Les Mystères de
Londres (ou Die toten Augen von London dans sa
langue d'origine) est le sixième long-métrage du réalisateur
allemand Alfred Vohrer et sa première incartade dans l'univers du
romancier britannique Edgar Wallace auquel il rendra hommage dans un
certain nombre de longs-métrages. Dont celui-ci, donc, qui à
l'origine fut un roman édité en 1924 sous le titre The
Dark Eyes of London (également sorti sous celui de The
Croakers) et connu tout d'abord une adaptation anglaise tournée
en 1939 par le réalisateur et scénariste britannique Walter Summers
sous le nom du Tueur Aveugle
(le titre original reprenant celui de l'ouvrage d'Edgar Wallace)...
Londres, sa Tamise, son fog, ses ruelles mal éclairées et... son
assassin ! Ou plutôt, SES assassins puisqu'on le découvrira
au fil du récit, cette étrange enquête menée par l'inspecteur
Larry Holt (l'acteur allemand Joachim Fuchsberger) et le sergent
Sunny Harvay (Eddi Arent, une sorte de version de ''Stan Laurel'' en
mode germanique) qui vont tour à tour inspecter des lieux aussi
inattendus qu'un établissement pour aveugles dirigé par le révérend
Dearborn (Dieter Borsche) et parmi lesquels se trouvait à une époque
un certain Jacob Farell connu sous le sobriquet de ''Jack
l'aveugle''.
Ancien membre des ''Yeux
noirs de Londres''
dont les adhérents avaient pour habitude de démarcher auprès des
habitants de la ville, celui-ci a depuis disparu. Mais va s'avérer
n'être pas vraiment loin de l'établissement puisqu'en compagnie
d'un certain Lew Norris (l'acteur Bobby Todd), il vit dans les
combles de l'édifice et participe à l'étrange manège consistant à
kidnapper de riches vieux hommes portant tous des lunettes et
retrouvés ensuite noyés dans la Tamise...
C'est
de cette enquête dont à chargé l'inspecteur-chef (Fritz
Schröder-Jahn) nos deux policiers de Scotland Yard, Sunny Harvay
faisant ici office de second à l'humour et à l'attitude mimant à
peu de chose près ceux du célèbre acteur et humoriste britannique
Stan Laurel qui aux côtés d'Oliver Hardy fit partie du célèbre
duo de comiques Laurel et Hardy. Malgré le ton humoristique de ses
apparitions à l'écran, l'enquête, elle, est on ne peut plus
sérieuse et transportera l'Inspecteur Larry Holt et son second
jusqu'à un club de jeu servant de repère à toutes sortes
d'individus dont la prostituée Fanny Weldon (l'actrice finalndaise
Ann Savo) ou un certain Fred dit ''Le
branque''
(Harry Wüstenhagen). Outre la question d'assassinats en série
commis sur des hommes ayant pour similitude de tous porter des
lunettes, d'être d'origine étrangère et d'avoir un certain âge,
Les Mystères de Londres,
c'est aussi le récit d'un chantage dont fera les frais le directeur
d'un cabinet d'assurances Stephen Judd (Wolfgang Lukschy) et autour
duquel se bousculeront les prétendants à l'extorsion de fonds. Dans
un Londres plongé sous une épaisse couche de brouillard ,
généralement filmé de nuit lors de pleines lunes, l’œuvre du
réalisateur allemand est véritablement hantée par l'autrichien Adi
Berber qui avant de se lancer dans une carrière d'acteur en 1936
avec Burgtheater
de Willi Forst fut tout d'abord lutteur professionnel, sport dans
lequel il devint en 1937 champion du monde lors d'une compétition se
déroulant à Chemnitz en Allemagne...
Figure
impressionnante et impressionniste de la criminalité dans l’œuvre
ici présente d'Alfred Vohrer, l'acteur stupéfie par sa masse (150
kg), sa taille (plus d'un mètre quatre-vingt dix) et surtout, son
visage sinistre rendu encore plus repoussant pat ses globes oculaires
complètement blancs. C'est d'ailleurs ainsi que sont décrits tous
ceux atteints de cécité. Ou presque. Mais ce qui fait la différence
entre ceux qui vivent auprès du révérend et celui qui se fait donc
appeler "Jack l'aveugle", c'est l'attitude de ce dernier.
Monstre tout de muscles et de graisse enrobé, à la cervelle
d'oiseau et aux bras recouverts d'une épaisse couche de poils. Les
Mystères de Londres
est en cela proche du cinéma d'épouvante typique de l'époque,
entre les prolifiques thèmes entourant Jack
l'éventreur ou
le docteur Jekyll
et mister Hyde. Mais également du cinéma noir avec son contingent
de ''sales gueules'' et d'escrocs qui dans le cas présent,
paraissent parfois plus nombreux que les honnêtes gens.
Heureusement, quelques bonnes âmes viennent assurer que la ville de
Londres n'est pas définitivement tombée aux mains des brigands. À
l'image de la charmante Nora Ward (Karin Baal), l'une des futures
victimes d'une étrange machination. À noter que parmi les
interprètes de cette coproduction réunissant l'Allemagne, la
France, le Danemark, les Pays-Bas, le Mexique et les États-Unis,
nous retrouvons à l'écran l'acteur allemand Klaus Kinski dans le
rôle d'Edgar Strauss, l'un des collaborateurs de Stephen Judd.
L'acteur imprimait déjà de son aura, la pellicule du film. Les
Mystères de Londres est
une excellente surprise et laisse augurer du meilleur pour la suite
puisque dans les années qui viendront, Alfred Vohrer reprendra à
son compte plusieurs récits d'Edgar Wallace qu'il transposera à
l'écran...
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