C'est avec une certaine
émotion mêlée de nostalgie que je redécouvrais cette nuit
L'Étrange Créature du Lac Noir
du cinéaste américain Jack Arnold, l'un des spécialistes du cinéma
bis des années cinquante qui nous offrit quelques fleurons du genre
auxquels on peut immédiatement rattacher
It Came from Outer Space (1953),
Tarantula (1955)
et surtout son The Incredible Shrinking Man
de 1957 connut chez nous sous le titre L'homme
qui Rétrécit.
Émotion et nostalgie car c'est en famille, et notamment avec mon
père auprès duquel j'avais l'habitude de suivre ''La
Dernière Séance'',
le double programme présenté à l'époque par le chanteur et
cinéphile Eddy Mitchell, que la chaîne anciennement nommée FR3 (et
connue désormais sous le nom de France 3) programmait en ce jour
exceptionnel du 19 octobre 1982, le film de Jack Arnold dont l'une
des particularités fut d'être projeté en relief, ancêtre
aujourd'hui démodé de la 3D. Je me souviens encore très
précisément du rituel auquel il nous a fallut nous adonner au
préalable si nous voulions avoir tous ensemble le plaisir de
découvrir L'Étrange Créature du Lac Noir
sans avoir à s'abîmer devant une image trouble reproduisant ce que
chaque œil est censé voir indépendamment de l'autre, créant ainsi
l'effet ''trois
dimensions''
tant désiré. Divers programmes télé (nous avions l'habitude
d'acquérir chaque semaine le petit magasine Télé
Poche)
proposait cette semaine là de procurer aux spectateurs un certain
nombre de lunettes permettant de découvrir le film de Jack Arnold
dans de bonnes conditions. La particularité de ces lunettes dites
stéréoscopiques était contenue dans la différence de couleur de
chacun des deux verres, l'un étant de couleur rouge et l'autre cyan.
Outre
l'aspect historique du procédé et le souvenir d'une soirée en
famille authentiquement divertissante, L'Étrange
Créature du Lac Noir
était de plus un excellent film d'aventures et d'épouvante
représenté par l'une des plus belles créatures fantastiques de
l'époque pendant que d'autres arboraient très souvent un look
éminemment ringard et grotesque. L'aventure de cette Étrange
Créature du Lac Noir
se situe en Amazonie. Lors de fouilles, le professeur Carl Maia,
directeur de l'institut de biologie maritime découvre le bras d'une créature
pétrifié par le temps et enfoui dans la roche dont
il ignore l'origine. Rapporté à l'institut, cette pièce
archéologique intéresse de très près son ami le docteur David
Reed (Richard Carlson) et son amie Kay Lawrence qui décident de se lancer en sa
compagnie ainsi qu'en celle du docteur Mark Williams (Richard Denning) qui finance
alors le projet, dans la recherche du reste du corps. Lorsque
l'équipe arrive à bord du rafiot Rita
commandé par le capitaine Lucas, ils découvrent un camp dévasté
et surtout, le cadavre d'un assistant du professeur Carl Maia auquel
ce dernier avait confié la tâche de surveiller les lieux. Très
rapidement, l'équipage de scientifiques est attaqué par une créature
soumarine similaire à celle découverte dans la roche. Un monstre
amphibien capable de nager dans les profondeurs du fleuve et de
marcher sur la terre ferme. Attiré par la présence de la belle Kay
Lawrence (l'actrice Julia Adams), la créature n'aura de cesse de
vouloir la kidnapper pour l'emmener jusque dans son repaire. La
défense s'organise alors entre les membres de l'équipe
scientifique. Si le docteur David Reed est venu étudier la créature,
le docteur Mark William, lui, espère le chasser et le tuer afin d'en faire son
trophée...
Âgé
de plus d'un d'un demi-siècle, L'Étrange
Créature du Lac Noir
a conservé une bonne partie de son intérêt. Jack Arnold s'y
connaît pour maintenir une certaine tension même si durant un
certain temps, il ne nous offre qu'une succession de séquences
situées sous l'eau n'ayant que trop peu d'intérêt. Par contre, dès
lors que les personnages sont confrontés frontalement à la superbe
créature mi-homme, mi-poisson, l'une des plus remarquables de ce
cinéma fantastique des années cinquante, le film prend une vigueur
qui se maintient encore de nos jours. Assauts ininterrompus de la
créature recherchant à s'accaparer la belle scientifique.
Confrontation entre deux chercheurs en total désaccord sur les
méthodes à employer. Le film n'est pas loin de ces films de
monstres où l'héroïne féminine opère une certaine forme de
séduction sur la créature. On pense notamment au King
Kong
de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack de 1933 ou à celui du
remake réalisé par le cinéaste John Guillermin trente-trois ans
plus tard. L'Étrange Créature du Lac Noir
fait définitivement partie de la mythologie du cinéma d'épouvante.
L'une des pièces emblématiques du bestiaire fantastique. Un
classique !
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