Alors que dans le
précédent article j'évoquais le superbe Lisa e il Diavolo
de Mario Bava, nous remontons cette fois-ci en arrière de trois
années afin de consacrer celui-ci à Cinque
Bambole per la Luna d'Agosto
tout bêtement traduit chez nous sous le titre L'île
de l'épouvante
alors que sa signification est ''Cinq
poupées pour la lune d'août''.
Le terme ''poupées''
n'étant de nos jours plus vraiment d'usage, au risque de voir les
néo-hystérico-féministes se planter devant les éventuelles salles
de cinéma qui auraient décidé de projeter à nouveau ce vieux
long-métrage qui accuse presque les cinquante-cinq ans d'âge !
Parmi les nombreuses œuvres cinématographiques signées du
réalisateur et scénariste italien, celle-ci a la particularité de
partager le public en deux. D'un côté, il y a ceux qui parviennent
à lui trouver des qualités même si de manière générale les pros
et les anti s'unissent pour admettre tous ensemble que Cinque
Bambole per la Luna d'Agosto
est relativement ennuyeux. Mais encore, si cette remarque pouvait
être la seule à justifier le mécontentement d'une partie du
public, on n'irait pas plus loin que cette seule critique et
n'importe quel article pourrait se boucler en seulement quelques
lignes. Sauf que le film, en plus d'être d'un ennui parfois
sidérant, propose une intrigue étonnamment vide. Surtout que
d'après certaines âmes bien renseignées, Cinque
Bambole per la Luna d'Agosto serait
une adaptation libre du roman de la britannique Agatha Christie, Les
dix petits nègres !
En effet, bien que reposant sur un scénario de Mario Di Nardo,
lequel aura cette même année l'occasion de collaborer à nouveau
avec Mario Bava sur son western Spaghetti Roy
Colt e Winchester Jack,
le long-métrage semblerait s'inspirer du célèbre ouvrage adapté
maintes fois au théâtre et sur grand écran. Tout comme dans le
roman d'Agatha Christie, huit personnes sont conviées à venir
s'installer pour quelques jours sur une île appartenant à un
certain George Stark (l'acteur romain Teodoro Corrà) et son épouse
Jill (Edith Meloni). Des hommes tous accompagnés de leur épouse ou
compagne respective. Et parmi eux, Gerry Farrell (l'autrichien
William Berger) et sa femme Trudy (l'italo-allemande Ira Von
Fürstenberg). Lui est l'inventeur d'une toute nouvelle résine
synthétique que les hommes rassemblés durant le séjour vont tenter
de convaincre de leur vendre la formule.
Chacun
y allant d'un chèque rempli à hauteur de un million de dollars.
Mais alors que Gerry refuse de se plier à la demande des autres
invités, l'un après l'autre, les convives vont disparaître,
assassinés par on ne sait qui. Les soupçons se portent ensuite sur
chaque survivant. L'intrigue de Cinque Bambole
per la Luna d'Agosto repose
donc sur un concept bien connu des amateurs de la romancière
britannique. En effet, le long-métrage mixe trois genres pour un
résultat frôlant la catastrophe industrielle ! Du roman
d'Agatha Christie Les
dix petits nègres,
le script de Mario Di Nardo et la mise en scène de Mario Bava
reprennent le concept de Whodunit
dans lequel se pose la question quant à l'identité du tueur.
Ajoutant à ce principe celui du Giallo
dont Mario Bava fut l'un des premiers à donner vie sur grand écran
avec La ragazza che Sapeva Troppo
et I tre Volti della Paura
tous deux réalisés en 1963. Dans le cas de Cinque
Bambole per la Luna d'Agosto,
les meurtres sont timidement mis en scène puisque exécutés hors
champ de la caméra. Question hémoglobine, le spectateur risque donc
d'être très déçu. Le film du réalisateur italien s'inscrit
également dans une sorte de proto-Slasher,
sous genre à part entière de l'épouvante et de l'horreur dont les
origines sont encore sujets à discussion mais qui trouve ici l'un de
ses plus vieux et séminaux représentants. Ce qui n'empêche
cependant pas Cinque Bambole per la Luna d'Agosto
de figurer parmi les plus mauvais films de son auteur et, s'il
s'avère effectivement que l’œuvre est bien un
Whodunit/Giallo/Slasher,
qu'il s'agit en outre de l'un des pires représentants de ces trois
catégories. Le plaisir de retrouver la superbe Edwige Fenech est
gâché par une sous exploitation de l'actrice. À l'image de toutes
celles et ceux qui apparaissent à l'écran et pour lesquels aucun
effort de caractérisation n'a été fourni. Durant une bonne grosse
moitié de l'intrigue, voire même lors des deux premiers tiers, le
film se traîne en n'étant constitué majoritairement que de
séquences molles et parfaitement inintéressantes. Poussif et doté
de meurtres mal accordés malgré la puissance du thème évoqué, on
s'emmerde très rapidement. Jamais nous ne sommes gratifiés par de
quelconques meurtres sanglants ou par la délicieuse plastique de ces
héroïnes que l'on aurait aimé voir s'effeuiller, histoire de
justifier cette assommante perte de temps, dotée de surcroît
d'affreux décors et d'une musique signée Piero Umiliani
parfaitement indigeste...
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