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mardi 22 mars 2022

The Big Lebowski de Joel et Ethan Coen (1998) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Il était une fois le ''Dude''. De son vrai nom Jeffrey Lebowski... Au choix, affublé d'un tee-shirt gris et d'un short à carreaux, le tout (pas vraiment) planqué sous une robe de chambre saumon, ou portant un polo beige accompagné d'un pantalon bigarré dans les tons de mauve ! C'est un peu ça et tellement d'autres choses, le 'Dude''. Un type pour qui travailler est un vague concept dont il n'a, semble-t-il, jamais vraiment fait son précepte. Fumeur d'herbe et consommateur invétéré de ''white russian'', sa boisson préférée. Un adepte du bowling qu'il pratique avec ses deux seuls véritables amis Walter Sobchak et Théodore « Donny » Kerabatsos. Le premier est carré, bourré de principes qui le mettent en rage lorsque quiconque ose les défier. Le second est le bon pote qui marche sur les traces des deux autres, suivant les conversations avec un train de retard, et sommé de se taire chaque fois qu'il s'offre l'occasion de l'ouvrir. Un quotidien somme toute presque banal pour ces trois là... Du moins jusqu'au jour où deux types débarquent à l'improviste chez le 'Dude'' pour lui réclamer une somme d'argent qui selon eux leur est due. Oui, mais voilà, ces deux brutes viennent juste de commettre deux erreurs : Non seulement ils se sont trompés de gars pour cause d'homonymie., mais PIRE! L'un d'eux a osé pissé sur son tapis. Un affront que le 'Dude'' va durant près de deux heures, tenter de faire réparer... Il n'y avait vraiment que les frères Joel et Ethan Coen pour nous servir en cette année 1998, un tel plat. Une recette dont ils ont le secret depuis pratiquement les débuts de leur carrière. En fait, dès leur second long-métrage, le délirant Arizona Junior avec Holly Hunter et Nicolas Cage, comédie déjantée précédant de sept années l'un des sommets de leur versant humoristique, Le grand saut qu'ils signeront en 1994...


The Big Lebowski représente tout ce que l'on aime de ces deux frères qui collaborent autant à la réalisation qu'à l'écriture. Si en dehors de quelques visions psychédéliques, leur septième long-métrage ne fait sans doute pas partie des œuvres les plus extraordinaires en matière de photographie et de décors, le film n'en demeure pas moins l'un des sommets du duo en ce qui concerne par contre le scénario et l'interprétation. Chaque personnage étant cuisiné aux petits oignons, nous retrouvons aux côté du génialissime Jeff Bridges, les acteurs John Goodman dans le rôle du pote armé et obsédé par la guerre du Vietnam, Steve Buscemi en compagnon auquel les deux autres n'accordent que très peu d'intérêt et John Turturro en ancien taulard condamné pour pédérastie désormais recyclé dans le bowling et se faisant désormais appeler Jesus Quintana. Trois acteurs que Joel et Ethan Coen avaient déjà réunis dans leur plus formidable long-métrage, Barton Fink en 1991. Parmi les interprètes de The Big Lebowski, il faudra de plus compter sur les présences de Julianne Moore, de David Huddleston (le Jeffrey Lebowski à l'origine des malheurs du ''Dude''), de Philip Seymour Hoffman, de Peter Stormare, ici à la tête d'un trio de branquignoles ou encore de celles de Sam Elliot et de Ben Gazzara...


Pornographie, kidnapping, confusion, musique, magot, contrats, compétition de bowling, il s'en passe des vertes et des pas mûres dans The Big Lebowski mais toujours, le 'Dude'' conserve son sang-froid. Avec ses allures de cloche, le ''Dude'' n'est pourtant pas le personnage tout à fait imaginaire qu'il semble être au premier abord. Car si Joel et Ethan Coen sont bien les auteurs de leur propre scénario, il n'en demeure pas moins qu'il se sont inspirés en partie d'une authentique personnalité du nom de Jeff Dowd. Un producteur de cinéma sur lequel ils comptaient afin de distribuer leur premier long-métrage en 1985, l'excellent thriller Blood Simple (Sang pour sang). Jeff Bridges est absolument savoureux et incarne à la perfection ce flemmard qui attend de la vie que tout lui tombe dans le creux de la main, sauf lorsqu'il s'agit de demander réparation concernant son tapis souillé d'urine. Faux thriller mais vraie comédie, The Big Lebowski est comme d'habitude chez les Coen, bourré de trouvailles et de dialogues incisifs. À noter que l'on attend toujours la sortie du très curieux projet intitulé The Jesus Rolls. L'improbable rencontre entre le Bertrand Blier des Valseuses et le The Big Lebowski des frères Coen. À la mise en scène ? Vu le titre, on devine déjà : John Turturro bien entendu. À quand une sortie dans l'hexagone ? Mystère...

 

lundi 21 mars 2022

O'Brother de Joel et Ethan Coen (2000) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

L'odyssée de l'aède Homère fut à l'origine une épopée de la Grèce Antique qui contait le voyage d’Ulysse qui après la Guerre de Troie mit dix années à retourner auprès de ses proches Pénélope et Télémaque. Les arts, dans leur globalité, s'inspirèrent de ce récit remontant à la fin du septième siècle avant J-C. Chacun le parcourant et l'adaptant avec plus ou moins de fidélité et de liberté. Les adolescents que furent les quinquagénaires se souviennent sans doute encore de Ulysse 31, cet excellent dessin animé franco-japonais créé par Jean Chalopin et Nina Wolmark, réalisé par Bernard Deyriès et diffusé pour la première fois au début des années quatre-vingt. Une alternative intéressante situant son action au trente et unième siècle à bord du vaisseau l'Odysseus et dans laquelle, Ulysse s'attirait les foudres de Zeus après que le héros ait tué le Cyclope... Récit intemporel, Les frères Joel et Ethan Coen s'en emparèrent à leur tour mais en le transposant cette fois-ci dans les années 1930, au Sud des États-Unis. C'est là que nous retrouvons trois criminels tout juste échappés de prison et donc, en cavale. Ulysses Everett McGill, Pete et Delmar O'Donnel poursuivent un but : mettre la main sur un magot dont seul le premier connaît la cachette. Mais les trois hommes n'ont que quelques jours pour arriver à destination, déterrer le trésor et se le partager. En effet, la zone où se situe l'argent risque d'être prochainement inondée. Mais pour Ulysses, plus que l'argent, l'essentiel est surtout de retrouver celle qu'il aime et à laquelle il a donné six enfants : son épouse Penny...


