avant tout
sur les co-détenus de Clark. Et si même le comportement des autres
envers le pédophile est assez virulent, les actes véritablement
barbares perpétrés à son encontre vont se révéler plutôt rares.
On se souviendra cependant très longtemps du sort que vont lui
accorder ses co-détenus dans les derniers instants du long-métrages.
Un fait marquant, troublant au point de déranger même si l'on ne
peut excuser les actes dont il s'est rendu coupable dans le passé.
Alors que l'on aurait dû immédiatement faire preuve de rejet envers
cet abjecte criminel, Robert Milton Young décide de tourner une
scène dont l'importance va se révéler considérable : Clark
Davis (l'acteur Bruce Davidson) face à Juan. Se confessant sur les
faits qui l'ont envoyé en prison ainsi que sur des actes antérieurs
censés le rendre encore plus épouvantable qu'il n'y paraît, le
récit de Clark va avoir l'effet inverse. Au final, celui que l'on
jugeait bien avant de l'avoir entendu prononcer ses premiers mots
apparaît comme un être presque normal. Du moins, lorsqu'il réalise
lui-même que ses actes sont immoraux et abjectes. Clark n'est plus
désormais le monstre que l'on imaginait mais un homme malade dont
les déviances sexuelles incontrôlables ne sont jamais simplement
guidées par le désir de faire le mal mais par des pulsions
auxquelles il est incapable lui-même de mettre un frein.
Dans
le genre « film de prison », Short
Eyes est
une totale réussite. Magistralement interprété par une foule
d'acteurs qui n'en font jamais des tonnes pour s'imposer, l’œuvre de
Robert Milton Young est passionnante de bout en bout et ne pâtit
d'aucun temps mort. Inspiré d'une pièce écrite par le dramaturge
et poète portoricain Miguel Piñero est assurément l'un des
meilleurs films du genre. Outre les acteurs cités plus haut, on
retrouve également Nathan George que l'on a pu notamment découvrir
dans Vol au-dessus d'un
Nid de Coucou,
Les Pirates du Métro
et Brubaker
ainsi que le chanteur chanteur, auteur et compositeur Curtis Mayfield
dans le rôle du prisonnier Pappy, lequel a également signé la
bande originale du film...
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