Deux ans après avoir
incarné l'ex-taulard Martial Gaulard affublé d'un avocat
incompétent interprété par Pierre Richard dans la comédie de
Gérard Oury La carapate, Victor Lanoux retrouvait en
1982 le chemin d'un établissement pénitentiaire en endossant cette
fois-ci le rôle d'Adrien Blausac. Et une fois encore, les aventures
démarrent par la sortie de prison du personnage après que celui-ci
ait mangé quinze jours de rab pour avoir frappé un co-détenu qui
l'avait provoqué ! Mais comme il l'affirme lui-même, ça n'est
rien en comparaison des huit années qu'il vient de passer derrière
les barreaux. Son premier objectif va être de retrouver sa compagne
Thérésa (Bernadette Laffont) qui tient un bistrot. Quant à ses
enfants, Gilles (Philippe Klebert) est en deuxième année de
médecine tandis qu'Odile (Eva Harling) est institutrice. Le petit
dernier, Franck (Fortran Akmansoy), est à l'école, un élève
assidu. C'est du moins les informations que le père de famille a
reçu lors des différents courriers que lui a envoyé Thérésa lors
de sa détention. Car la vérité est tout autre. Adrien découvre en
effet qu'elle a depuis revendu le bistrot et qu'elle vit désormais
chez Roger, un agent de la RATP
qui a généreusement accueilli chez lui la petite famille qu'il loge
et nourrit depuis maintenant sept ans. Le rôle de ce sympathique
beauf a été confié à l'acteur Pierre Mondy, dont l'imposante
carrière au cinéma débuta à la fin des années quarante. Surtout
connu pour avoir incarné le rôle du Sergent-chef Chaudard dans la
trilogie de Robert Lamoureux La septième compagnie
entre 1973 et 1977 ou pour
avoir côtoyé Mireille Darc dans Le téléphone rose
d’Édouard Molinaro, il incarne ici un personnage gentil, généreux,
droit, face à un Victor Lanoux nerveux, revanchard et agressif. Il
faut dire qu'Adrien, traqué par un flic collant interprété par
Gérard Jugnot et poursuivi par ses anciens complices qui n'ont pas
l'attention de lui verser la somme qui lui est due et qui correspond
au braquage d'une banque à l'issue duquel lui seul fut arrêté,
jugé puis enfermé, n'a pas fini d'en apprendre de la part des
siens. Ses enfants qu'il croyait brillants sont bien différents de
ceux décrits dans les lettres qu'il reçu en prison. Gilles est un
voleur de mobylettes tandis qu'Odile se prostitue ''par
intérim''
quand elle ne traîne pas, vêtue comme une put[CENSURE], au Palace !
Bref,
il y a là matière à nous offrir une sympathique comédie même si
le titre, Retour en force,
laisse davantage envisager un thriller. Ce qu'est d'ailleurs plus ou
moins le second long-métrage de Jean-Marie Poiret, futur auteur du
Père Noël est une ordure,
de Mes meilleurs copains
(sans doute son meilleur film), de L'opération
Corned Beef
ou de la tétralogie Les visiteurs
(en comptant le très mauvais remake américain qu'il réalisa
lui-même sous le pseudonyme de Jean-Marie Gaubert). D'un côté
comme de l'autre, nous retrouvons ce qui fait la spécificité des
deux principaux interprètes masculins du long-métrage. D'un côté,
un Pierre Mondy jovial et naïf et de l'autre, un Victor Lanoux à la
force brute, se gardant sur demande de la compagne interprétée par
Bernadette Laffont de frapper le propriétaire de la petite maison de
banlieue qui les abrite. Malgré les menaces qui entourent Adrien ou
les quelques fusillades auxquelles il parviendra à échapper avec
seulement quelques égratignures, Retour en force
est bien une comédie, ponctuée de quelques gags vraiment amusants
(la réflexion sur les prostituées du Bois de Boulogne) ou de
situations ubuesques (les porteurs d'une plaque en verre). Le duo,
trio, quatuor et quintet fonctionne plutôt bien même si la
caractérisation est d'une manière générale un point semble-t-il
non essentiel au récit. Entre les engueulades qui opposent Adrien et
ce pauvre Roger qui maladroitement tente de désamorcer les tensions,
une Bernadette Laffont qui tente de calmer le jeu et des seconds
rôles plutôt sympathiques mais malheureusement parfois finalement
assez peu exploités (Gérard Jugnot), Retour en
force
vire dans sa dernière partie vers le registre du film de
cambriolage. Un peu à la manière de Patrice Leconte qui tout comme
Jean-Marie Poiret aura su exploiter tout le talent des membres de la
Troupe du Splendid
de
la toute fin des années soixante-dix et lors de la décennie
suivante et qui cinq ans plus tard aura réuni Bernard Giraudeau et
Gérard Lanvin dans l'excellent Les spécialistes,
une comédie en forme de Buddy
Movie
dans laquelle, leurs personnages eux aussi s'apprêtaient à
commettre un braquage. Bref, Retour en force
est une sympathique petite comédie française typique de son époque.
Pas un classique, sans doute, mais le plaisir d'y retrouver Victor
Lanoux, Pierre Mondy et Bernadette Laffont est réel...
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