Deux années après leur formidable The Big Lebowski, Joe et Ethan Coen nous revenaient une fois de plus en grande forme avec la comédie O'Brother, ''cartoon'' délirant, dans la veine du Grand Saut, ou les réalisateurs et scénaristes s'en donnaient à cœur joie et développaient un récit fourmillant de trouvailles. Des rencontres par dizaines et des situations cocasses qui empêchent l'ennui de s'installer. En route, Ulysses et ses comparses feront la rencontre d'un vieil homme aveugle, pendant de Démodocos de L'Odyssée, ou peut-être plus simplement d'Homère puisque les Anciens affirmaient que le célèbre poète était lui-même atteint de cécité. Nos trois pieds nickelés assisteront à une procession et croiseront en chemin, trois délicieuses sirènes, le blues-man Tommy Johnson (authentique chanteur et guitariste ayant vécu au Mississippi entre 1896 et 1956) ou des centaines d'adeptes du Ku Klux Klan à la tête duquel, Ô surprise, trône un candidat aux prochaines élections ! Deux truands, également. L'un est incarné par le fidèle John Goodman (ici, dans le rôle de Big Dan Teague, également adepte de la ''fameuse'' société prônant le suprémacisme blanc) et le second par Michael Badalucco qui lui, interprète le personnage de George Nelson (dont le véritable nom était Lester Joseph Gillis), lui aussi authentique, connu sous le pseudonyme de Baby Face (les spectateurs comprendront très vite les origines de ce sobriquet que le truand, au passage, déteste copieusement), et qui dans les années trente se rendit coupable de meurtres et de plusieurs braquages de banques...


Si John Turturro (et son irrésistible expression ahurie), John Goodman (toujours aussi imposant), Holly Hunter (craquante en jeune femme stérile dépressive dans Arizona Junior des frères Coen en 1987) ou encore Charles Durning ont de manière plus ou moins importante participé à la grande œuvre des frères Coen, c'est en 2000, une première pour George Clooney, encore tout auréolé de sa présence dans la série télévisée à succès Urgences. Un acteur dont les fans de cinéma se souviendront d'abord notamment pour sa participation au film culte de Robert Rodriguez, Une nuit en enfer en 1996. Jusqu'à son arrivée sur le tournage de O'Brother, on ne peut pas dire qu'il ait accumulé les rôles dans des comédies. Drame, film de super-héros (Batman et Robin de Joel Schumacher en 1997), action, thriller ou film de guerre, O'Brother ferait presque figure de contre-emploi. Il incarne le ''valeureux'' Ulysses, savoureux bras cassé voyageant auprès de ses deux complices vers une chimère avec pour objectif principal et comme décrit plus haut, retrouver son épouse. Les frères Coen nous offrent une superbe reconstitution de l'époque. Mise en scène et photographie (signée du Roger Deakins qui travailla notamment auprès des deux frangins sur l'extraordinaire Barton Fink et sur le non moins remarquable Fargo) absolument sublimes. Le spectateur baigne dans une ambiance parfaitement bien reconstituée où, malheur, la ségrégation raciale était encore de mise aux États-Unis. Du Ku Klux Klan jusqu'aux travaux forcés donnant naissance à la musique Blues, cette dernière fait partie intégrante du projet puisque Joel et Coen, non contents de nous offrir une épopée incroyablement drôle, nous gratifient également d'une bande musicale remarquable. À voir.... ou à revoir...

 

samedi 19 mars 2022

Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen (2013) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

En 1991 sortait sur les écrans, Barton Fink, le quatrième long-métrage des frères Ethan et Joel Coen et sept ans plus tard, leur septième, The Big Lebowski. Deux œuvres parmi une flopée de très grands films qui peut-être plus que ceux-ci se rejoignent et s'accouplent au sein même d'un récit tournant autour de ce chanteur de folk s'abandonnant à une certaine résignation. Il y a en effet chez Llewyn Davis, certains gènes de ce dramaturge condamné à la page blanche dérivant dans un univers fantasmagorique et déliquescent. Empruntant également la route pavée d'embûches du Dude, ce paresseux amateur de bowling. Et comme dans O'Brother, la musique ici exerce une certaine fascination. Joel et Ethan Coen la désignent sous l'une des ses formes les plus populaires dans le courant des années soixante. Ça n'est d'ailleurs pas un hasard si le film situe son action à l'orée de cette décennie qui vit éclore des artistes tels que Bob Dylan auquel les deux scénaristes et réalisateur finiront par rendre un court mais très vibrant hommage. Inside Llewyn Davis, c'est tout d'abord la rencontre avec l'acteur américano-guatémaltèque Oscar Isaac. Une voix, une présence, pour cet artiste qui sans mauvais jeu de mots possède plusieurs cordes à sa... guitare puisqu'il y interprète lui-même la plupart des chansons entendues dans le film. Une savoureuse collection de pépites folk qui indépendamment du fait que Inside Llewyn Davis soit un ''Coen Brothers'' de très grande tenue, renforce le sentiment de désespoir qui nous étreint face aux galères incessantes qui poursuivent ce musicien et chanteur auquel ne manque que le courage et la force de se battre...


