Auteur de quelques œuvres
particulièrement gratinées dans les années soixante-dix et
quatre-vingt portant sur le thème des cannibales (Ultimo Mondo
Cannibale
en 1977, Cannibal Holocaust
en 1980) et de quelques pépites nanardesques (La
Casa Sperduta nel Parco
en 1980, I Predatori di Atlantide
en 1983 ou The Barbarians
en 1987), le réalisateur italien Ruggero Deodato semblait vouloir en
1979 spéculer sur la vague de films catastrophes qui déferlèrent
entre 1974 et 1979 sur les écrans de cinéma outre-atlantiques
(Airport
de George Seaton, Airport 1975 de
Jack Smight, Airport '77 de Jerry Jameson et enfin The Concorde... Airport
'79
de David Lowell Rich). Connu pour s'être emparé de très grandes
références cinématographiques américaines durant deux bonnes
décennies pour en proposer des variantes dont les qualités sont
très majoritairement discutables, le cinéma transalpin semble cette
fois-ci avoir pris de l'avance sur les grands tenants du film
catastrophe. En effet, si les États-Unis furent les premiers à
quitter les starting-blocks et si l'on compare les dates des sorties
internationales de The Concorde... Airport '79
avec celles de S.O.S Concorde
que le réalisateur italien a semble-t-il réalisé la même année,
il est peut envisageable que les scénaristes Alberto Fioretti,
Ernesto Gastaldi et Renzo Genta aient volé à Eric Roth, Jennings
Lang et Arthur Hailey l'idée de mettre en scène cette fois-ci, le
Concorde... Afin de capitaliser sur l'éventuel futur succès de son
film, Ruggero Deodato américanise son nom en enlevant quelques
lettres à son prénom, lequel apparaît donc anglicisé sous la
forme actuelle de Roger Deodato. Moins connu pour ses qualités de
conteur ou de metteur en scène que pour son cultissime, effroyable
mais pas toujours recommandable Cannibal
Holocaust
(les meurtres réels d'animaux), le réalisateur italien signe
pourtant dans le cas de S.O.S Concorde
une œuvre qui vaut peut-être finalement bien mieux que la
concurrence américaine plus préoccupée par de longues séquences
d'expositions nous présentant les principaux protagonistes que par
le contenu scénaristique de leurs films. En effet, contrairement à
la série des Airport,
le long-métrage de Ruggero Deodato a l'intelligence de ne pas se
concentrer uniquement sur la catastrophe. Celle-ci se résumant
finalement en une poignée de minutes d'ailleurs assez peu savamment
mises en scène.
L'intérêt
du scénario d'Alberto Fioretti, Ernesto Gastaldi et Renzo Genta est
donc à aller chercher ailleurs, dans les raisons qui ont causées la
catastrophe. Interviennent au sein du récit, les responsables d'une
compagnie aérienne concurrente. Une équipe chargée d'explorer les
fonds marins dans l'intention de retrouver l'avion en question. Une
femme qui tente d'échapper à la garde de celui qui est aux
commandes de l'expédition. Et enfin, un journaliste chargé de
couvrir l'affaire et dont l'ancienne épouse qui l'avait supplié au
téléphone de venir la retrouver sur une île afin de partager avec
lui des informations sera retrouvée morte d'une crise cardiaque
(Fiamma Maglione dans le rôle de Nicole Brody). S.O.S
Concorde
est donc moins un film catastrophe qu'un thriller d'aventures. Un an
avant de revenir à l'horreur et de signer l'un des plus grands
traumatismes de l'histoire du cinéma avec Cannibal
Holocaust,
Ruggero Deodato signe avec S.O.S Concorde
une honnête série B qui, sans cette mise en scène dont les défauts
ont ce même arrière-goût que certaines production propres au
cinéma transalpin de l'époque, aurait pu remettre à plat la
comparaison entre cinémas européen et américain. La preuve qu'un
budget que l'on devine bien inférieur aux quatorze millions qui
furent débloqués pour The Concorde... Airport
'79
de David Lowell Rich peut être être remplacé par la ténacité et
l'enthousiasme de toute une équipe. Et si ce dernier bénéficia des
présences d'Alain Delon, de George Kennedy, de Sylvia Kristel
(Emmanuelle
de Just Jaeckin, en 1974) ou de Robert Wagner, le film de Ruggero
Deodato n'est quant à lui pas en reste. Sans doute moins connus que
leurs homologues français et outre-atlantiques, les quelques
vedettes de S.O.S Concorde
n'ont, pour l'amateur de cinéma bis, pas la moindre raison de
rougir ! En effet, parmi les principaux interprètes, nous
citerons l'américain James Franciscus, la franco-américaine Mimsy
Farmer et l'italien Venantino Venantini. Et pour parler directement
aux amateurs d'un certain cinéma dit de genre, nous évoquerons leur
participation respectives à des œuvres telles que Le
chat à neuf queues
de Dario Argento, L'invasion des piranhas
d'Antonio
Margheriti ou La Mort au large
d'Enzo G. Castellari pour le premier, Quatre
mouches de velour gris
de Dario Argento, La traque
de Serge Leroy ou le très glauque Frissons
d'horreur
d'Armando Crispino pour la seconde et enfin Frayeurs
de Lucio Fulci, Cannibal Ferox
d'Umberto Lenzi ou Les Exterminateurs de l'an
3000 de
Giuliano Carnimeo pour le dernier. Sans oublier Dakar,
acteur et catcheur d'origine péruvienne. Lequel ne fera ici pas
long-feu mais dont l'on aura particulièrement retenu sa
participation aux tournages de L'enfer des zombies
de Lucio Fulci et de La terreur des zombies
de Marino Girolami tous deux sortis un an auparavant. Fusillades,
complot, enquête journalistique, S.O.S Concorde
se regarde avec un authentique plaisir...
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