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lundi 10 juillet 2023

LFO d'Antonio Tublén (2014) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Auteur il y a cinq ans du film d'horreur Zoo, le réalisateur suédois Antonio Tublén mériterait davantage que l'étrange mépris que semblent avoir à son encontre les distributeurs hexagonaux qui depuis la sortie de son premier long-métrage intitulé LFO en 2014 ne paraissent guère passionnés par son travail. En effet, ni l'un ni l'autre de ces travaux pourtant particulièrement brillant n'est sorti sur nos écrans. Zoo proposait une alternative à l'encombrant schéma ultra-classique du film de zombies en enfermant ses principaux protagonistes dans un univers clos et en y injectant la torpeur du cinéma autrichien de Michael Haneke. L'un des croisements entre fantastique, épouvante et horreur psychologique parmi les plus étonnants. C'est pourtant bien quatre ans plus tôt qu'Antonio Tublén allait donner un coup de fouet en proposant une science-fiction inédite et sacrément intelligente tout en abordant déjà sa thématique sous l'angle du huis-clos. Car tout comme il le fera à travers Zoo, le ''héros'' de LFO va tout d'abord agir de chez lui sur son voisinage avant que son projet n'atteigne une ambition à l'échelle planétaire et ce, tout en demeurant confiné entre les quatre murs de sa demeure pavillonnaire. Là où l'on questionne les implications d'un tel projet scientifique, se situe au niveau de ses hypothétiques avantages comme des dangers qu'il pourrait contenir. Souffrant d'acouphène, Robert Nord (Patrik Karlson) travaille depuis un certain temps sur l'élaboration de sonorités qui lui permettraient de pallier à son handicap. Travail qu'il partage à distance avec un certain Sinus-San (Erik Börén). Jusqu'au jour où il découvre que l'usage de certaines oscillations de basses fréquences lui permettent de prendre le contrôle de quiconque y est sujet. C'est ainsi armé d'un télécommande et d'un casque que Robert peut, à loisir, contrôler les personnes qui se trouvent dans la zone de diffusion des dites oscillations. Afin de confirmer qu'il n'a pas rêvé son concept, il invite chez lui le couple de voisins Linn (Izabella Jo Tschig) et Simon (Per Löfberg) et expérimente sur eux sa curieuse invention. Une fois sous hypnose, l'un et l'autre exécutent les desiderata de Robert qui peu à peu va se laisser glisser vers certaines dérives dont le point culminant teinté de mégalomanie le mènera à concevoir un monde en 2.0 dans lequel il s'érigera lui-même en Dieu...


L'homme s'élevant au statut de Dieu n'est pas inédit au cinéma. Le plus célèbre d'entre eux reste bien évidemment le docteur Victor Frankenstein qui après avoir été créé en 1818 par la romancière britannique Mary Shelley dans le roman Frankenstein ou le Prométhée moderne est apparu de nombreuses fois sur grand écran. Dans ce cas très précis, ses recherches le menaient à recréer la vie à partir de membres de corps humains prélevés sur divers cadavres. Dans celui de LFO, Robert ira jusqu'à repousser les limites du concept. Car si en théorie, prendre le contrôle de la planète semble moins farfelu, moins ''fantastique'' que de recréer la vie de manière telle que le concevait de son côté le fameux docteur, l'ampleur des conséquences, on l'imagine, peuvent être par contre beaucoup plus graves. C'est lors d'un long cheminement d'une centaine de minutes qu'Antonio Tublén va établir ce qui apparaît d'emblée comme un acte de perversion, voire de viol (Robert profite de son emprise sur ses voisins pour faire nettoyer ses vitres par Simon tandis qu'il couchera à plusieurs reprises avec Linn). Antonio Tublén semble entretenir une drôle de relation avec ses personnages auxquels il aime apparemment imposer régulièrement des tâches ménagères (l'un des protagonistes de Zoo sera chargé de mettre de l'ordre dans l'appartement du couple-vedette). Œuvre de science-fiction non dénuée d'un certain humour noir, LFO distille parfois un malaise manifeste. Patrik Karlson arbore une physionomie ventripotente et une attitude particulièrement malsaines malgré son intelligence et ses connaissances en matière de recherches scientifiques. Son personnage ''robotise'' et manipule ceux dont le réalisateur finira par accentuer l'aspect d'adeptes involontairement voués à la cause d'un gourou sans cesse plus gourmand en terme d'emprise et d'ambition. Notons que le long-métrage bénéficie d'une certaine ambiguïté vis à vis de l'existence même de l'épouse de Robert, prénommée Clara et interprétée Ahnna Rasch. Au point que l'on se demande quelle part de réel se confond avec le fantasme. Ces errances fantasmagoriques nées d'un esprit trouble qui sans la prise de médicaments voit ressurgir ses mauvais démons. Au delà de son apparente simplicité dans la mise en scène et l'interprétation, LFO fait réfléchir et s'impose comme l'un des meilleurs films de science-fiction des années 2010. Du moins, l'un des plus originaux de sa catégorie. Un indispensable, donc...

 

2 commentaires:

  1. Merci beaucoup for your very kind words about our film!
    Patrik (Robert Nord in LFO)

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  2. Nous sommes en droit de lui préférer le feu-LFO musical... :-)

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