La cause ? Une blessure dont il semble incapable de se relever. C'est ainsi que l'on pénètre l'univers de Llewyn Davis. Entres cachets plus ou moins misérables et poursuite d'un idéal inaccessible, nous suivons ses pas une semaine durant. Le temps pour les spectateurs de s'attacher à cet homme que rien ne semble devoir faire défaillir. Des rencontres étonnantes et parfois impérieuses mais qui sous la houlette des frères Coen demeureront lettre morte. En évitant de ménager leur personnage central, Joel et Ethan Coen accentuent le misérabilisme ambiant. Le cadre de la ville de New York s'y prête d'ailleurs particulièrement bien. L'on retrouve au delà de son architecture, ce goût des frangins pour les environnements improbables. Comme ce couloir disparaissant dans un angle avec pour seule issue, deux appartements qui étrangement, font se communiquer des locataires qui en théorie vivent en des quartiers éloignés l'un de l'autre. La touche Barton Fink dans sa plus délirante expression. Aux côtés d'Oscar Isaac brillent par leur présence la délicieuse Carey Mulligan, l'irremplaçable John Goodman ou encore Garrett Hedlund. Qui tout comme notre héros incarnent des être déchirés. La première, du nom de Jean Berkey, vit aux côtés de Jim (Justin Timberlake) mais attend un bébé de Llewyn. Le second est jazzman et héroïnomane. Quant au dernier, Johnny Five, il se pose en poète écorché vif. Nimbé d'une photographie sublime et mélancolique signée du directeur de la photographie français Bruno Delbonnel et magnifié par la direction artistique de Jess Gonchor, Inside Llewyn Davis insiste sur le quotidien cafardeux du chanteur folk tout en cultivant un certain optimisme qui transpire à travers cette indolence qui représente la force de caractère de Llewyn. Une carapace qui aux yeux de ceux qui le côtoient figure une certaine indifférence...


Beau comme un jour d'automne, sans soleil, accentués par quelques rares espoirs déçus, le seizième long-métrage de Joel et Ethan transforme une descente aux enfers en un destin linéaire auquel son personnage principal se laisse (semble-t-il volontairement) emporter. C'est peut-être d'ailleurs dans cet ancien duo qu'il formait avec un certain Mike que repose la clé de tout ce récit. Une fable sombre et merveilleusement belle s'enfonçant dans la nuit, sous une brume épaisse avant de revenir à la vie normale. Celle de Llewyn Davis, justement. Joel et Ethan Coen semblent avoir mis toutes leurs tripes dans Inside Llewyn Davis. Au point d'avoir signé, sinon leur meilleur film, du moins l'un des plus bouleversants. Si Oscar Isaac et Llewyn Davis nous chavirent, la beauté de certaines séquences, elles, nous transportent littéralement dans une autre dimension...

 

vendredi 18 mars 2022

No Country for Old Men de Joel et Ethan Coen (2007) - ★★★★★★★★★★

 


 

Jonglant entre comédies et polars depuis les débuts de leur carrière cinématographique, les frères Joel et Ethan Coen n'ont cessé d'aligner les chefs-d’œuvre (Heu, Coco, qu'est-ce qu'est Intolérable Cruauté sinon une sombre m[BIIIIIP]e ?) depuis leur tout premier long-métrage intitulé Blood Simple en 1984. Parmi l'immense vivier d'interprètes qu'ils ont eu à côtoyer durant leur fascinante filmographie (que l'on espère voire durer longtemps encore), certains ont eu le privilège d'être dirigés à plusieurs reprises par les deux américains. On pense notamment à Steve Buscemi, George Clooney, John Goodman, John Turturro, Holly Hunter ou Tilda Swinson. Et la liste est longue comme le bras d'un singe-araignée, certains apparaissant beaucoup plus régulièrement que d'autres. Pour leur douzième long-métrage intitulé No Country for Old Men, les deux frères qui se chargent autant de l'écriture de leurs films que de leur réalisation s'inspirent désormais du roman éponyme de l'écrivain américain Cormac McCarthy, sorti chez nous sous le titre de Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme. L'acteur Josh Brolin apparaît pour la toute première fois dans une œuvre de Joel et Ethan Coen, tout comme d'ailleurs Javier Bardem et Tommy Lee Jones, mais à la différence desquels on le retrouvera plus tard aux génériques de True Grift en 2010 et Ave, César ! six ans plus tard. Entre comédie et thriller sombre, No Country for Old Men choisit très rapidement son camp en optant pour un climat ténébreux, débutant à la lisière du western (les magnifiques paysages du désert du Nouveau-Mexique plantant d'emblée le décor bien que l'essentiel du film ait été tourné au Texas). L'histoire de No Country for Old Men est somme toute fort simple. Mais il faudra le génie de deux grands cinéastes pour créer un tel magnétisme entre le spectateur, le récit et ses personnages...


