Treize ans après que le
réalisateur espagnol Jaume
Collet-Serra ait réalisé l'excellent Esther,
l'américain William Brent Bell a pris la relève et à signé cette
année la suite, ou plutôt la préquelle intitulée Esther
2 : Les Origines.
Rien de bien mystérieux ne se cache derrière ce titre passe-partout
qui promet donc de remonter aux origines du mythe de celle qui
jusqu'à maintenant se faisait appeler Esther et dont l'ouverture de
ce second long-métrage nous révèle son véritable nom : Leena
Klammer. Laquelle, contrairement à ce qu'elle laissera prétendre
une nouvelle fois, n'est pas une jeune adolescente mais une
trentenaire atteinte d'une forme relativement rare de nanisme lui
conférant des proportions physiques tout à fait normales (un peu
comme les lilliputiens, en somme). Dans cette préquelle, Leena se
fera donc passer pour Esther, une gamine d'origine américaine
disparue depuis quatre ans qui, ''Ô miracle'', retournera dans son
pays d'origine pour y retrouver ses ''parents'' Tricia et Allen
Albright ainsi que son ''frère'' Gunnar. Et autant le dire tout de
suite, l'auteur de The Boy
en 2016 et de sa séquelle quatre ans plus tard n'a pas le talent du
réalisateur espagnol. Esther 2 : Les Origines ne
rend effectivement pas honneur à l’œuvre de Jaume
Collet-Serra et ne constitue qu'une erreur de parcours supplémentaire
pour cet auteur qui visiblement semble avoir quelques problèmes avec
l'enfance. Alors que Esther
était un modèle d'angoisse de plus en plus palpable à mesure que
progressait le récit, on cherche encore à comprendre ce qui a pris
à William Brent Bell de nous proposer un menu aussi indigeste que
celui de cette préquelle. Déjà, reprendre dans le rôle principal
d'Esther l'actrice Isabelle Fuhrman semble bien moins judicieux que
d'avoir cherché à la faire interpréter par une autre actrice dont
l'âge n'aurait pas posé de problème. Sachant que le récit se
situe des années en arrière alors que l'actrice Isabelle Fuhrman a
de son côté vieilli de treize années, la redécouvrir dans le
rôle-titre est forcément peu crédible. Car si certaines méthodes
utilisées afin de faire passer la pilule peuvent paraître tout à
fait honorables, Isabelle Fuhrman a mûrit et son visage a forcément
changé...
Si
treize ans en arrière il semblait finalement assez crédible de
l'imaginer dans la peau d'une adulte de trente-trois ans, l'inverse
ne fonctionne malheureusement pas. On conseillera d'ailleurs à
celles et ceux qui voudraient découvrir cette préquelle de ne
surtout pas entreprendre le visionnage juste après avoir vu
l'original car le résultat du passage à l'âge adulte de la
principale actrice n'en serait que plus difficile à accepter !
Mesurant désormais un mètre-soixante, il fallait bien
trouver un moyen de rendre à Isabelle Fuhrman la taille qui était
la sienne en 2009. Filmée de près et jusqu'à la taille lorsqu'elle
fait face à la caméra et remplacée par une jeune doublure dès
qu'elle lui tourne le dos, l'illusion est plus ou moins réussie. Car
malheureusement, le spectateur ne cessera d'avoir à l'esprit l'image
d'une actrice n'ayant plus douze ans, mais vingt-cinq. Et autant dire
qu'en terme de crédibilité, le long-métrage faillit terriblement
sur ce point là. Et encore, ça n'est là que la partie émergée de
l'iceberg puisque histoire de rajouter autant de couches qu'en
contient un mille-feuilles en matière d'incongruités, le scénario
de David Coggeshall nous fait ''bénéficier'' d'un récit hautement
farfelu dès que va être engagé dans le récit, un twist dont
l'improbabilité demeurera d'une constance jusqu'au générique de
fin libérateur. [Spoil] : imaginez donc une intrigue dans
laquelle une jeune femme totalement cinglée se réfugie dans une
famille en plein désarroi depuis que son plus jeune membre a
disparu. Imaginez ensuite que deux d'entre eux ne soient pas tout à
fait étrangers à la disparition de la véritable Esther. Imaginez
enfin que la mère sache très exactement ce qui retourne au sujet de
l'arrivée de cette gamine se faisant passer pour sa fille Esther...
Un peu avant la moitié
du long-métrage, l'on apprend effectivement que la mère Tricia sait
que Esther... n'est pas Esther, mais une étrangère qui s'est
insinuée dans sa famille tel un coucou s'installant dans le nid
d'une autre espèce d'oiseau ! Le récit, qui déjà ne manquait
pas d'utiliser de très grosses ficelles part carrément en eau de
boudin invraisemblable et grand-guignolesque où tout est pourri, de
la mère en passant par le fils et jusqu'à Esther qui de la créature
monstrueuse passera par l'étape de la proie. Ne restait plus qu'à
sauver le rôle tenu par Rossif Sutherland, fils de l'immense Donald
Sutherland mais dont il ne semble malencontreusement pas avoir le
dixième du talent. Malheureusement pour lui, peu aidé par un
personnage pas très finaud et d'une déconcertante mollesse, les
anglophobes qui découvriront le film doublé en français seront en
outre certainement dépités par l'infecte doublage effectué par
l'acteur belge Jean-François Rossion. L'un des soucis du film
provient également du fait qu'aucun personnage ne soit attachant. Ce
qui, au regard de l'esthétique générale du long-métrage demeure
encore un moindre mal. D'une approche visuelle particulièrement
laide, Esther 2 : Les Origines apparaît
si souvent esthétiquement surfait que l'on a souvent la désagréable
impression que le film a été majoritairement tourné sur fond vert.
Une préquelle sans intérêt aucun, des personnages tous plus
repoussants les uns que les autres, un travail sur l'image absolument
dégueulasse et un récit complètement perché mais au demeurant,
loin d'être aussi subversif qu'il n'y paraît, voilà ce qu'est le
film de William Brent Bell. Toute l'angoisse ressentie lors du
premier volet s'efface au profit d'un récit bancal et tout sauf
passionnant. Poubelle !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire