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vendredi 10 janvier 2025

Headless d'Arthur Cullipher (2015) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Le cinéma horrifique existe depuis toujours et sous diverses variantes. De l'épouvante, en passant par la science-fiction jusqu'aux Survival, Slasher et consorts. Critique américain de cinéma, David Edelstein est semble-t-il le premier à avoir évoqué le terme de Torture-Porn en 2006. Et si le genre paraît être né dans le courant des années 2006 à travers des œuvres telles que Hostel, Saw ou Human Centipede, les origines réelles du genre remontent en réalité à bien longtemps. Chacun y trouvera d'ailleurs matière à ajouter selon ses propres références, des œuvres qui au départ ne furent pas forcément représentatives de cette catégorie de longs-métrages. C'est ainsi que l'on y trouve à boire et à manger, certains s'amusant à ajouter des œuvres parfois inattendues (Salò ou les 120 Journées de Sodome du réalisateur italien Pier Paolo Pasolini) lorsque d'autres préfèrent voir dans Crime à froid du suédois Bo Arne Vibenius, I Spit on Your Grave de Meir Zarchi ou les premiers films de Wes Craven (La dernière maison sur la gauche, La colline a des yeux), les prémices d'un genre d'horreur et d'épouvante très particulier. Si le terme Porn est accolé à celui de Torture, ça n'est pas le fruit du hasard. En effet, tout comme le cinéma pornographique, celui généralement classé X exhibant des actrices et acteurs lors de séquences de sexe non dissimulées, le Torture-Porn a ceci de particulier que les films qui mettent en scène les dites tortures s'intéressent moins aux raisons qui poussent des désaxés à faire endurer à leurs proies les pires souffrances qu'à développer toute une série d'actes barbares visuellement poussés dans leurs derniers retranchements. C'est ainsi que le Torture-Porn rejoint la pornographie. Si cette dernière a comme projet d'exciter les spectateurs, le premier, lui, s'engage à apporter un tout autre type de plaisir. Allant de la simple délectation de voir des hommes et des femmes (lesquelles sont en général les principales victimes) se faire torturer, violer pour enfin être découpés en morceaux devant leur yeux, jusqu'au plaisir pervers de voir la Mort en face tout aussi simulée qu'elle puisse être à l'image !


Presque un cinéma de la honte, dont on cacherait les quelques exemplaires qui trônent sur nos étagères lorsque l'on reçoit du monde. À dire vrai, toutes ces fictions n'ont que peu d'intérêt. Souvent surestimées (The Poughkeepsie Tapes de John Erick Dowdle) mais flirtant parfois avec le Snuff (en ce sens où les œuvres de Lucifer valentine offre par exemple d'authentiques séquences d'émétophilie), le Torture-Porn, lequel est souvent amalgamé avec le rape & Revenge, offre parfois de ''sympathiques'' surprises. Comme le Headless de Arthur Cullipher, justement. Bien que n'ayant rien à ''envier'' à tous ses prédécesseurs en matière d'écriture puisque le long-métrage ne bénéficie d'aucun réel scénario, Headless a tout de même du potentiel. Son réalisateur ayant un vrai sens artistique, lequel s'exprime parfois dans une certaine démesure qui n'est pas toujours forcément liée aux actes de barbarie pratiqués par son tueur. La genèse de Headless est assez particulière puisque la conception du film repose sur un autre long-métrage signé de Scott Schirmer en 2012. Found, dans lequel un gamin découvrait que son grand frère était un tueur en série. Le titre Headless provient d'une cassette VHS qui dans Found aurait servi de source d'inspiration au jeune assassin. Passant de la réalisation à la production, Scott Schirmer confie donc la mise en scène de cette ''séquelle'' à Scott Schirmer. Datant prétendument de 1978, le film qui nous est proposé à travers Headless serait donc le fameux long-métrage enregistré sur support VHS dans Found. Seul l'acteur Shane Beasley, surnommé le tueur sans tête (d'où le titre, Headless, lequel signifie ''Sans tête'') réapparaît dans cette suite/préquelle/Spin of qui se concentre donc sur les images prétendument découvertes dans Found.


Le film d'Arthur Cullipher n'aurait pu être qu'un large catalogue d'atrocités perpétrées par un individu dont au final nous n'aurions rien su si le réalisateur et le scénariste Nathan Erdel ne s'étaient accordés sur l'idée d'approfondir le personnage. Manière d'expliquer (sans justifier, s'entend), les crimes abominables qu'il allait perpétrer devant nos yeux. Sans être d'une remarquable profondeur psychologique, Arthur Cullipher ''relativise'' quelque peu l'horreur qui s'affiche à l'écran. Les amateurs de Torture-Porn en auront pour leur argent, le cinéaste repoussant les limites en accentuant l'horreur à travers des actes de nécrophilie. Mais au delà de l'épouvantable spectacle qu'il nous donne à voir, et même parfois, à subir, Headless a tout l'air d'être inspiré des meurtres d'Edmund Kemper, l'un des plus célèbres tueurs en série américains. L'on retrouve effectivement, mais de manière relativement grossière, quelques-uns des fondamentaux qui nourrirent la perception du tueur vis à vis du sexe faible. Mais si les décapitations semblent être effectivement inspirées du fait-divers, notre tueur ici incarné par un Shane Beasley finalement beaucoup plus effrayant sans son masque a pour habitude de gober les yeux de ses victimes. Multipliant les séances d'énucléation de manière totalement gratuite, Headless devient de plus en plus sombre à mesure qu'est définie la raison principale pour laquelle l'homme kidnappe et assassine de jeunes femmes. Étoffant quelque peu le récit à travers les personnages féminins de Jess et Betsy (les actrices Kelsey Carlisle et Ellie Church), deux jeunes employées d'un bowling tenu par un gérant lourdement entreprenant, Headless n'est donc pas qu'un étalage de séquences ultra gore, choquantes dérangeantes figurées par de sympathiques effets-spéciaux prosthétiques. Outre une bande musicale assez morbide composée à huit mains, Headless est l'occasion de contempler quelques plans proprement hallucinants. Comme l'antre du tueur. Ce charnier, véritable montagne de cadavres dont on sentirait presque l'odeur de décomposition se diffuser à travers l'écran. Des images qui se rappelleront au bon souvenir des spectateurs lorsque ceux-ci découvriront six ans plus tard, le chef-d’œuvre du réalisateur Hong-kongais Soi Cheang, Limbo...

 

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