Le film pourrait presque se résumer ainsi : partir avec l'argent d'un autre peut vous attirer les pires ennuis... Une leçon qu'aurait sans doute dû retenir Llewelyn Moss, ancien soudeur et chasseur de gibier qui un jour tombe en plein désert sur une scène de carnage. Visiblement, une affaire de drogue qui a très mal tourné et a laissé derrière elle plusieurs cadavres. Ainsi qu'une énorme quantité d'héroïne et une mallette remplie de billets verts pour une somme de deux millions de dollars. Un argent que Llewelyn va s'empresser de ramener avec lui attirant ainsi les foudres des commanditaires qui vont alors engager un certain Anton Chigurth. Un tueur à gage psychopathe sans humour pour qui le meurtre est comme un sacerdoce. Commence alors une traque implacable durant laquelle Chigurth sèmera la mort tandis que le vieillissant shérif Ed Tom Bell tentera de retrouver Llewelyn avant que le tueur à gages ne lui fasse la peau. Car ce que ne sait pas le soudeur à la retraite, c'est que la mallette renferme parmi les billets de banque, un traceur qui permet à Chigurth de le suivre à la trace... C'est une habitude ponctuelle chez moi, mais une fois n'est pas coutume, je conseille à celles et ceux qui n'auraient toujours pas découvert ce petit bijou,que dis-je, ce chef-d’œuvre du thriller à la sauce ''Coen'', de le projeter dans sa version originale sous-titrée. Parce que l'une des forces de cette traque hallucinante opposant deux hommes entre le territoire du Texas et celui du Nouveau-Mexique est on ne peut plus remarquable accompagnée des voix originales de ses interprètes. Et quel interprètes, d'ailleurs. Les américains Tommy Lee Jones et Josh Brolin ainsi que l'espagnol Javier Bardem. Un trio d'acteurs pour un film pratiquement cent pour cent masculin. Les actrices féminines y sont effectivement assez peu représentées en dehors de Kelly Macdonald qui interprète l'épouse de Llewelyn, Carla Jean...


Avec un budget de vingt-cinq millions de dollars, le film est un succès mondial puisqu'il rapportera la coquette somme de cent soixante-dix millions de dollars à travers la planète. Sombre et violent, No Country for Old Men remportera en outre de nombreuses récompenses, tels que quatre Oscars en 2008. Meilleur film, meilleur réalisateurs, meilleurs scénario ainsi que celle du meilleur acteur dans un second rôle pour l'espagnol Javier Bardem qui compose un tueur à gages dénué de toute empathie. Implacable et muni d'une arme on ne peut plus originale, il traverse les états à la poursuite d'un Josh Brolin qui dans le rôle de Llewelyn Moss campe une proie absolument remarquable. Un jeu du chat et de la souris ponctué de séquences anxiogènes et lors desquelles la tension ne retombe pratiquement jamais. Interviendra plus tard l'acteur Woody Harrelson dans la peau de Carson Wells. Mise en scène brillante, interprètes au sommet de leur art, No Country for Old Men représente l'un des sommets de la filmographie des frères Coen dans lequel l'humour n'est cependant pas négligé. Des séquences absurdes (dont celle qui oppose notamment le tueur à un gérant de station essence interprété par Gene Jones) mais qui demeurent pourtant elles aussi proprement angoissantes. Javier Bardem y est tout simplement ''monstrueux'' quel que soit le sens que l'on donne au terme. Une chasse à l'homme où Tommy Lee Jones s'éloigne du personnage de Samuel Gerard qu'il interpréta dans le diptyque Le Fugitif/US Marshals en 1993 et 1998 puisque désormais, il incarne un shérif vieillissant assez peu empressé de poursuivre son enquête sur la série de meurtres ayant fait pour victimes, des trafiquants de drogue mexicains. Parfois poisseux et digne du cinéma de Sam Peckinpah, No Country for Old Men oppose certaines séquences relativement languides à des scènes d'action réalisées au cordeau. Drôle mais surtout cauchemardesque (avant tout pour le personnage de Llewelyn Moss), le film bénéficie de dialogues efficaces, d'une mise en scène millimétrée, d'une photographie signée de Roger Deakins remarquable et d'une interprétation sans faille. Un classique...

 

jeudi 22 février 2018

Bienvenue à Suburbicon de George Clooney (2017) - ★★★★★★★☆☆☆



On connaît surtout l'acteur, réalisateur, scénariste, et producteur américain George Clooney depuis l'immense succès de la série Urgences diffusée chez nous à partir du 27 juin 1995, mais il faut savoir que l'interprète du Docteur Douglas Ross a débuté sa carrière à la télévision en 1984 (Riptide) et au cinéma deux ans plus tard (Combat Academy). En tant que cinéaste, son premier long-métrage Confessions of a Dangerous Mind date de 2002 et depuis, George Clooney a réalisé cinq autres films dont Bienvenue à Suburbicon. Dès le départ, il demeure dans ce long-métra une étrange sensation qui gagne peu à peu du terrain pour se révéler finalement une certitude lorsque se déroule le générique de fin.
Certains argumenteront que cette conviction aurait pu tout aussi bien être confirmée à l'orée du générique de début mais concentré sur l'esthétisme rétro-futuriste mis en place pour nous présenter une ville (village?) de Suburbicon idéale, vision d'un rêve américain tronqué, j'ai honteusement oublié de me renseigner sur quelques points importants du film à venir. Car à part avoir pris connaissance de son auteur, et sachant la présence de l'excellent acteur Matt Damon, le reste ne demeurait qu'un flou à peine éclairci par un court synopsis détaillant sommairement une histoire qui allait se révéler fort intrigante.

Cette sensation, cette certitude, cette conviction qui survole le récit et ses jardins scrupuleusement tondus (les créateurs de Suburbicon ont beau vanter ses qualités, son aspect concentrationnaire demeure quelque peu refroidissant), c'est cette fâcheuse tendance qu'à le film de George Clooney de nous rappeler le cinéma du célèbre duo de frangin connus sous le nom de Joel et Ethan Coen. Tout ou presque dans Bienvenue à Suburbicon nous rappelle le génial cinéma de l'inséparable binôme qui depuis plus de trente ans régale les cinéphiles du monde entier avec des œuvres remarquablement mises en scène et d'une créativité incomparables.
Cette impression se conforme peu à peu, donc, jusqu'au générique de fin qui révèle le nom des scénaristes :George Clooney, Grant Heslov, ainsi que... Joel et Ethan Coen! L'histoire de Bienvenue à Suburbicon ne date pas d'hier puisque les frères Coen en ont écrit le premier jet en 1986, après la sortie de leur premier long-métrage Blood Simple en 1984. Alors que l'année précédente il écriront en compagnie du réalisateur le scénario du délirant Crimewave (Mort sur le Grill), leur deuxième long-métrage ne sera pas l'adaptation de leur scénario Suburbicon, mais Arizona Junior avec Nicolas Cage, Holly Hunter, et déjà, l'un de leurs acteurs fétiches John Goodman.

