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mardi 14 août 2018

Edmond de Stuart Gordon (2005) - ★★★★★★★☆☆☆



Sur grand écran, l'acteur américain William H. Macy demeurait en cette année 2005, fidèle au type de personnages qu'il incarna notamment dans l'excellent Fargo des frères Coen une dizaine d'années auparavant. Soit celui du loser. Mais contrairement au personnage de Jerry Lundegaard que l'acteur incarna dans celui-ci, le héros de Edmond choisit non pas d'extorquer de l'argent à son beau-père mais de quitter la vie telle qu'il a connue jusqu'ici. Marié, père de famille et cadre supérieur d'une grande société, c'est sur un coup de tête consécutif au message émit à son encontre par une diseuse de bonne aventure qu'Edmond décide de tout quitter pour pénétrer dans un monde auquel il n'était pas préparé. De ses débuts en 1979 avec la pièce de théâtre Bleacher Burns jusqu'en 2008 et sa participation à la série Fear Itself, le cinéaste américain Stuart Gordon a réalisé, scénarisé et produit une vingtaine de séries télévisées et de longs-métrages. Au cinéma, il est surtout connu pour avoir débuté sa carrière de cinéaste avec le culte et très gore Re-Animator. Alors que son œuvre toute entière est émaillée de longs-métrages aux propos souvent fantastiques et surnaturels, Stuart Gordon a prix pour habitude dès l'année 2003 d'aborder des sujets de fond beaucoup plus proches de nous. Ses personnages devenant ainsi les témoins d'une société ravagée et dominée par le sexe, l'argent et la criminalité. Il invente notamment une nouvelle forme de héros qui ont tous en commun d'être d'une grande naïveté et sont tous insuffisamment préparés à leur nouvelle existence. Après le petit peintre en bâtiment Sean Crawley de King of the Ants et avant l'infirmière Brandi et le sdf Tom de Stuck, Edmond s'ouvre à des perspectives d'avenir dont il perdra le contrôle. Ce futur qu'il espère radieux et qui l'enverra en prison. Edmond forme avec les deux autres, une trilogie déprimante vouant un culte aux miséreux. Stuart Gordon leur rend hommage en leur consacrant une œuvre désespérée, nihiliste et mortifère. Là encore, il laisse tourner sa caméra dans des artères rendues à une faune hétéroclite ne se réveillant qu'une fois le soleil couché.

C'est sans concession que le cinéaste choisit de pénétrer un monde manquant cruellement d'optimisme, dans lequel chacun cherche à tirer profit de l'autre. Edmond dresse le portrait d'une Amérique corrompue par l'argent. Qu'il s'agisse de la prostituée, de la serveuse ou de l'étrange maquereau flairant le bon coup, tous régissent leur existence sur le mode du billet vert. Avec un certain cynisme, Stuart Gordon provoque le clash entre son héros et l'une des rares femmes ayant encore conservé son intégrité morale en la tuant de plusieurs coups de couteau. Derrière la noirceur du propos, le réalisateur continue à mettre en place des séquences hautement improbables comme pour désamorcer les passages les plus délicats. C'est ainsi que bien qu'étant un excellent acteur, le personnage qu'incarne William H. Macy apparaît parfois lors de scènes totalement absurdes.

La naïveté du héros est telle que parfois, on a du mal à y croire vraiment. L'individu qu'il forge tout au long du film est à ce point hors du contexte qu'il frise le ridicule. Edmond n'en demeure pas moins une œuvre choc, qui en dehors de quelques passages pas vraiment convaincants marque par son pessimlsme permanent. En l'espace de moins d'une heure trente, Stuart Gordon offre à son principal personnage l'occasion d'un véritable chemin de croix où Dieu et la religion ne sont jamais très loin. Aux côtés de William H. Macy nous retrouvons l'actrice Mena Suvari dans le rôle de la prostituée et Russel Hornsby dans celui de Shill, on retrouvera d'ailleurs ces deux interprètes deux ans plus tard dans le rôle du couple formé à l'occasion de Stuck. George Wendt quant à lui aura déjà incarné l'infâme Duke Wayne dans King of the Ants. Enfin, c'est au détour d'un hôtel sordide que l'on découvrira avec plaisir la présence de Jeffrey Combs, le plus fidèle interprète du cinéaste. Comme pour les deux autres longs-métrages cités plus haut, Edmond se révèle une très bonne surprise, les trois films complétant ainsi une excellente trilogie. En espérant que Stuart Gordon se réveille un jour de sa léthargie (cela fait dix ans qu'il n'a rien tourné) et nous propose pourquoi pas, une nouvelle aventure urbaine dans les bas-fonds de sa ville chérie...

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