Dès les premiers
instants, on en prend plein la tête. Non pas que cette neige qui ne
restera pas longtemps immaculée et sur laquelle roule une voiture
tractant une remorque ait un effet particulier sur le spectateur,
mais une fois encore, Joel et Ethan Coen ont eu l'excellente idée de
faire appel au compositeur Carter Burwell. Une entrée en matière
musicalement flamboyante pour un long-métrage qui marquera
durablement les esprits de ceux qui le découvrirent d'abord dans les
salles de cinéma dès sa sortie aux États-Unis le 8 mars 1996 et le
4 septembre de la même années dans notre pays. Fargo.
Du nom d'une grande ville du Dakota du nord. C'est ici que va bientôt
s'installer l'intrigue du sixième long-métrage des frères Coen.
Deux magiciens du septième art qui depuis quelques années nous
offrent un cinéma d'une exceptionnelle qualité. Tant dans
l'interprétation, la mise en scène, et l'écriture que dans sa
régularité. Autant dire que les fans du duo attendent avec passion
chacune de leurs œuvres. Mais peut-être aussi quelque part, une
certaine inquiétude. Parviendront-ils toujours à maintenir le
niveau de qualité auquel ils nous ont désormais habitués ?
Nous sommes en 1996 et la
réputation des cinéastes n'est plus à faire. Mariée à Joel Coen
depuis plus de douze ans, l'actrice Frances McDormand se voir offrir
le rôle d'une femme flic enceinte de sept mois. Une femme douce,
aimante, et originaire du Minnesota. Un challenge pour l'actrice qui
doit travailler son texte en employant l'accent de la région. Une
persévérance qui lui vaudra d'obtenir le Golden Globe de la
meilleure actrice dans une comédie, ainsi que le BATFA dans la même
catégorie. On retrouve l'acteur Steve Buscemi, un habitué de
l'univers des Coen depuis Miller's Crossing. Son regard
étrange lui rapportera le Satellite Award du meilleur acteur dans un
second rôle. William H. Macy aura eu raison d'insister auprès des
frères Coen pour obtenir le rôle Jerry Lundegaard. Il lui vaudra
l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. Pour la meilleure
photographie, Roger Deakins obtiendra même l'Oscar et le BATFA. Un
film couronné d'un très beau succès critique donc. Une œuvre qui
allie avec tout le savoir faire de Joel et Ethan Coen, humour et
thriller. Que ses auteurs promettent être inspiré d'un authentique
fait-divers. Pourtant, inutile de fouiller la toile pour trouver une
quelconque source d'information concernant ce dernier puisqu'en
réalité, et une fois encore, le scénario est le fruit de
l'imagination des deux frères.
Une curieuse aventure en
réalité puisque le quotidien un peu morne d'une policière pas tout
à fait sur le point d'accoucher va bientôt être bousculé par une
affaire de triple meurtre particulièrement sordide. Fargo
pourrait ne se résumer qu'à une simple histoire de kidnapping qui
tourne mal mais avec les Frères Coen, mieux vaut s'attendre à ce
que le récit soit émaillé de quelques scènes superficielles
(j'entends par là, n'ayant aucun rapport possible avec l'intrigue
principale) forçant le trait de ses personnages. Car en réalité,
que peut avoir comme intérêt d'assister au dialogue étrange que
partage Frances McDormand avec un vieil ami sur le point de craquer ?
L'humour, simplement, l'humour. Celui de Joel et Ethan Coen qui, quoi
qu'il puisse arriver à ses héros, quel que puisse être leur rôle
dans toute cette histoire, ne peuvent s'empêcher de nous arracher un
sourire.
Et puis, comme toujours,
il y a ces personnages barrés. A la limite de la rupture, et dont
l'acteur suédois Peter Stormare n'est pas des moindre. Pas vraiment
une gueule d'ange, mais qui depuis Fargo, a vu ses
rôles se multiplier comme des petits pains. Le film se termine comme
il a débuté. De manière simple. Sans fioritures inutiles. Toujours
sous les magnifiques cordes de Carter Burwell. Fargo
empiète les plates-bandes du premier long-métrage des frères Coen.
La vision lumineuse, éclairée, et enneigée de leur superbe Blood
Simple. Presque tout aussi pessimiste et pourtant,
certainement plus « familial » qu'à l'aube d'une
carrière qui continue de construire la légende de cinéastes de
génie. Joel et Ethan aurait pu là, cesser leur ascension, mais
c'était sans compter sur ce qui allait bientôt débarquer dans les
salles de cinéma. Dès 1998. Dès The Big Lebowski, LE
film servant pour beaucoup de référence lorsque est évoqué le
duo...
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