
Sur
un rythme assez lent, Michael O'Shea nous injecte un poison dont les
effets vont se ressentir peu à peu, au grès d'une aventure
léthargique et réaliste. Car le mal dont est atteint le héros de
The Transfiguration
est bien différent de celui dont est atteint celui du roman de
Bram Stoker. Est-ce pour sortir de son morne quotidien que Milo a
décidé de s'inventer ce mal qui le ronge au point d'en étudier les
effets et les pratiques avant de s'en prendre physiquement à des
victimes choisies au hasard ? L'arrivée de Sophie va-t-elle
libérer l'adolescent de cette terrible étreinte dont il ne peut se
détacher ? Si dans un premier temps il faut avouer que le
rythme imprimé au film est assez décourageant, on finit forcément
par s'attacher à cet étrange couple juvénile. Eric Rufffin et
Chloe Levine campent respectivement un Milo et une Sophie très
convaincants. D'une exceptionnelle maturité, le premier interprète
avec justesse ce gamin « monstrueux » dont les actes
passés laissent transparaître la possibilité d'un passage à
l'acte irrépressible. Cette impossibilité de combattre cette
attirance envers le sang même si cet acte accouche toujours dans la
douleur. Celle de tuer, puis de régurgiter le sang que le héros
vient de boire directement à la gorge de sa victime.
Le
sujet est fragile. Comme ses protagonistes. The
Transfiguration
n'aurait pu être qu'un portrait clinique. Le constat amer d'une
existence vouée au mal. A la solitude. Et pourtant, il y a quelque chose de beau
derrière toute cette horreur. Pas seulement celle nous dévoilant la
part sombre de Milo mais tout ce qui fait partie intégrante de son
quotidien. Le grand-père de Sophie que l'on devine violent et
peut-être même incestueux. Le gang de voyous s'en prenant parfois
au « freak ».
Ces meurtres de blancs totalement gratuits. Cette police inhumaine
qui jette en pâture ce gamin dont elle n'a pas réussi à arracher
le témoignage. Ces badauds, ces ivrognes, qui une fois la nuit
tombée se crient dessus, se frappent,avant de rentrer chez eux.
Derrière tout cela, donc, demeure l'histoire de Sophie et Milo.
Fragile, certes. Mais on espère toujours qu'elle leur permettra de
surmonter ce quotidien qui les unit dans une homogénéité presque
parfaite si ce n'était le mal dont est atteint le jeune garçon.
Michael
O'Shea signe avec The Transfiguration un
conte urbain morbide. Dérangeant, malmenant les codes établis. Ici,
la séduction passe par de petits gestes anodins sans qu'aucune
concession ne soit faite au sujet de l'apparence de ses
protagonistes. La jeune Chloe Levine apparaît à l'écran sous un
aspect au premier abord inquiétant. Sans fard ! La bande
originale, minimaliste, intervient à juste titre lorsque Milo, mu
par le désir irrépressible de boire du sang se fait ressentir.
Peut-être certains ressentiront un certain ennui mêlé de malaise
devant The Transfiguration.
L’œuvre du cinéaste américain n'en demeure pas moins fort
émouvante. Surtout dans sa dernière partie. Une très belle
rencontre qui laisse présager le meilleur quant au futur de Michael
O'Shea...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire