Les sociétés de
production "Lionsgate" et "Twisted Pictures"
ayant mis la main sur une franchise à succès, pourquoi ne pas
presser le fruit jusqu'à la dernière goutte me direz-vous. Un fruit
dont les réserves sont intarissables puisqu'il s'agira ici de parler
du troisième volet de la saga Saw
alors même que, on le sait déjà, un huitième épisode sort dans
peu de temps au cinéma. Darren Lynn Bousman remet le
couvert pour un volet en deçà des deux précédents. C'est qu'au
bout d'un moment, il va bien falloir réaliser qu'à force
d'exploiter toujours le même filon, l'originalité va se faire la
malle, aller voir ailleurs, et nous laisser devant des projets qui
finiront tous par se ressembler. C'est donc ainsi, une fois de plus,
que l'on retrouve les personnages de John Kramer et d'Amanda Young,
eux-même toujours interprétés par Tobin Bell et Shawnee Smith.
Alors que le premier dépérit à vue d’œil, atteint d'un cancer
qui le ronge de l'intérieur et dont les conséquences se lisent sur
son visage, la seconde gagne peu à peu en folie et perd, donc,
toute sensibilité face aux atrocités que son sauveur commet par
procuration puisque c'est elle qui, sous l’œil bienveillant de
Sigsaw, enlève les futures victimes de leurs jeux sadiques et
fabrique les nouveaux pièges. A ce propos, j'aimerais que l'on
m'explique de quels fonds dispose Kramer. Car au vu des différents
entrepôts et du matériel illimité dont il dispose, le bonhomme
doit être immensément riche !
Un détail qui cependant,
et en regard d'innombrables incohérences, paraît finalement bien
innocent. Par exemple, si l'on sort du cadre exclusivement
divertissant, je veux bien que le Syndrome de Stockholm puisse
réellement exister, on en a d'ailleurs vu la preuve dans les médias,
mais de là à rendre si dépendante l'ancienne toxicomane Amanda
(qui de ce fait l'est à nouveau, mais d'une autre ampleur) envers
Kramer pour lequel elle accepte de perpétrer des actes innommables,
faut quand même pas charrier. Un subterfuge scénaristique prévoyant
la mort de Jigsaw, mais pas de la saga en l’occurrence. L'actrice
en deviendrait presque énervante, percluse de tics nerveux, posant
parfois devant la caméra, Shawnee Smith peu (ou pas) agacer.
Comme ce fut le cas pour
les deux précédents volets, Saw III réserve quelques
massacres joliment orchestrés et furieusement gores. Le scénariste
Leigh Whannell fait preuve d'une imagination incroyable dans la
fabrication des meurtres. Cet aspect de ce troisième épisode est
sans nul doute ce qu'il a de mieux à en extraire. Concernant ce
film-puzzle troisième du nom, le cinéaste nous propose pas mal de
retours en arrière. Il se faufile et va jusqu'à reprendre quelques
séquence du premier, réalisé par James Wan, afin d'apporter une
conclusion définitive concernant les deux premières victime de
Kramer/Jigsaw. On découvre par exemple le sort finalement accordé
au personnage d'Adam Stanhight (interprété par le scénariste
lui-même) alors que James Wan avait à l'époque décidé de le
laisser pourrir dans ce qui était devenu par la force des choses,
son tombeau.
Avant de réaliser le
quatrième opus de la saga, Darren
Lynn Bousman aurait-il choisi de mettre un terme définitif à la
juteuse franchise ? C'est l'impression qu'il donne en tout cas
en détaillant point par point certains des éléments qui étaient
demeurés sans réponse. De plus, en éliminant Kramer et Amanda, il
tuait d'une certaine manière la poule aux œufs d'or. Saw
III laisse
un sentiment mitigé.
Ni
mauvais ni même très bon, il demeure à l'heure de sa sortie en
2006, comme le moins bon des trois premiers épisodes. Trop
d'incohérences (bah quoi ! J'ai jamais vu un type se broyer
lui-même la cheville ou un autre avoir tous les membres retournés
sans émettre le moindre cri.là non plus, il ne faut charrier).
L’œuvre de Darren Lynn Bousman, si elle tente maladroitement de
renouer avec l'efficacité du premier épisode, laisse tout de même
de bons souvenirs en matière de gore. Du coup du « chevalet »,
en passant par la séquence ultra-craspec du juge noyé sous un amas
de viande broyée en décomposition avancée. Ne manquait plus qu'une
pastille en « odorama » pour atteindre le plus haut degré
en matière d'horreur. Espérons que la suite relancera de belle
manière une saga qui, j'en ai bien peur, aurait tendance à se
noyer...
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