Jonglant entre comédies
et polars depuis les débuts de leur carrière cinématographique,
les frères Joel et Ethan Coen n'ont cessé d'aligner les
chefs-d’œuvre (Heu, Coco, qu'est-ce qu'est Intolérable
Cruauté
sinon une sombre m[BIIIIIP]e ?) depuis leur tout
premier long-métrage intitulé Blood Simple
en 1984. Parmi l'immense vivier d'interprètes qu'ils ont eu à
côtoyer durant leur fascinante filmographie (que l'on espère voire
durer longtemps encore), certains ont eu le privilège d'être
dirigés à plusieurs reprises par les deux américains. On pense
notamment à Steve Buscemi, George Clooney, John Goodman, John
Turturro, Holly Hunter ou Tilda Swinson. Et la liste est longue comme
le bras d'un singe-araignée, certains apparaissant beaucoup plus
régulièrement que d'autres. Pour leur douzième long-métrage
intitulé No Country for Old Men,
les deux frères qui se chargent autant de l'écriture de leurs films
que de leur réalisation s'inspirent désormais du roman éponyme de
l'écrivain américain Cormac McCarthy, sorti chez nous sous le titre
de Non, ce pays
n'est pas pour le vieil homme.
L'acteur Josh Brolin apparaît pour la toute première fois dans une
œuvre de Joel et Ethan Coen, tout comme d'ailleurs Javier Bardem et
Tommy Lee Jones, mais à la différence desquels on le retrouvera
plus tard aux génériques de True Grift
en 2010 et Ave, César !
six ans plus tard. Entre comédie et thriller sombre, No
Country for Old Men choisit
très rapidement son camp en optant pour un climat ténébreux,
débutant à la lisière du western (les magnifiques paysages du
désert du Nouveau-Mexique plantant d'emblée le décor bien que
l'essentiel du film ait été tourné au Texas). L'histoire de No
Country for Old Men est
somme toute fort simple. Mais il faudra le génie de deux grands
cinéastes pour créer un tel magnétisme entre le spectateur, le
récit et ses personnages...
Le
film pourrait presque se résumer ainsi : partir avec l'argent
d'un autre peut vous attirer les pires ennuis... Une leçon qu'aurait
sans doute dû retenir Llewelyn Moss, ancien soudeur et chasseur de
gibier qui un jour tombe en plein désert sur une scène de carnage.
Visiblement, une affaire de drogue qui a très mal tourné et a
laissé derrière elle plusieurs cadavres. Ainsi qu'une énorme
quantité d'héroïne et une mallette remplie de billets verts pour
une somme de deux millions de dollars. Un argent que Llewelyn va
s'empresser de ramener avec lui attirant ainsi les foudres des
commanditaires qui vont alors engager un certain Anton Chigurth. Un
tueur à gage psychopathe sans humour pour qui le meurtre est comme
un sacerdoce. Commence alors une traque implacable durant laquelle
Chigurth sèmera la mort tandis que le vieillissant shérif Ed Tom
Bell tentera de retrouver Llewelyn avant que le tueur à gages ne
lui fasse la peau. Car ce que ne sait pas le soudeur à la retraite,
c'est que la mallette renferme parmi les billets de banque, un
traceur qui permet à Chigurth de le suivre à la trace... C'est une
habitude ponctuelle chez moi, mais une fois n'est pas coutume, je
conseille à celles et ceux qui n'auraient toujours pas découvert ce
petit bijou,que dis-je, ce chef-d’œuvre du thriller à la sauce
''Coen'', de le projeter dans sa version originale sous-titrée.
Parce que l'une des forces de cette traque hallucinante opposant deux
hommes entre le territoire du Texas et celui du Nouveau-Mexique est
on ne peut plus remarquable accompagnée des voix originales de ses
interprètes. Et quel interprètes, d'ailleurs. Les américains Tommy
Lee Jones et Josh Brolin ainsi que l'espagnol Javier Bardem. Un trio
d'acteurs pour un film pratiquement cent pour cent masculin. Les
actrices féminines y sont effectivement assez peu représentées en
dehors de Kelly Macdonald qui interprète l'épouse de Llewelyn,
Carla Jean...
Avec
un budget de vingt-cinq millions de dollars, le film est un succès
mondial puisqu'il rapportera la coquette somme de cent soixante-dix
millions de dollars à travers la planète. Sombre et violent, No
Country for Old Men
remportera en outre de nombreuses récompenses, tels que quatre
Oscars en 2008. Meilleur film, meilleur réalisateurs, meilleurs
scénario ainsi que celle du meilleur acteur dans un second rôle
pour l'espagnol Javier Bardem qui compose un tueur à gages dénué
de toute empathie. Implacable et muni d'une arme on ne peut plus
originale, il traverse les états à la poursuite d'un Josh Brolin
qui dans le rôle de Llewelyn Moss campe une proie absolument
remarquable. Un jeu du chat et de la souris ponctué de séquences
anxiogènes et lors desquelles la tension ne retombe pratiquement
jamais. Interviendra plus tard l'acteur Woody Harrelson dans la peau
de Carson Wells. Mise en scène brillante, interprètes au sommet de
leur art, No Country for Old Men représente
l'un des sommets de la filmographie des frères Coen dans lequel
l'humour n'est cependant pas négligé. Des séquences absurdes (dont
celle qui oppose notamment le tueur à un gérant de station essence
interprété par Gene Jones) mais qui demeurent pourtant elles aussi
proprement angoissantes. Javier Bardem y est tout simplement
''monstrueux'' quel que soit le sens que l'on donne au terme. Une
chasse à l'homme où Tommy Lee Jones s'éloigne du personnage de
Samuel Gerard qu'il interpréta dans le diptyque Le Fugitif/US
Marshals en 1993 et 1998 puisque désormais, il incarne un shérif
vieillissant assez peu empressé de poursuivre son enquête sur la
série de meurtres ayant fait pour victimes, des trafiquants de
drogue mexicains. Parfois poisseux et digne du cinéma de Sam
Peckinpah, No Country for Old Men
oppose certaines séquences relativement languides à des scènes
d'action réalisées au cordeau. Drôle mais surtout cauchemardesque
(avant tout pour le personnage de Llewelyn Moss), le film bénéficie
de dialogues efficaces, d'une mise en scène millimétrée, d'une
photographie signée de Roger Deakins remarquable et d'une
interprétation sans faille. Un classique...
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