A propos de ces acteurs qu'ils emploient régulièrement depuis l'année 2000 se situe justement George Clooney qui, à défaut de pouvoir écrire son propre scénario, en hommage aux deux frangins, ou plus simplement par intérêt pour le script écrit par ses derniers trente et un ans auparavant s'est donc lancé dans la réalisation de Bienvenue à Suburbicon. Une œuvre fort sympathique, avec tout ce qu'il faut d'humour et de suspens pour que l'on ne s'ennuie pas. Un climat très particulier, s'inscrivant à la toute fin des années cinquante (belles voitures, puritanisme vicié, racisme, et couleurs d'époques comprises). La vie idyllique et sans aspérités d'une grosse bourgade ayant déjà accueilli en son sein plus de soixante-mille habitants. Que des blancs. Mais l'arrivée d'une famille de noirs va venir chambouler le quotidien surfait d'une tribu blanche acquise à la cause de l'intégration des gens de couleurs mais, chez les autres. Et surtout pas à Suburbicon que tous veulent voir demeurée une ville purement constituée d'hommes et de femmes de race blanche. Les Mayers et leur fils s'installent juste à côté de la demeure des Lodge. Seule famille qui ne se préoccupera par de la présence dans leur quartier d'une famille de noirs. Car les Lodge ont des soucis nettement plus graves. En pleine nuit, ils reçoivent la visite de deux hommes qui attachent Gardner, le mari, Margaret, son épouse, Rose, la sœur de celle-ci, et l'enfant du couple, Nicky à la table de la cuisine. Tous endormis à l'aide d'un chiffon imbibé de chloroforme, tous se réveilleront plus tard à l’hôpital sauf Margaret qui décédera d'une dose trop importante d'anesthésique...

George Clooney met en parallèle le récit de cette famille de black (Karimah Westbrook, Leith Burke, Tony Espinosa) injustement refoulée par la population tandis qu'à côté se déroule un drame dont personne, même les autorités, ne soupçonnent la gravité. Le film intègre l'hypothèse selon laquelle l'installation d'étrangers (noirs de surcroît) est responsable des maux se produisant dans leur jolie petite ville depuis leur apparition. Bien que les événements se produisant au sein de la famille Lodge apparaisse aussi dramatique que la ségrégation dont sont victimes les Mayers, Bienvenue à Suburbicon distille une forte dose d'humour. L'urgence de la situation, rocambolesque, et l'enchaînement de péripéties rappelle le Crimewave de Sam Raimi dont les frères Coen écrivirent le scénario un an avant celui qui allait donner naissance au long-métrage de George Clooney plus de trente ans plus tard.

Matt Damon, Julianne Moore (dans un double rôle), Oscar Isaac (excellent) ou encore Gary Basaraba constituent le casting d'une œuvre sympathique qui souffre cependant de la comparaison que le spectateur pourrait entreprendre entre le travail de George Clooney et celui des Frères Coen dont la maîtrise est irréprochable. Bienvenue à Suburbicon n'est pas un mauvais film, au contraire, on s'y amuse beaucoup et l'on a vraiment hâte de connaître les tenants et les aboutissants de l'intrigue, mais l'on se prend également à rêver de ce qu'auraient pu faire de leur propre scénario Joel et Ethan Coen s'ils l'avaient eux-même adapté au cinéma...

samedi 19 août 2017

Cycle les Frères Coen: Fargo de Joel et Ethan Coen (1996) ★★★★★★★★☆☆



Dès les premiers instants, on en prend plein la tête. Non pas que cette neige qui ne restera pas longtemps immaculée et sur laquelle roule une voiture tractant une remorque ait un effet particulier sur le spectateur, mais une fois encore, Joel et Ethan Coen ont eu l'excellente idée de faire appel au compositeur Carter Burwell. Une entrée en matière musicalement flamboyante pour un long-métrage qui marquera durablement les esprits de ceux qui le découvrirent d'abord dans les salles de cinéma dès sa sortie aux États-Unis le 8 mars 1996 et le 4 septembre de la même années dans notre pays. Fargo. Du nom d'une grande ville du Dakota du nord. C'est ici que va bientôt s'installer l'intrigue du sixième long-métrage des frères Coen. Deux magiciens du septième art qui depuis quelques années nous offrent un cinéma d'une exceptionnelle qualité. Tant dans l'interprétation, la mise en scène, et l'écriture que dans sa régularité. Autant dire que les fans du duo attendent avec passion chacune de leurs œuvres. Mais peut-être aussi quelque part, une certaine inquiétude. Parviendront-ils toujours à maintenir le niveau de qualité auquel ils nous ont désormais habitués ?

Nous sommes en 1996 et la réputation des cinéastes n'est plus à faire. Mariée à Joel Coen depuis plus de douze ans, l'actrice Frances McDormand se voir offrir le rôle d'une femme flic enceinte de sept mois. Une femme douce, aimante, et originaire du Minnesota. Un challenge pour l'actrice qui doit travailler son texte en employant l'accent de la région. Une persévérance qui lui vaudra d'obtenir le Golden Globe de la meilleure actrice dans une comédie, ainsi que le BATFA dans la même catégorie. On retrouve l'acteur Steve Buscemi, un habitué de l'univers des Coen depuis Miller's Crossing. Son regard étrange lui rapportera le Satellite Award du meilleur acteur dans un second rôle. William H. Macy aura eu raison d'insister auprès des frères Coen pour obtenir le rôle Jerry Lundegaard. Il lui vaudra l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. Pour la meilleure photographie, Roger Deakins obtiendra même l'Oscar et le BATFA. Un film couronné d'un très beau succès critique donc. Une œuvre qui allie avec tout le savoir faire de Joel et Ethan Coen, humour et thriller. Que ses auteurs promettent être inspiré d'un authentique fait-divers. Pourtant, inutile de fouiller la toile pour trouver une quelconque source d'information concernant ce dernier puisqu'en réalité, et une fois encore, le scénario est le fruit de l'imagination des deux frères.

