Deux ans après les avoir
mis en scène dans I Due de la Legion,
Lucio Fulci retrouve les comiques italiens Franco Franchi et Ciccio
Ingrassia. Pour être tout à fait honnête, avant de les réembaucher
sur le tournage de 002 Agenti Segretissimi,
le futur réalisateur des films les plus glauques du cinéma
transalpin des années quatre-vingt les avait déjà retrouvé sur
ceux de Gli imbroglioni
et de I Due Evasi di Sing Sing. Tournant
à une allure folle (rien qu'en 1964, le duo jouera dans une
quinzaine de longs-métrages), nous retrouvons Franco Franchi et
Ciccio Ingrassia dans le rôle de deux bêtas qui à l'origine sont
''spécialisés'' dans le cambriolage avant d'être d'être utilisés
sans leur consentement comme agents secrets par une organisation
américaine afin de tromper la vigilance d'espions venus tout droit
de Russie. L'objectif des américains étant d'attirer leurs ennemis
vers une fausse piste, ils implantent dans l'une des dents de Franco
un microfilm censé renfermer une formule secrète alors qu'il ne
s'agit que de celle du bicarbonate ! Comme dans toute bonne
comédie d'espionnage, les deux héros de ce film ô combien
rocambolesque vont être au centre d'une aventure pleine de surprise.
On retrouve donc un Franco Franchi plus grimaçant que jamais. Une
fois le concept assimilé, l'acteur, de part l'incroyable élasticité
de sa mâchoire, incarnera comme d'habitude le plus idiot des deux.
Ciccio Ingrassia dont le personnage n'en est pas moins stupide
tempère les outrances comportementales dont se rend responsable son
acolyte. Adaptant sa propre histoire aux côtés de Lucio Fulci
lui-même et d'Amedeo Sollazzo, le scénariste et réalisateur
italien Vittorio Metz nous offre avec 002 Agenti
Segretissimi
une comédie extrêmement riche en terme de situations. Il faut
reconnaître que malgré l’exiguïté du script, l'intérêt repose
sur la multitude d'événements auxquels vont être confrontés
Franco et Ciccio. Un tout petit brin de science-fiction (la présence
du robot appartement à l'organisation américaine), de l'espionnage
(le récit tournant autour du microfilm et des agents russes et même
chinois qui tenteront de mettre la main dessus), des meurtres (par
armes à feu ou par empoisonnement), mais surtout, oui, surtout, de
l'humour, symbolisé par les incessantes grimaces de Franco Franchi
dont la langue est, au sens figuré comme au sens propre,
particulièrement pendue !
Opposé
à un Ciccio Ingrassia qui tempère sans cesse cette profusion de
rictus qui à la longue aurait pu être épuisante mais que ce
dernier, par son impassibilité parvient à désamorcer aux moments
opportuns. Ensuite, ça n'est pas parce que 002
Agenti Segretissimi n'est
qu'une comédie, voire même une parodie des films d'espionnages
(auxquels le duo se frottera à nouveau à plusieurs reprises) qu'il
faut ignorer l'un des aspects essentiels de ce genre de
longs-métrages : le charme des interprètes féminines qui en
général font partie intégrante du cinéma d'espionnage et qui dans
le cas présent est symbolisé par de très belles actrices, telle
l'allemande Ingrid Schoeller dans le rôle de Giulia Cirillo,
l'italienne Annie Gorassini incarnant la superbe espionne russe
Natasha ou l'américaine Mary Arden qui quant à elle interprète le
rôle de Nadja. De superbes actrices dont la physionomie ne se
généralise pourtant pas dans le cas de 002
Agenti Segretissimi puisque
débarque au trois quart du récit l'actrice italienne Viviana Larice
dont le visage risque de hanter pendant de nombreuses semaines ceux
qui la découvriront ici dans le rôle totalement inapproprié d'une
instructrice spécialisée dans la séduction. Quant à nos
involontaires espions pour le compte de l'organisation américaine,
ils devront composer avec une foule d'ennemis chargés de les tuer ou
de récupérer le microfilm que renferme l'une des dents de Franco,
subir les assauts d'un binôme gay bodybuildé, supporter une séance
de torture digne du Moyen-Âge (Torture par l'eau, supplice de la
chèvre) et des brûlures au second degré causées par une séance
prolongée au soleil, etc, etc... Le clou du spectacle se situant
sans doute lors de la longue séquence se déroulant dans un
restaurant et où nos deux faux agents secrets (mais vrais pitres)
sont vêtus de costumes sombres affublés de croix dans le dos !
Ajoutons le running-gag lié à un couple de vacanciers que Franco et
Ciccio croiseront à plusieurs reprises et l'on tient là une comédie
sympathique. Pas très fine mais tellement riche que l'on ne s'ennuie
pas un seul instant...
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