Il y a encore deux jours,
je me permettais d'intervenir sur la chaîne Youtube d'un certain
Durendal qui sous prétexte de recevoir des milliers de
visites par post se croyait investit du pouvoir de juger de
Alien:Covenant qu'il s'agissait d'une merde (selon ses
propos). Qu'il n'ait pas aimé le dernier long-métrage de Ridley
Scott, c'est son droit. Par contre, se révéler aussi virulent et
définitif prouve certainement que le bonhomme n'a probablement pas
vu grand chose en terme de navets. S'il veut pouvoir juger en toute
honnêteté un film qui lui, EST véritablement une merde (selon mes
propos), j'aurais tendance à le rediriger vers ce Rovdrift,
terme que l'on pourrait traduire par prédateur. Forcément,
l'affiche attire le regard. C'est d'ailleurs elle que l'on mettra en
cause dans le fait que le film du danois Emil Ishi ne tient
absolument pas les alléchantes promesses offertes par celle-ci. Nous
rappelant ainsi la glorieuse décade qui accoucha de quelques grands
shockers tels Maniac de William Lustig, La
Dernière Maison sur la Gauche de Wes Craven ou Massacre
à la Tronçonneuse de Tobe Hooper, l'affiche de Rovdrift
exhale
un doux parfum de mort. Poisseuse à souhait, on imagine le calvaire
d'une femme tombée entre les griffes d'un serial killer. On suppose
déjà une journée chaude, caniculaire, laborieuse. Le sang macule
l'affiche. Les rouges dominent. Le tueur en question paraît presque
grimé comme un clown sanglant. Un John Wayne Gacy du vingt et unième
siècle. Sa victime rappelle Marilyn
Burns. La scream-girl qui échappera de justesse à la mort dans
l'éprouvant classique de Tobe Hooper.
Pourtant,
dès l'ouverture ça se gâte. Tourné directement en vidéo, le film
manque cruellement de grain. Entrecoupé d'inserts grotesques où une
femme se caresse la poitrine, suggérant que le spectateur est posté
au dessus d'elle, le générique déroule la fiche technique du film
dans une police de caractère abominable. Dès les première
secondes, on a déjà l'impression d'assister à un film de fin
d'études. Et je peux vous dire qu'avec un tel projet, le type
derrière la caméra aurait été recalé. En même temps, Rovdrift
peut
être considéré comme un message d'espoir pour tous ceux qui
aimeraient se lancer dans le métier. Pas besoin de longues études,
de bagage ou de savoir-faire. Contrairement aux classiques cités
plus hauts qui faisaient preuve d'une maîtrise étonnante pour des
premières œuvres, le film du danois Emil Ishii est d'un indigence
totale.
Assumant,
je l'espère pour lui, le statut de navet de son film, le cinéaste
tente d'exploiter un thème rabattu des centaines de fois sans y
injecter le moindre événement original qui lui permettrait de
sortir du lot. Quoique, en y réfléchissant, c'est peut-être
l'inverse qui s'est produit. Rovdrift
est
si mauvais qu'il aurait tendance à demeurer dans l'esprit de ceux
qui sont, comme moi, tombés dans le piège. Le scénario tient sur
une feuille de papier-toilette. Une jeune femme est kidnappée par un
dingue après avoir quitté son service. Un chauffeur de taxi qui n'a
apparemment pas supporté que sa compagne le plaque. S'ensuit une
série d'événements dont l'intérêt pique les yeux. Mal mis en
scène, mal interprété, mal cadré, et esthétiquement tellement en
dessous de tout que finissent par nous revenir en mémoire des
références inattendues. Je me souviens d'un sketch volontairement
kitsch du duo d'humoristes formé par Kad Merad et Olivier Baroux
dans lequel les deux hommes étaient installés à l'avant d'un
véhicule. Alors que la voiture était à l'arrêt, on pouvait
apercevoir en arrière-plan des types portant de faux arbres en
carton tourner autour afin de simuler le mouvement.
Il
faut savoir que Rovdrift est
entièrement construit sur ce principe. Le film ayant été en grande
partie tourné dans le taxi du tueur, le réalisateur use de
subterfuges inadmissibles pour tenter de nous faire croire que le
véhicule fonce sur la route. On devine un technicien allumer et
éteindre à intervalles réguliers une lampe-torche afin de faire
croire aux spectateurs que la voiture passe devant toute une série
de lampadaires. Ensuite, quelques mouvements de caméra de bas en
haut et de haut en bas semblent simuler les mouvements d'un véhicule
s'adaptant à la morphologie de la route. C'est grotesque, mal fichu,
et au final, assez comique. Les meurtres dont les attentes du public
finiront par se révéler vaines sont aussi construits sur le même
schéma. Rovdrift est
l'exemple type du film tourné entre potes. Mal négociée, la mise
en scène est même en dessous de cette légion de films tournés
depuis quelques années directement en vidéo. Une agonie !
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