Le deuxième long-métrage
des frères Coen est cette fois-ci une comédie. Le duo abandonne en
effet le thriller et réalise une œuvre absurde dont le récit fonce
sur les chapeaux de roue. Un peu à la manière d'un Alex de la
Iglesia avant l'heure, Joel et Ethan Coen reviennent donc trois ans
après Blood Simple. Œuvre mineure de leur
filmographie, Arizonia Junior a ceci d'amusant qu'elle
rappelle sans cesse l'esprit des dessins animés de Tex Avery. Déjà
auteurs du scénario du déjanté Mort sur le Grill de leur copain
Sam Raimi, les frangins convoquent cette fois-ci Nicolas Cage, John
Goodman (qui à ce jour totalise six participations à la
filmographie des Coen), M. Emmet Walsh qui offre une minuscule
participation en tant que collègue de travail du héros H.I.
McDunnough. Quant aux actrices Holly Hunter et Frances McDormand, les
rôles sont cette fois-ci inversés puisque la première tient l'un
des deux principaux rôles tandis que la seconde campe celui d'une
amie du couple McDunnough.Joel et Ethan auraient pu choisir l'option
dramatique mais préfèrent traiter l'histoire de ce couple auquel la
nature a interdit d'engendrer un enfant et auquel l'administration
refuse d'en confier un à l'adoption.
Délaissée par son
compagnon, l'officier de police
Edwina, dites "Ed", tente de sécher ses larmes tandis
qu'elle prend en photo contre un mur le prisonnier Herbert I. "Hi"
McDunnough. Ca n'est pas la première fois que ce dernier franchi les
murs de cette prison. Étant un habitué des hold-up, Hi se fait
régulièrement coincer et finit systématiquement au trou. Un
récidiviste qui à force de croiser Ed va tomber amoureux de la
policière. Dès sa nouvelle sortie de prison, Hi demande Ed en
mariage. Ce que la jeune femme accepte. Malheureusement, après
plusieurs tentatives, le couple est forcé de rendre à l'évidence.
Ils ne pourront pas avoir d'enfant car Ed est stérile. Ils tentent
bien sûr d'en adopter un mais le casier judiciaire surchargé de Hi
leur ferme la porte à cette opportunité.
Il
apprennent bientôt que l'épouse du président directeur général
de la plus grande entreprise de vente de meubles bruts prêts à être
peints vient de mettre au monde quintuplés. Plus qu'il ne leur en
fallait comme le relate la presse. Pour Ed et Hi, c'est peut-être
l'occasion, enfin, d'avoir leur propre enfant. C'est armés d'une
échelle que le couple se rend chez Florence et Nathan Arizona, les
parents des cinq bébés pour leur en dérober un. Parmi Harry,
Larry, Barry, Garry et Nathan Jr., Hi se saisit tout à fait par
hasard de ce dernier et part retrouver Ed qui l'attend dans la
voiture. Junior est accueilli chez les McDunnough comme un Prince.
Alors que tout s'est parfaitement déroulé, tandis que les parents
du petit Nathan Junior pleurent son enlèvement, deux anciens
co-détenus de Hi viennent semer la zizanie chez Ed et Hi après
s'être fait la malle. De plus, Nathan Arizona vient d'embaucher le
motard Leonard Smalls afin de retrouver la piste des kidnappeurs. Les
jours qui vont suivre ne seront pas de tout repos pour les nouveaux
parents...
Arizona
Junior est un film de rednecks remplis de beaufs. Entre un
Nicolas Cage amorphe et une Holly Hunter désœuvrée, un John
Goodman et un William Forsythe crottés se réfugiant chez les
McDunnough, ou encore le couple d'abrutis formé de Sam McMurray et
Frances McDormand dont la progéniture n'a rien à envier en terme
d'absurdité, les frères Coen ont de quoi faire. Le spectacle aurait
pu et dû être jouissif, explosif et drôlissime. Il n'a pas, dans
la majeure partie des séquences, davantage l'air d'une comédie à
l'humour poussif et rarement amusant. Les interprètes ont beau
cabotiner du début à la fin, il est rare que le film nous arrache
le moindre sourire. Quant à parler de rire aux éclats, n'y pensons
même pas. Pour autant, le film des frères Coen se regarde sans
véritable déplaisir. Mais alors qu'ils avaient amorcé leur
carrière de manière brillante, voilà que le soufflet retombe.
Aurait-on un peu trop vite misé sur le duo de cinéastes ? La
décennie qui allait s'ouvrir à eux allait nous prouver de manière
définitive que la confiance mise en eux n'était pas que de la
poudre aux yeux. Arizona Junior
demeure donc faiblard au regard de leur belle carrière de cinéastes.
Une œuvre à réserver aux fans purs et durs...
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