Une curieuse aventure en réalité puisque le quotidien un peu morne d'une policière pas tout à fait sur le point d'accoucher va bientôt être bousculé par une affaire de triple meurtre particulièrement sordide. Fargo pourrait ne se résumer qu'à une simple histoire de kidnapping qui tourne mal mais avec les Frères Coen, mieux vaut s'attendre à ce que le récit soit émaillé de quelques scènes superficielles (j'entends par là, n'ayant aucun rapport possible avec l'intrigue principale) forçant le trait de ses personnages. Car en réalité, que peut avoir comme intérêt d'assister au dialogue étrange que partage Frances McDormand avec un vieil ami sur le point de craquer ? L'humour, simplement, l'humour. Celui de Joel et Ethan Coen qui, quoi qu'il puisse arriver à ses héros, quel que puisse être leur rôle dans toute cette histoire, ne peuvent s'empêcher de nous arracher un sourire.
Et puis, comme toujours, il y a ces personnages barrés. A la limite de la rupture, et dont l'acteur suédois Peter Stormare n'est pas des moindre. Pas vraiment une gueule d'ange, mais qui depuis Fargo, a vu ses rôles se multiplier comme des petits pains. Le film se termine comme il a débuté. De manière simple. Sans fioritures inutiles. Toujours sous les magnifiques cordes de Carter Burwell. Fargo empiète les plates-bandes du premier long-métrage des frères Coen. La vision lumineuse, éclairée, et enneigée de leur superbe Blood Simple. Presque tout aussi pessimiste et pourtant, certainement plus « familial » qu'à l'aube d'une carrière qui continue de construire la légende de cinéastes de génie. Joel et Ethan aurait pu là, cesser leur ascension, mais c'était sans compter sur ce qui allait bientôt débarquer dans les salles de cinéma. Dès 1998. Dès The Big Lebowski, LE film servant pour beaucoup de référence lorsque est évoqué le duo...

vendredi 18 août 2017

Cycle les Frères Coen: The Hudsucker Proxy de Joel et Ethan Coen (1994) ★★★★★★★★☆☆



Pour ce quatrième article consacré à la carrière de Joel et Ethan Coen, j'aurais pu, j'aurais dû même, respecter une certaines chronologie. Et si, de fait, c'est le cas puisque The Hudsucker Proxy demeure postérieur au dernier article leur étant dédié (Arizona Junior), je reviendrai plus tard sur ce que je considère toujours être l'un de leurs meilleurs films (Barton Fink). Quant à Miller's Crossing, c'est la deuxième fois en plus de vingt-cinq ans que je tente l'expérience tout en m'y ennuyant toujours aussi prodigieusement. Ce qui n'est évidemment pas le cas avec le cinquième long-métrage qu'en France nous avons traduit sous le titre Le Grand Saut. Que l'on soit fan ou pas des Frères Coen. Qu'on les adule ou qu'on les déteste, que l'on soit « pro » ou « anti », j'ai encore beaucoup de mal à imaginer que l'on puisse rester de marbre devant une œuvre aussi brillante.
Une fois de plus, les frangins sont aux commandes du scénario, mais pas seulement eux puisque le cinéaste Sam Raimi, leur copain de toujours vient les soutenir et rembourse la monnaie de leur participation à l'écriture de son excellent Crimewave sorti neuf ans auparavant.
C'est un nouveau venu dans la filmographie des cinéastes qui tient ici le haut de pavé. Le génial Tim Robbins qui cinq ans plus tôt interpréta le principal rôle du traumatisant L’échelle de Jacob et jouera dans l'adaptation cinématographique Les Évadés, une nouvelle à l'origine écrite par le romancier Stephen King. Trois années après leur fabuleux Barton Fink qui obtint au festival de Cannes en 1991 la Palme d'or ainsi que le Prix de la mise en scène et le Prix d'interprétation masculine, difficile d'imaginer Joel et Ethan Coen pouvoir réitérer l'exploit de réaliser et produire une œuvre aussi forte. Et pourtant The Hudsucker Proxy a réussi à chatouiller les sceptiques. Il signent avec leur cinquième long-métrage, l'un des plus importants de leur carrière et prouvent à ceux qui en doutaient encore que les prix remportés quatre ans plus tôt à Cannes ne furent pas le fruit du hasard mais bien d'un travail acharné et à la précision chirurgicale.

Sept ans après la bouffonnerie Arizona Junior, Les frères Coen explorent à nouveau le même univers cartoonesque tout en s’immunisant du caractère parfois lourdingue de leur première comédie. Désormais, les frangins sortent les couverts en argent. Décors sublimes, lumière éclatante, musique envoûtante signée une fois de plus par le fidèle compositeur Carter Burwell, interprétation impeccable (d'énormes seconds rôles) et enfin, un scénario en bêton qui ménage une floppée de bonnes surprises.
Et dire que The Hudsucker Proxy a faillit ne jamais voir le jour. Ou du moins, de manière peut-être sensiblement différente. En effet, Joel et Ethan Coen projettent de réaliser le film depuis une dizaine d'années déjà. Mais vue l'ampleur du projet, ils n'auraient sans doute jamais accepté de tourner le film sans un budget important. La palme d'or du Festival de Cannes leur ouvrant les vannes, grâce au producteur Joel Silver, lequel, dès lors, fera tout pour que le projet arrive à terme. Alors que le producteur souhaitait offrir le rôle principal à l'acteur Tom Cruise (infamie !!!), c'est finalement le géant Tim Robbins qui l'obtient. A ses côtés, une galerie de portraits saisissants dont les collaborateurs de l'opportuniste Sidney J. Mussburger (l'excellent Paul Newman) ne sont pas des moindres. On retrouve également Bruce Campbell, le chouchou de Sam Raimi dans un rôle similaire à celui qu'il interprétait dans Crimewave, ainsi que Steve Buscemi qui fera une belle carrière chez les Coen jusqu'en 2000, année de sortie de O'Brother, John Goodman, fidèle depuis Arizona Junior, ou encore Jon Polito. Quant au principal rôle féminin, c'est l'actrice Jennifer Jason Leigh qui l'obtient alors-même que Winona Ryder et Bridget Fonda étaient tout d'abord pressenties.

