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lundi 29 août 2022

Esther (Orphan) de Jaume Collet-Serra (2009) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

C'était il y a treize ans et je me demande encore par quel miracle j'ai pu embarquer ce jour là ma chère et tendre qui n'était à l'époque pas particulièrement emballée par ce genre de programme ! En dehors des vieux classiques de l'épouvante et de l'horreur qui me confortaient dans l'idée que le meilleur de ces deux genres cinématographiques étaient déjà derrière nous, je me demande également ce qui a personnellement pu me pousser à aller assister à la projection du Esther du réalisateur espagnol Jaume Collet-Serra. D'autant plus que je savais déjà ce qui m'attendait. Du moins, en partie puisque ce genre de film, je le sais, a plutôt tendance à m'agacer au point que je me ronge les ongles jusqu'au générique de fin alors même que le projet initial de ses auteurs fut logiquement de foutre le trouillomètre à zéro à leurs spectateurs. Je m'étais juré de ne plus jamais le revoir. Comme je m'étais bêtement promis de ne plus revoir non plus le E.T de Steven Spielberg. Pour des raisons qui n'appartiennent qu'à mes souvenirs d'enfants, de ce traitement infligé à cette créature pourtant si attachante par l'homme, spectacle auquel je ne voulais surtout plus être témoin. C'est avec scrupule et méthode que j'évite ainsi tout film d'horreur traitant de l'enfance diabolique. Qu'ils revêtent ou non un quelconque aspect fantastique. Surtout de nos jours où une telle pratique sur grand écran semble faire le parallèle avec l'enfant-roi qui règne en les demeures de parents qui adoubent tout ce qu'entreprend leur progéniture ! D'une certaine manière, on peut d'ailleurs remonter très loin dans l'histoire du septième art et y trouver des œuvres visionnaires (quoique plus ou moins crédibles) parmi lesquelles Le village des damnés de Wolf Riffa en 1960, Les Révoltés de l'an 2000 de Narciso Ibáñez Serrador en 1976 ou plus près de nous, Demain les mômes de Jean Pourtalé... !


Des œuvres qui par le passé évoquent ce qu'endurent désormais nombre de familles. Oui, sans doute avec moins du dureté mais au fond, qu'en savons-nous ? Avec son visage d'ange, son intelligence et sa rapidité d'adaptation, Esther est l'enfant parfaite. Celle dont rêve tout parent. Surtout ceux qui comme le couple Coleman a perdu le sien lors de l'accouchement. Basé sur un authentique fait divers, Esther repose sur un scénario écrit par David Leslie Johnson adapté lui-même du roman d'Alex Mace qui depuis, est passé de l'écriture à la production de longs-métrages et de séries télévisées. Jaume Collet-Serra prend le spectateur en otage mais aussi et surtout à témoin des ''activités'' de la gamine tout en faisant porter le poids de la responsabilité à sa mère adoptive. Un point de vue relativement dérangeant si l'on tient compte du fait que l'on sait très exactement quel est le caractère de la gamine et quelles sont les tentatives par sa mère de s'en rapprocher (du moins jusqu'à ce que sa méfiance la pousse à aller consulter une psychologue qui, comme on s'en doute bien évidemment, n'arrangera pas la situation). Le réalisateur nous positionne en tant qu'observateur d'un fait divers dont la coupable est reconnue comme victime et l'innocente comme la principale source du problème. C'est en cela que le film révèle son potentiel horrifique plus que dans les actes perpétrés par cette psychopathe... cette sociopathe en souliers vernis...


D'une exceptionnelle durée approchant les cent-vingt minutes, Esther égrène la liste des perversités dont est capable de se rendre coupable une jeune enfant formidablement interprétée par la jeune Isabelle Fuhrman qui à l'époque du tournage n'avait que douze ans. On retrouvera l'actrice cinq ans plus tard dans le premier volet de la franchise Hunger Games, puis dans le très mauvais After Earth de M. Night Shyamalan, dans l'adaptation du roman Cell Phone de Stephen King et bien sûr, cette année dans la suite des aventures d'Esther réalisée cette fois-ci par William Brent Bell.Si Jaume Collet-Serra paraît pressé de révéler à la mère adoptive la véritable nature de sa fille, quelques bonnes idées viennent relancer un récit somme toute très classique. Embarquant la plus jeune fille des Coleman dans ses jeux morbides, Esther la séduit mais lui fait aussi très peur, intégrant ainsi une nouvelle donnée dans la recherche de l'effroi de la part du réalisateur. La contrainte d'opposer une simple gamine à un couple d'adultes étant ainsi résolue par la présence de la toute jeune Aryana Engineer qui interprète Maxine Coleman et qui à l'époque n'avait que huit ans. Symbole du père protecteur, Peter Sarsgaard incarne un John Coleman totalement aveuglé, manipulé, que l'on devrait logiquement comprendre mais sachant pertinemment qu'il fait fausse route, le réalisateur parvient une nouvelle fois à appuyer là où ça fait mal. Quant à Vera Farmiga (la franchise Conjuring) elle incarne une Katherine Coleman brillante et bouleversante, qui peu à peu se retrouve seule, paraît sombrer, Esther usant alors de tous les artifices mis à sa disposition (les bouteilles d'alcool, notamment) pour la décrédibiliser. Par couches successives, le film touche au but : créer un climat d'angoisse tel qui touche à la psychologie des personnages et des spectateurs tout en transformant cette peur de manière totalement viscérale. Une brillante réussite...

 

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