Stéphanie Feuvrier vient
de tuer un homme. Pour tout le monde c'est clair : il a tenté
de la tuer et l'épouse du juge Georges Feuvrier n'a fait que se
défendre. La victime n'est autre qu'Aslanian, un escroc notoire dont
a fait la connaissance Stéphanie quelques temps auparavant, cette
dernière ayant tout fait pour qu'il soit reconnu innocent des
accusations qui furent portées contre lui. L'avocat Paul Delorme,
proche des Feuvrier, mène l'enquête et suit les traces de
différents témoins à travers des lettres anonymes. Paul va peu à
peu réaliser que Stéphanie connaissait le mort depuis bien des
années et qu'elle entretenait avec lui un liaison charnelle
intense...
Le cinéaste Jean-Claude
Brisseau offre pour cette occasion, le premier grand rôle au cinéma
à la chanteuse Sylvie Vartan. C'est donc avec une certaine
appréhension, une certaine angoisse que l'on attend de voir si
l'artiste est capable d'endosser le rôle difficile de cette femme
glaciale à la personnalité complexe. Si dans un premier temps, on a
l'impression que la chanteuse ne fait que réciter un texte qu'elle a
appris par cœur mais sans avoir le naturel qui prévaut sur tout le
reste lorsqu'il s'agit d'entrer dans la peau d'un personnage fictif,
c'est bien grâce à la présence de l'excellent Tchéky Karyo et des
trop discrètes apparitions de l'immense Michel Piccoli que Sylvie
Vartan parvient à convaincre. Les limites de son jeu et la froideur
de son personnage créent une émulsion qui au fil de l'intrigue
tendent à la rendre sensiblement plus crédible au fil de ce temps
qui interminablement s'égrène autour du quotidien de Stéphanie.
On appréciera le jeu de
piste auquel Paul s'adonne et l'ambiance parfois nauséeuse
qu'appuient une atmosphère délétère et des couleurs souvent
monochromes dont un sépia particulièrement présent et en
surimpression duquel se promènent nos personnages. Jean-Claude
Brisseau est un esthète et son directeur de la photographie Romain
Winding ainsi que la responsable des décors Maria Luisa Garcia ont
fait un travail remarquable. Beaucoup de tableaux vivants et des
placements d'acteurs qui ne doivent rien au hasard. L'Ange
Noir, s'il n'est pas un chef-d’œuvre, contient tout de
même assez d'éléments positifs pour en faire un film à l'intérêt
certain. La musique de Jean Musy est ici fondamentale et appuie le
propos de toute son angoissante beauté.
Jean-Claude Brisseau
signe donc une œuvre imparfaite mais d'un aspect esthétique
remarquable...
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