Les frères Coen et Sam Raimi laissent ici s'envoler leur imaginaire. Nombre de séquences filent le vertige. L'écriture est sublime et certaines scènes renversantes d'ingéniosité. Qui pourra oublier cette tentative de suicide échouée aux trois-quart du film, ou cette invention que traîne derrière lui le héros, synonyme de railleries mais qui au final paraît tellement évidente. Là est tout le génie du duo. Reprendre une invention et la mettre au crédit de leur héros sans trahir son concepteur original dont on ne connaîtra sans doute jamais l'identité (en effet, cette invention dont je terrai le nom pour préserver la surprise remonterais trois-mille ans en arrière et serait originaire d'Égypte avant que deux américains n'en reprennent le principe à leur compte dans les années cinquante). The Hudsucker Proxy est une bande-dessinée vivante. Le crayon est ici remplacé par des actrices et acteurs en chair et en os. Un véritable conte de fée à l'attention des grands plus que des petits, et une jolie critique du loup dévorant l'agneau avant que ne soit renversée la vapeur. Un petit chef-d’œuvre...

jeudi 17 août 2017

Cycle les Frères Coen: Arizona Junior de Joel et Ethan Coen (1987) ★★★★★★☆☆☆☆



Le deuxième long-métrage des frères Coen est cette fois-ci une comédie. Le duo abandonne en effet le thriller et réalise une œuvre absurde dont le récit fonce sur les chapeaux de roue. Un peu à la manière d'un Alex de la Iglesia avant l'heure, Joel et Ethan Coen reviennent donc trois ans après Blood Simple. Œuvre mineure de leur filmographie, Arizonia Junior a ceci d'amusant qu'elle rappelle sans cesse l'esprit des dessins animés de Tex Avery. Déjà auteurs du scénario du déjanté Mort sur le Grill de leur copain Sam Raimi, les frangins convoquent cette fois-ci Nicolas Cage, John Goodman (qui à ce jour totalise six participations à la filmographie des Coen), M. Emmet Walsh qui offre une minuscule participation en tant que collègue de travail du héros H.I. McDunnough. Quant aux actrices Holly Hunter et Frances McDormand, les rôles sont cette fois-ci inversés puisque la première tient l'un des deux principaux rôles tandis que la seconde campe celui d'une amie du couple McDunnough.Joel et Ethan auraient pu choisir l'option dramatique mais préfèrent traiter l'histoire de ce couple auquel la nature a interdit d'engendrer un enfant et auquel l'administration refuse d'en confier un à l'adoption.

Délaissée par son compagnon, l'officier de police Edwina, dites "Ed", tente de sécher ses larmes tandis qu'elle prend en photo contre un mur le prisonnier Herbert I. "Hi" McDunnough. Ca n'est pas la première fois que ce dernier franchi les murs de cette prison. Étant un habitué des hold-up, Hi se fait régulièrement coincer et finit systématiquement au trou. Un récidiviste qui à force de croiser Ed va tomber amoureux de la policière. Dès sa nouvelle sortie de prison, Hi demande Ed en mariage. Ce que la jeune femme accepte. Malheureusement, après plusieurs tentatives, le couple est forcé de rendre à l'évidence. Ils ne pourront pas avoir d'enfant car Ed est stérile. Ils tentent bien sûr d'en adopter un mais le casier judiciaire surchargé de Hi leur ferme la porte à cette opportunité.
Il apprennent bientôt que l'épouse du président directeur général de la plus grande entreprise de vente de meubles bruts prêts à être peints vient de mettre au monde quintuplés. Plus qu'il ne leur en fallait comme le relate la presse. Pour Ed et Hi, c'est peut-être l'occasion, enfin, d'avoir leur propre enfant. C'est armés d'une échelle que le couple se rend chez Florence et Nathan Arizona, les parents des cinq bébés pour leur en dérober un. Parmi Harry, Larry, Barry, Garry et Nathan Jr., Hi se saisit tout à fait par hasard de ce dernier et part retrouver Ed qui l'attend dans la voiture. Junior est accueilli chez les McDunnough comme un Prince. Alors que tout s'est parfaitement déroulé, tandis que les parents du petit Nathan Junior pleurent son enlèvement, deux anciens co-détenus de Hi viennent semer la zizanie chez Ed et Hi après s'être fait la malle. De plus, Nathan Arizona vient d'embaucher le motard Leonard Smalls afin de retrouver la piste des kidnappeurs. Les jours qui vont suivre ne seront pas de tout repos pour les nouveaux parents...

