Il était une fois le
''Dude''. De son vrai nom
Jeffrey Lebowski... Au choix, affublé d'un tee-shirt gris et d'un
short à carreaux, le tout (pas vraiment) planqué sous une robe de
chambre saumon, ou portant un polo beige accompagné d'un pantalon
bigarré dans les tons de mauve ! C'est un peu ça et tellement
d'autres choses, le 'Dude''.
Un type pour qui travailler est un vague concept dont il n'a,
semble-t-il, jamais vraiment fait son précepte. Fumeur d'herbe et
consommateur invétéré de ''white russian'',
sa boisson préférée. Un adepte du bowling qu'il pratique avec ses
deux seuls véritables amis Walter Sobchak et Théodore « Donny »
Kerabatsos. Le premier est carré, bourré de principes qui le
mettent en rage lorsque quiconque ose les défier. Le second est le
bon pote qui marche sur les traces des deux autres, suivant les
conversations avec un train de retard, et sommé de se taire chaque
fois qu'il s'offre l'occasion de l'ouvrir. Un quotidien somme toute
presque banal pour ces trois là... Du moins jusqu'au jour où deux
types débarquent à l'improviste chez le 'Dude''
pour lui réclamer une somme d'argent qui selon eux leur est due.
Oui, mais voilà, ces deux brutes viennent juste de commettre deux
erreurs : Non seulement ils se sont trompés de gars pour cause
d'homonymie., mais PIRE! L'un d'eux a osé pissé sur son tapis. Un
affront que le 'Dude''
va durant près de deux heures, tenter de faire réparer... Il n'y
avait vraiment que les frères Joel et Ethan Coen pour nous servir en
cette année 1998, un tel plat. Une recette dont ils ont le secret
depuis pratiquement les débuts de leur carrière. En fait, dès leur
second long-métrage, le délirant Arizona Junior
avec Holly Hunter et Nicolas Cage, comédie déjantée précédant de
sept années l'un des sommets de leur versant humoristique, Le
grand saut
qu'ils signeront en 1994...
The Big Lebowski
représente tout ce que l'on aime de ces deux frères qui collaborent
autant à la réalisation qu'à l'écriture. Si en dehors de quelques
visions psychédéliques, leur septième long-métrage ne fait sans
doute pas partie des œuvres les plus extraordinaires en matière de
photographie et de décors, le film n'en demeure pas moins l'un des
sommets du duo en ce qui concerne par contre le scénario et
l'interprétation. Chaque personnage étant cuisiné aux petits
oignons, nous retrouvons aux côté du génialissime Jeff Bridges,
les acteurs John Goodman dans le rôle du pote armé et obsédé par
la guerre du Vietnam, Steve Buscemi en compagnon auquel les deux
autres n'accordent que très peu d'intérêt et John Turturro en
ancien taulard condamné pour pédérastie désormais recyclé dans
le bowling et se faisant désormais appeler Jesus Quintana. Trois
acteurs que Joel et Ethan Coen avaient déjà réunis dans leur plus
formidable long-métrage, Barton Fink
en 1991. Parmi les interprètes de The Big
Lebowski,
il faudra de plus compter sur les présences de Julianne Moore, de
David Huddleston (le Jeffrey Lebowski à l'origine des malheurs du
''Dude''),
de Philip Seymour Hoffman, de Peter Stormare, ici à la tête d'un
trio de branquignoles ou encore de celles de Sam Elliot et de Ben
Gazzara...
Pornographie, kidnapping, confusion, musique, magot, contrats, compétition de
bowling, il s'en passe des vertes et des pas mûres dans The
Big Lebowski
mais toujours, le 'Dude''
conserve son sang-froid. Avec ses allures de cloche, le ''Dude''
n'est pourtant pas le personnage tout à fait imaginaire qu'il semble
être au premier abord. Car si Joel et Ethan Coen sont bien les
auteurs de leur propre scénario, il n'en demeure pas moins qu'il se
sont inspirés en partie d'une authentique personnalité du nom de
Jeff Dowd. Un producteur de cinéma sur lequel ils comptaient afin de
distribuer leur premier long-métrage en 1985, l'excellent thriller
Blood Simple (Sang
pour sang).
Jeff Bridges est absolument savoureux et incarne à la perfection ce
flemmard qui attend de la vie que tout lui tombe dans le creux de la
main, sauf lorsqu'il s'agit de demander réparation concernant son
tapis souillé d'urine. Faux thriller mais vraie comédie, The
Big Lebowski
est comme d'habitude chez les Coen, bourré de trouvailles et de
dialogues incisifs. À noter que l'on attend toujours la sortie du
très curieux projet intitulé The Jesus Rolls.
L'improbable rencontre entre le Bertrand Blier des Valseuses
et le The Big Lebowski
des frères Coen. À la mise en scène ? Vu le titre, on devine
déjà : John Turturro bien entendu. À quand une sortie dans
l'hexagone ? Mystère...
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