Le cinéma horrifique
existe depuis toujours et sous diverses variantes. De l'épouvante,
en passant par la science-fiction jusqu'aux Survival, Slasher et
consorts. Critique américain de cinéma, David Edelstein est
semble-t-il le premier à avoir évoqué le terme de Torture-Porn
en 2006. Et si le genre paraît être né dans le courant des années
2006 à travers des œuvres telles que Hostel,
Saw
ou Human Centipede,
les origines réelles du genre remontent en réalité à bien
longtemps. Chacun y trouvera d'ailleurs matière à ajouter selon ses
propres références, des œuvres qui au départ ne furent pas
forcément représentatives de cette catégorie de longs-métrages.
C'est ainsi que l'on y trouve à boire et à manger, certains
s'amusant à ajouter des œuvres parfois inattendues (Salò
ou les 120 Journées de Sodome
du réalisateur italien Pier Paolo Pasolini) lorsque d'autres
préfèrent voir dans Crime à froid
du suédois Bo Arne Vibenius, I Spit on Your
Grave
de Meir Zarchi ou les premiers films de Wes Craven (La
dernière maison sur la gauche,
La colline a des yeux),
les prémices d'un genre d'horreur et d'épouvante très particulier.
Si le terme Porn
est accolé à celui de Torture,
ça n'est pas le fruit du hasard. En effet, tout comme le cinéma
pornographique, celui généralement classé X exhibant des actrices
et acteurs lors de séquences de sexe non dissimulées, le
Torture-Porn
a ceci de particulier que les films qui mettent en scène les dites
tortures s'intéressent moins aux raisons qui poussent des désaxés
à faire endurer à leurs proies les pires souffrances qu'à
développer toute une série d'actes barbares visuellement poussés
dans leurs derniers retranchements. C'est ainsi que le Torture-Porn
rejoint
la pornographie. Si cette dernière a comme projet d'exciter les
spectateurs, le premier, lui, s'engage à apporter un tout autre type
de plaisir. Allant de la simple délectation de voir des hommes et
des femmes (lesquelles sont en général les principales victimes) se
faire torturer, violer pour enfin être découpés en morceaux devant
leur yeux, jusqu'au plaisir pervers de voir la Mort en face tout
aussi simulée qu'elle puisse être à l'image !
Presque
un cinéma de la honte, dont on cacherait les quelques exemplaires
qui trônent sur nos étagères lorsque l'on reçoit du monde. À
dire vrai, toutes ces fictions n'ont que peu d'intérêt. Souvent
surestimées (The Poughkeepsie Tapes
de John Erick Dowdle) mais flirtant parfois avec le Snuff
(en ce sens où les œuvres de Lucifer valentine offre par exemple
d'authentiques séquences d'émétophilie), le Torture-Porn,
lequel est souvent amalgamé avec le rape
& Revenge,
offre parfois de ''sympathiques'' surprises. Comme le Headless
de Arthur Cullipher, justement. Bien que n'ayant rien à ''envier'' à
tous ses prédécesseurs en matière d'écriture puisque le
long-métrage ne bénéficie d'aucun réel scénario, Headless
a tout de même du potentiel. Son réalisateur ayant un vrai sens
artistique, lequel s'exprime parfois dans une certaine démesure qui
n'est pas toujours forcément liée aux actes de barbarie pratiqués
par son tueur. La genèse de Headless
est assez particulière puisque la conception du film repose sur un
autre long-métrage signé de Scott Schirmer en 2012. Found,
dans lequel un gamin découvrait que son grand frère était un tueur
en série. Le titre Headless
provient d'une cassette VHS qui dans Found
aurait servi de source d'inspiration au jeune assassin. Passant de la
réalisation à la production, Scott Schirmer confie donc la mise en
scène de cette ''séquelle'' à Scott Schirmer. Datant prétendument
de 1978, le film qui nous est proposé à travers Headless
serait donc le fameux long-métrage enregistré sur support VHS
dans Found.
Seul l'acteur Shane Beasley, surnommé le tueur sans tête (d'où le
titre, Headless,
lequel signifie ''Sans
tête'')
réapparaît dans cette suite/préquelle/Spin of qui se concentre
donc sur les images prétendument découvertes dans Found.
Le
film d'Arthur Cullipher n'aurait pu être qu'un large catalogue
d'atrocités perpétrées par un individu dont au final nous
n'aurions rien su si le réalisateur et le scénariste Nathan Erdel
ne s'étaient accordés sur l'idée d'approfondir le personnage.
Manière d'expliquer (sans justifier, s'entend), les crimes
abominables qu'il allait perpétrer devant nos yeux. Sans être d'une
remarquable profondeur psychologique, Arthur Cullipher ''relativise''
quelque peu l'horreur qui s'affiche à l'écran. Les amateurs de
Torture-Porn
en auront pour leur argent, le cinéaste repoussant les limites en
accentuant l'horreur à travers des actes de nécrophilie. Mais au
delà de l'épouvantable spectacle qu'il nous donne à voir, et même
parfois, à subir, Headless
a tout l'air d'être inspiré des meurtres d'Edmund Kemper, l'un des
plus célèbres tueurs en série américains. L'on retrouve
effectivement, mais de manière relativement grossière, quelques-uns
des fondamentaux qui nourrirent la perception du tueur vis à vis du
sexe faible. Mais si les décapitations semblent être effectivement
inspirées du fait-divers, notre tueur ici incarné par un Shane
Beasley finalement beaucoup plus effrayant sans son masque a pour
habitude de gober les yeux de ses victimes. Multipliant les séances
d'énucléation de manière totalement gratuite, Headless
devient de plus en plus sombre à mesure qu'est définie la raison
principale pour laquelle l'homme kidnappe et assassine de jeunes
femmes. Étoffant quelque peu le récit à travers les personnages
féminins de Jess et Betsy (les actrices Kelsey Carlisle et Ellie
Church), deux jeunes employées d'un bowling tenu par un gérant
lourdement entreprenant, Headless
n'est donc pas qu'un étalage de séquences ultra gore, choquantes
dérangeantes figurées par de sympathiques effets-spéciaux
prosthétiques. Outre une bande musicale assez morbide composée à
huit mains, Headless
est l'occasion de contempler quelques plans proprement hallucinants.
Comme l'antre du tueur. Ce charnier, véritable montagne de cadavres
dont on sentirait presque l'odeur de décomposition se diffuser à
travers l'écran. Des images qui se rappelleront au bon souvenir des
spectateurs lorsque ceux-ci découvriront six ans plus tard, le
chef-d’œuvre du réalisateur Hong-kongais Soi Cheang, Limbo...
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