Étrange sentiment que de devoir remonter le temps jusqu'en 2005,
année de sortie sur les écrans de Un ticket pour l'espace
d'Éric Lartigau avec en vedette, le duo d'humoristes formé par
Olivier Baroux et Kad Merad aux côtés desquels l'on pouvait
retrouver Marina Foïs, André Dussolier ou encore Guillaume Canet. À
l'époque, le film fut une surprise plutôt sympathique, projetant
dans l'espace un père et époux mythomane profitant de l'occasion
pour redorer son blason auprès des siens. Il y a donc un peu des
idées de Kad, Olivier et du réalisateur et scénariste Julien
Rappeneau dans les début de La tête dans les
étoiles,
second long-métrage d'Emmanuel Gillibert après la sympathique
comédie Les dents, pipi et au lit
en 2018. On y retrouve l'acteur Hakim Jemili que l'on découvrait
pour la première fois sur grand écran aux côtés de Michel Blanc
dans Docteur ?
de Tristan Séguéla en 2019. Après une poignée de séries
télévisées et de films, le voici qui incarne le livreur Ali,
séparé de sa compagne Nathalie (Nawell Madani) depuis quelques
années, père d'une charmante petite fille, étant incapable de
rembourser la dette qui devait lui permettre de payer la pension
alimentaire de son ancienne compagne le voilà contraint d'accepter
une improbable mission qui va involontairement le propulser à bord
de la station ISS
pour un projet à destination de la planète Pluton ! Alors que
sur Terre l'équipe chargée de coordonner la mission cherche à
cacher sa présence à bord de la station, le monde découvre
rapidement sa présence. Devenant officiellement le tout premier
clandestin de l'espace (notons que le concept fut déjà évoqué à
travers le personnage du Capitaine Jorgen et même des Dupont et
Dupond dans la bande-dessinée d'Hergé, On
a marché sur la Lune
ou dans le long-métrage de Joe Penna Le
Passager nº 4
sorti il y a deux ans), Ali va rapidement devenir un symbole sur
Terre avant de tenter de fuir à bord d'une capsule de secours lors
d'un incident qui se révélera n'être qu'un exercice. Aux côtés
de Hakim Jemili l'on retrouve notamment Alice Pol dans le rôle
Johanna qui est aux commandes de la mission et qui décidément
tourne plus vite que son ombre et sur Terre, dans la salle des
opérations, François-Xavier Demaison ou Olivia Côte...
Quatre-vingt
dix minutes environ. Voilà le temps qu'il faudra pour notre héros
pour passer de statut de phénomène de société à pleutre avant de
le voir subitement se muer en authentique héros. S'il on part du
principe qu'il s'agit avant tout d'une comédie de science-fiction,
il est logique de prendre La
tête dans les étoiles
avec légèreté. Ce dont fait preuve Emmanuel Gillibert puisque
quelle que soit la situation, chaque étape du récit est menée avec
l'entrain d'une meute se ruant dans les magasins sur la toute
nouvelle console de jeu du marché ! Il faut comprendre que même
si la comédie prime sur la science-fiction, cette dernière reposant
avant tout sur l'environnement dans lequel vont être plongés Ali et
les trois membres officiels de l'expédition, le spectateur était en
droit d'assister non pas à cet enchaînement de séquences trop
abrupt mais à histoire réalisée, interprétée et montée avec
davantage de soin. De là à penser qu'une bonne demi-heure
supplémentaire n'aurait pas été de trop afin d'étoffer les
quelques aspects du récit qui sans doute auraient mérité de
l'être, il n'y a qu'un pas. La mise en scène de La
tête dans les étoiles est
grossière, poussive et même si le ton humoristique permet en
général de passer au dessus de certaines incohérences, voir le
visage affligé de ces hommes et de ces femmes qui sur Terre
retiennent leur souffle tandis qu'Ali s'apprête à commettre un acte
héroïque laissera le spectateur totalement indifférent. Comme
Jacques Chirac la consacra dans le milieu des années quatre-vingt,
une phrase vient invariablement à l'esprit : Cela nous en
touchera une sans faire bouger l'autre ! Sur le papier, La
tête dans les étoiles
se montre ambitieux mais à l'image, nettement moins. Le compositeur
Erwann Chandon (Quand
on crie au loup
en 2019) signe en outre une partition elle-même relativement
ambitieuse qui ne parvient malheureusement pas à tirer le film vers
le haut. La mise en scène et le jeu d'acteur rabaissent le
long-métrage au seul statut qu'il mérite : celui de n'être
qu'une toute petite comédie mal inspirée au niveau des dialogues
et, comble du comble, pas drôle du tout. Un film disponible depuis
quelques jours seulement sur Prime
Video.
À réserver à celles et ceux qui n'ont vraiment rien de mieux à
faire que de perdre quatre-vingt dix minutes de leur temps...
Mais comment faites-vous (pour vous envoyer autant de films, du nanar au must) ? C'est votre métier ? Vous avez plusieurs vies ? Vos journées font plus de 24h ou vous ne dormez jamais ? Et où trouvez-vous la motivation pour regarder des films avec Pol et Demaison (ce qui constitue quasi à 100% la certitude de se farcir une daube) ? :-D
RépondreSupprimer