Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


mercredi 8 janvier 2025

Lisa e il Diavolo de Mario Bava (1973) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Si l'on devait dresser un top dix des plus belles histoires d'amour portées sur un grand écran, il ne serait pas impossible d'y voir trôner en bonne place Lisa e il Diavolo du réalisateur italien Mario Bava. Une éventualité qui peut effectivement paraître invraisemblable si l'on tient compte de certains critères. Comme le fait, par exemple, que l’œuvre reconnue par son auteur comme ayant été sa préférée est un film d'horreur. Ce qui a priori devrait lui retirer toute chance de faire partie des plus belles histoires d'amour cinématographiques. Et pourtant, le spectateur qui n'a pas encore suivi les très labyrinthiques aventures de Lisa qu'incarne à l'image l'actrice, peintre et chanteuse allemande Elke Sommer est loin de se douter de l'intensité avec laquelle Mario Bava va transposer en 1973 sur grand format cette histoire qui très rapidement va pourtant rencontrer d'importantes difficultés. Présenté à Cannes la même année, Lisa e il Diavolo n'intéresse aucun distributeur. Pire ! Alors que derrière ce titre un brin racoleur et passe-partout se dissimule en réalité une œuvre dont les arcanes dédaléennes sont parfaitement maîtrisées, le succès outre-atlantique de L'exorciste de William Friedkin pousse à l'époque le producteur Alfredo Leone ainsi que le fil du réalisateur (Lamberto Bava) à tourner des séquences supplémentaires sans l'aval de l'immense Mario Bava afin de remonter le film et de lui donner un titre plus proche des ambitions américaines que celles du réalisateur italien. Le long-métrage ayant ainsi muté pour devenir La Casa dell'Esorcismo. Au grand dam de son auteur originel, c'est cette version qui verra le jour en Italie en 1975 et dans les salles françaises deux ans plus tard, le 28 septembre 1977. Depuis, les cinéphiles auront eu tout loisir de découvrir la version séminale de Mario Bava mais pour cela, ils auront dû faire preuve de beaucoup de patience puisque Lisa e il Diavolo n'aura été visible par le grand public dans sa version d'origine qu'à partir de sa publication sur support DVD dans les années quatre-vingt dix... L'histoire de Lisa e il Diavolo qui chez nous est logiquement sorti sous le titre Lisa et le Diable prend place en Espagne, dans une luxueuse demeure, après que Lisa, une touriste américaine, se soit perdue dans les rues de la vieille ville de Tolède.


Après avoir assisté à la description d'une très vieille fresque représentant le Diable, la jeune femme se sépare de son amie pour flâner dans les rues étroites de la ville qui la mèneront jusqu'à l'entrée d'une boutique où elle découvrira pour la première fois, l'un des personnages centraux du récit (l'acteur gréco-américain Telly Savalas), Leandro. Sa ressemblance avec le Diable représenté sur la fresque effraie Lisa qui préfère alors s'en aller. En chemin, la jeune femme croise à nouveau Leandro, s'en éloigne et rencontre cette fois-ci un homme qui semble bien la connaître. Fuyant de nouveau, elle croise beaucoup tard un couple et leur chauffeur qui acceptent de la faire monter dans leur traction. Le véhicule tombe en panne près d'une demeure dont la propriétaire refuse de les accueillir. Contrairement à son fils Maximilien (Alessio Orano) qui parvient à la résonner et dirige ses nouveaux hôtes vers un petit pavillon où ils pourront passer la nuit... En entame j'évoquais l'idée que le long-métrage de Maria Bava pourrait faire partie d'un top dix consacré aux plus belles histoires d'amour du septième art. Idée sans doute curieuse, saugrenue, voire carrément bizarre, dérangeante et franchement inopportune si l'on consacre quelques instants à l'une des thématiques sur laquelle se penche le récit. Car plus que l'histoire de cet amour fou qui unit deux des personnages du récit, si en toile de fond l’œuvre évoque hypothétiquement l'inceste entre une mère et son fils (Maximilien et sa mère aveugle, la Comtesse interprétée par l'actrice Alida Valli), c'est bien le sujet de la nécrophilie qui pose problème et écarte Lisa e il Diavolo des canons du cinéma romantique. Pourtant, plutôt que de verser dans une approche morbide comme le fera avec nettement moins de finesse Joe D'Amato lors de la mise en scène du glauquissime Buio Omega (sorti chez nous sous le titre Blue Holocaust) en 1979, le film de Mario Bava est au moins aussi troublant que l’œuvre de son compatriote et pourrait même n'être condensé que dans cette seule séquence, aussi troublante que magnifique et lors de laquelle le fils de la comtesse attire dans une chambre/mausolée, Lisa, parfaite sosie de la défunte compagne de Maximilien, afin de lui faire l'amour. Une séquence bouleversante magnifiée, en outre, par le superbe Concerto de Aranjuez écrit par le compositeur espagnol Joaquín Rodrigo en 1939. Au final, Lisa e il Diavolo est une œuvre visuellement superbe qui très souvent déstabilise. La mise en scène à tiroir et labyrinthique couplée à un récit qui parfois paraît n'être qu'une hallucination peut provoquer une certaine gêne empêchant la pleine compréhension de ce qui se déroule à l'écran. De plus, sa thématique, aussi subtilement abordée soit-elle pourra en déranger certains. Il n'empêche que Lisa e il Diavolo reste parmi les meilleurs films de Mario Bava, tous genres confondus...

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...