Dans la nuit du 13
novembre 1974, au 112 Ocean Avenue de la banlieue de Babylon à Long
Island, Ronald DeFeo Jr, fils aîné de Ronald DeFeo Sr et de Louise
Brigante et frère de Dawn, Allison, Mark et John, s'arme d'un fusil
calibre .357 Magnum et assassine tous les membres de sa famille. Le
18 décembre 1975, George Lutz, son épouse Kathleen ainsi que leurs
trois enfants s'installent dans la demeure où eu lieu le massacre
plus d'un an auparavant et témoignent de faits étranges,
paranormaux, avant de quitter les lieux un mois après y avoir
emménagé. Le 13 septembre 1977, le roman The Amityville Horror
de l'écrivain américain Jay Anson sort sur le territoire américain
et relate les événements qui se produisirent lors de l'installation
de la famille Lutz. Le 27 juillet 1979 aux États-Unis et le 20
février 1980 en France sort sur grand écran son adaptation
cinématographique réalisée par Stuart Rosenberg. Parmi les films
de maisons hantées, Amityville, la maison du Diable
demeure sans doute le plus célèbre d'entre tous. Tout le monde
connaît, même si certains ne l'ont encore jamais vu. Le
fait-divers et le long-métrage qui en découla furent à l'origine
de l'une des plus longues franchises cinématographiques. À moins
que je ne fasse erreur, à ce jour, il existe vingt-trois films dont
une moitié environ n'en fait pas officiellement partie. L'on eu
droit même à quelques longs-métrages ne faisant que reprendre le
célèbre nom de la localité sans pour autant s'intéresser à
l'affaire en question. D'une manière générale, la saga fut
régulièrement ponctuée d’œuvres parfaitement dispensables. Et
si le premier volet est resté célèbre et demeure sans doute comme
le plus connu, le meilleur, oui, reste bien Amityville
2 : Le Possédé
de Damiano Damiani qui sortit sur les écrans en 1982. Celui-ci
remontait aux origines et se penchait sur le massacre de la famille
DeFeo Sr par le fils aîné ! On aurait pu penser que la
franchise s'était tarie mais c'était sans compter sur les quelques
opportunistes qui ponctuellement nous rappellent au bon (et au
mauvais) souvenir de ce phénomène aussi intriguant que mensonger !
Car en effet, les événements relatés par la famille Lutz auraient
été totalement inventés. Comme tenterait notamment à le démontrer
l'ouvrage de Ric Osuna intitulé The Night the DeFeos Died sorti en
2012. Dernière livraison en date, Amityville,
maison des horreurs
ou The Amityville Curse (à
ne pas confondre avec l'épisode éponyme réalisé en 1990 par Tom
Berry et traduit chez nous à l'époque sous le titre Amityville,
la malédiction)
du québécois Eric Tessier. Si d'autres avant lui ont eu tendance à
se disperser ou proposer des alternatives absolument indigestes (The
Amityville Harvest
en 2020 ou The Amityville Moon
et The Amityville Uprising en
2021 tout trois réalisés par Thomas J. Chruchill demeurant parmi
les pires exemples), Amityville, maison des
horreurs
semble a priori renouer avec l'esprit d'origine. C'est ainsi que l'on
retrouve une bande d'amis composée de trois femmes et deux hommes
prenant place dans la célèbre demeure (qui trône d'ailleurs en
bonne position sur l'affiche). Autant de personnes projetant de la
transformer afin d'en faire trois appartement bien distincts. Comme
l'on s'en doute très rapidement, rien ne va se dérouler comme
l'avaient prévu les six jeunes gens (un couple hétéro et deux
couples mixtes dont l'un est lesbien, comme ça tout le monde est
content) et comme le précise le titre, l'horreur va très rapidement
s'installer dans ce foyer théoriquement accueillant.
Géographiquement
parlant, le tournage s'est déroulé sur les terres du réalisateur
québécois, à Hudson dans la région administrative du Québec,
Montérégie. C'est là-bas que son équipe et lui dénichèrent une
demeure dont l'une des façades reproduit à l'identique les fameuses
fenêtres qui terrifièrent des millions de (télé)spectateurs à
l'époque de la sortie du long-métrage de Stuart Rosenberg sur grand
puis sur petit écran. L'objectif d'Eric Tessier semble clair :
redorer le blason d'une franchise qui au fil des années et des
navets s'est délitée. Alors, mission réussie ? Réponse :
non ! Et ce, bien que le québécois ait fait preuve d'un peu
plus de respect envers le matériaux de base. Disponible dans son
pays d'origine sur la plateforme Crave
et à l'échelle internationale sur Tubi,
Amityville, maison des horreurs
montre malheureusement très vite ses limites. Entre son jeu
d'acteurs peu convainquant, ses effets-spéciaux à la ramasse (les
CGIs
ne sont même pas dignes des images de synthèse des années
quatre-vingt dix) et son scénario bancal perclus d'invraisemblances.
Mais ces dernières ne sont-elles pas l’apanage de tout film
fantastique...? Imaginez : parmi nos cinq nouveaux
propriétaires, l'un va ''se jeter'' par la fenêtre. Bon, déjà, ça
devrait avoir tendance à faire réfléchir les cinq autres. Mais
non. Alors, lorsque Billie Montenouvo (l'actrice Mercedes Morris)
meurt électrocutée dans sa baignoire, on se dit que cette fois-ci
les quatre survivants vont plier bagages pour, au pire, louer des
chambres dans l'hôtel le plus proche ? Mais non, on persiste.
Même lorsque la troisième victime prénommée Debbie (l'actrice
Vanessa Smythe) s'éventre à l'aide d'un couteau de cuisine devant
ses trois derniers compagnons effarés ! Attendez, attendez. Je
ne vous ai pas tout dit. Comptez également sur Kenny Wong qui dans
le rôle de Ben Holloway, un podcasteur spécialisé dans les maisons
hantées, meurt sous les roues d'une bagnole entre la première et la
second victime ou sur ce prêtre venu bénir la demeure avant de se
retrouver au sol à la suite d'une chute (de cinquante centimètre de
haut!) affublé d'une double fracture tibia-péroné ! Après
ça, si vous ne changer pas de maison, de ville, de pays ou même de
continent, c'est que vous êtes inconscients ! Ce que ne
semblaient pourtant pas être Abigail Blaine (Tommie-Amber Pirie) et
l'ultra-prétentieux Marv Sharpe (Michael Xavier). Objets tombant au
sol, voix qui harcèlent nos protagonistes, emprise, séance de
spiritisme, apparitions, cauchemars, jump
Scares,
etc... Tout ce qui peut éventuellement constituer une intéressante
émulsion pour quiconque voudrait sursauter à la moindre occasion !
Au bout d'une heure et après la découverte d'un crâne qui
semblerait être à l'origine des maux qui touchèrent jusque là nos
six jeunes gens, ellipse ! L'action projette les protagonistes
survivants deux mois après les événements. Et là... Comment
dire... Amityville, maison des horreurs
tire tout son intérêt de cette dernière demi-heure dont
l'absurdité transforme ce film censé donner le frisson en comédie
involontaire. Bref, vous l'aurez compris, ça n'est certainement pas
avec ce vingt-troisième long-métrage de la franchise que les fans
de l’œuvre originale et de la séquelle signée de Damiano Damiani
auront froid dans le dos...
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