Quand on dit que de se
prendre pour Dieu peut avoir des conséquences dramatiques. Une leçon
que n'a pas retenu la biologiste Susan McAlester qui sur la base
maritime Aquatica travaille avec son équipe sur un remède
contre la dégénérescence du cerveau humain. Drôle d'idée que
d'avoir choisi pour cela de manipuler les petites cellules grises de
trois gros requins blancs. Si les résultats de leurs recherches
s'avèrent positifs lorsqu'ils prélèvent des tissus cérébraux sur
l'un des spécimens, l'un des chercheurs, Jim Whtilock est attaqué,
par le requin à son réveil. L'un des deux bras arraché, c'est en
tentant de le faire évacuer par hélicoptère que le véhicule s'écrase
sur la base mettant en péril la structure même de Aquatica
mais aussi et surtout la vie des rescapés. Susan, le chasseur de
requins Carter Blake, Janice Higgins, Tom Scoggins, le cuisinier
Sherman Dudley mais également l'investisseur du projet Russel
Franklin ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour tenter de
remonter à la surface alors que l'eau envahie peu à peu la base.
Mais plus encore que le risque de périr noyés, ils vont devoir
faire face à des requins qui après avoir été manipulés
génétiquement, s'avèrent de redoutables machines à tuer
extrêmement rusées...
Autant,
avec The Reef,
le réalisateur australien Andrew Traucki avait opté pour une
certaine sobriété... Autant, le finlandais Renny Harlin, d'abord
célèbre parmi les amateurs de films d'horreur pour avoir réalisé
en 1988 Prison
et Le Cauchemar de Freddy
et deux ans plus tard l'excellent film d'action 58
Minutes pour Vivre
ainsi que Cliffhanger : Traque au sommet
en 1993, a lui, choisi de balancer la sauce. À ce titre, Deep
Blue Sea
en met plein la vue et affirmer que l'on se sera ennuyé devant les
aventures de cette bande de chercheurs aux prises avec tout un tas de
problèmes serait faire preuve de malhonnêteté. Question action, le
contrat est donc rempli. Autre chose qui différencie grandement
l’œuvre de Renny Harlin de celle de l'australien : La
crédibilité. Ici, ne rêvons pas. Rien à voir avec le sujet
inspiré d'un fait divers qui servi de trame à The
Reef.
Avec Deep Blue Sea,
le spectateur nage en plein fantasme. Et même, en plein délire.
Imaginez : comme si le simple fait de croiser l'ADN de deux
requins pouvait suffire à résoudre les soucis de dégénérescence
cérébrales chez l'homme. Mieux : comme si cela pouvait
accentuer l'intelligence des squales. Mieux (bis) : comme si cela pouvait
leur permettre de se déplacer à reculons. Plus résistant que nos
monstres marins et plus improbable encore, l'endurance physique de
certains personnages. Croqué et se vidant de son sang, devinez qui
survivra jusqu'à la fin de l'histoire ? Le rappeur New-yorkais LL
Cool J qui incarne un sympathique cuistot. Même pas mal...
Même
pas mal non plus pour l'acteur Thomas Jane qui incarne Carter Blake,
l'équivalent d'un chasseur de la savane mais en milieu aquatique. Une
belle gueule de héros et un corps en acier si l'on tient compte du
fait qu'il survit à la fin lui aussi à l'issue d'une terrible
explosion qui aurait normalement dû le laisser sur le carreau. La
magie du cinéma... Mais une magie qui n'aura aucune pitié pour la
gente féminine représentée par les actrices Saffron Burrows et
Jacqueline McKenzie. Les scénaristes ont en effet opté, chose rare,
pour une fin entre hommes. Duncan Kennedy, Donna Powers et Wayne
Powers trouvant sans doute plus judicieux de débarrasser de
l'intrigue la pleureuse/gueularde de service avant que le spectateur
ne pète littéralement un câble, ainsi que la responsable de tout
ce remue-ménage. À dire vrai, Deep Blue Sea
fait
beaucoup rire. Plus qu'il n'effraie en réalité. Il n'y a qu'à voir
comment Renny Harlin traite la disparition du toujours excellent
Samuel L. Jackson pour s'en convaincre. À mourir de rire. Tiens,
puisque l'on évoque les ''guests'', précisons que parmi les
principaux interprètes, le spectateur aura le plaisir de retrouver
également l'acteur suédois Stellan Skarsgård dans le rôle de Jim
Whtilock...
Action
effrénée, morts nombreuses, rires (involontaires), effroi (aux
abonnés absents), Deep Blue Sea
bat le chaud et le froid et ne retient en réalité l'attention du
spectateur que grâce à l'énergie déployée par la mise en scène
et l'interprétation. L'une des originalités du long-métrage de
Renny Harlin est d'avoir exclusivement concentré son action autour
de la base aquatique. L'incongruité de certaines séquences est
telle que tout sentiment d'angoisse est balayé d'un revers de
caméra. Et ne parlons même pas de certains effets-spéciaux... Ou
plutôt si, parlons-en. Si les décors de Joseph Bennett et William
Sandell participent grandement à une certaine oppression qu'il faut
leur reconnaître, les effets-spéciaux à base d'images de synthèse
sont très souvent imbuvables. Le déplacement des requins, leurs
attaques ainsi que les victimes qu'ils tiennent entre leurs
puissances mâchoires sont visuellement rédhibitoires. L'action,
dans ces cas là, sonne terriblement faux. N'oublions pas que six
ans auparavant sortait sur les écrans de cinéma Jurassik
Park
de Steven Spielberg et ses fabuleux effets-spéciaux. Aucune excuse,
donc. À part, peut-être, un budget insufifisant ? Quoique,
soixante-millions de dollars...
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