Arizona Junior est un film de rednecks remplis de beaufs. Entre un Nicolas Cage amorphe et une Holly Hunter désœuvrée, un John Goodman et un William Forsythe crottés se réfugiant chez les McDunnough, ou encore le couple d'abrutis formé de Sam McMurray et Frances McDormand dont la progéniture n'a rien à envier en terme d'absurdité, les frères Coen ont de quoi faire. Le spectacle aurait pu et dû être jouissif, explosif et drôlissime. Il n'a pas, dans la majeure partie des séquences, davantage l'air d'une comédie à l'humour poussif et rarement amusant. Les interprètes ont beau cabotiner du début à la fin, il est rare que le film nous arrache le moindre sourire. Quant à parler de rire aux éclats, n'y pensons même pas. Pour autant, le film des frères Coen se regarde sans véritable déplaisir. Mais alors qu'ils avaient amorcé leur carrière de manière brillante, voilà que le soufflet retombe. Aurait-on un peu trop vite misé sur le duo de cinéastes ? La décennie qui allait s'ouvrir à eux allait nous prouver de manière définitive que la confiance mise en eux n'était pas que de la poudre aux yeux. Arizona Junior demeure donc faiblard au regard de leur belle carrière de cinéastes. Une œuvre à réserver aux fans purs et durs...

mardi 15 août 2017

Cycle les Frères Coen: Blood Simple de Joel et Ethan Coen (1985) ★★★★★★★★☆☆



Au Texas, on ne règle pas ses problèmes d'adultère en engageant un avocat et en discutant des termes du divorce devant un juge. Non, au Texas, lorsqu'une femme trompe son mari, celui-ci engage un détective pour tuer purement et simplement le couple infidèle. C'est du moins ainsi que Marty Julian semble concevoir les termes de sa séparation d'avec son épouse, Abby, laquelle le trompe avec Ray, son amant, et ancien employé de Marty. Lorsque ce dernier est définitivement convaincu par le détective Loren Visser qu'Abby couche avec un autre homme, le propriétaire d'un bar confie à ce dernier son intention de se débarrasser des amants. Contre la somme de dix-mille dollars, Visser accepte d'honorer son contrat. Alors que Marty est censé aller pécher dans une autre ville afin d'éloigner tout soupçon éventuel quant à la future disparition d'Abby, le détective rend une petite visite nocturne aux amants afin de les tuer. De retour en ville, il retrouve Marty, tranquillement installé dans l'arrière salle du bar, les dix-mille dollars enfermés dans une enveloppe et posés sur une table. Mais alors que Visser prouve qu'il a rempli son contrat en lui montrant une photo des corps prise après le double meurtre, le détective sort de sa poche le revolver qui a servi à les abattre et tue cette fois-ci son « employeur ». Visser jette l'arme parterre, se saisit de l'enveloppe, et quitte les lieux. La pièce est plus tard investie par Ray, venu chercher son salaire des deux dernières semaines. Mais lorsqu'il arrive, il est pris de panique et nettoie la scène de meurtre. Puis il place le corps de Marty à l'arrière de son véhicule, jette un vêtement tâché de sang dans l'incinérateur situé derrière le bar, et part se débarrasser du cadavre.C'est alors qu'au moment de s'arrêter pour enterrer le corps de Marty, celui-ci se met à bouger et tente de se relever. Il ne reste plus pour Ray qu'à terminer le travail commencé par Visser et c'est armé d'une pelle qu'il décide d'en finir une fois pour toute avec Marty. ..

Premier long-métrage signé par les Frères Joel et Ethan Coen, Blood Simple est déjà, à lui seul, un très grand film. Un thriller noir et pessimiste dans lequel les événements vont se succéder et transformer une histoire somme toute très classique d'adultère en véritable cauchemar. C'est certain, personne ne sortira vraiment indemne de l'aventure. Ni les personnages, ni même les spectateurs qui assistent à un ballet sanglant particulièrement oppressant. Frances McDormand y interprète son premier rôle au cinéma, remplaçant ainsi celle qui était prévue à l'origine pour camper le rôle d'Abby, l'actrice Holly Hunter. Celle qui deviendra la même année l'épouse de Joel Coen participera à une grande majorité des films réalisés par les célèbres frangins originaires du Minnesota. Alors que Joel sera majoritairement considéré comme le principal réalisateur des films du duo (Ethan étant lui, généralement aux commandes de la production), les deux frères travaillent en réalité comme un binôme complémentaire, les deux travaillant tout d'abord conjointement sur le scénario de chacun de leurs films. Blood Simple recelle déjà bon nombre des ficelles de ce duo de génies qui très souvent fera appel à des interprètes qu'ils fidéliseront tout au long de leur carrière. L'acteur M. Emmet Walsh (le détective Visser) tournera une seconde fois dès le second long-métrage des frères Coen, Arizonia Junior, en 1987, tout comme Holly Hunter justement, qui réapparaîtra beaucoup plus tard chez les frères Coen, en 2000, dans l'excellent O'Brother.

On le constate déjà, les frères Coen se passionnent pour les personnages de ratés et pour les mises en scènes inventives. Du travelling au dessus du zinc où s'est endormi un ivrogne en passant par l'incroyable montage du doigt en fondu enchaîné (à l'époque, il ne fallait pas espérer pouvoir compter sur les techniques actuelles pour effectuer de telles prouesses), jusqu'à la bande-son signée Carter Burwell, lequel signera nombre de partitions pour les frères Coen, Blood Simple est une véritable leçon de cinéma. Porté par des interprètes au sommet de leur art Dan Hedaya en mari trompé ou l'incroyable M. Hemmet Walsh en détective/tueur à gage cynique et dont on doute dès les toutes premières secondes qu'il soit envisageable de lui faire confiance. Blood Simple transpire la même sueur et dégage la même sensation de moiteur que le cinéma de Sam Peckinpah. Un film rempli de salauds, dont le niveau de crapulerie diverge selon leur comportement. Allant des simples adultérins (Abby et Ray), au mari revanchard (Marty), en passant par le pire d'entre tous, Visser, le détective. Sans doute les frères Coen se souviendront de leur toute première expérience cinématographique au moment de signée l'un de leurs nombreux joyaux, Fargo en 1996, et même plus de vingt ans plus tard, l'excellent No Country for Old Men en 2007. A voir et à revoir...
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