En attendant de retourner
voir ce qu'il se passait il y a des décennies du côté des Kaiju
Eiga, petit aparté consacré à
l'un des derniers longs-métrages interprétés par Bruce Willis. On
pourrait penser qu'à force de visionner de la merde au kilomètre
l'on pourrait s'étonner de penser découvrir cette ancienne star du
cinéma d'action non plus dans des nanars de dernière zone mais au
contraire, dans ce qui pourrait devenir la nouvelle référence en
matière de petits budgets et du cinéma d'action. Ouais, bon, faut
quand même pas exagérer. À lui seul, John Wick
remet les pendules à l'heure. Il n'y a rien de moins complexe que de
définir la carrière de Bruce Willis. Deux étapes : celle qui
fit de lui l'une des grandes figures du cinéma de gros bras surarmés
et celle qui le vit peu à peu s'effondrer jusqu'à ne le découvrir
que sous son jour le plus sombre. Sans avoir à remonter trop loin
dans sa carrière, il suffirait juste d'énumérer les deux ou trois
années qui viennent de s'écouler pour constater que parmi les
dizaines de longs-métrages qui ont profité de son image, aucun, je
dis bien aucun, ne peut trouver grâce aux yeux des fans de l'artiste
et des amateurs du cinéma d'action !
Paradise City
est pour l'instant l'antépénultième film de Bruce Willis à avoir
été mis à disposition en VOD.
Et c'est avec un acharnement digne du sort qui fut notamment accordé
à Survive,
Hard Kill,
Cosmic Sin
ou encore White Elephant
que les critiques avilissantes pleuvent sur ce film qui, loin d'être
parfait, mérite mieux que le sort qui lui est réservé. Sans être
l'utopique long-métrage de la renaissance et encore moins le miracle
qui pouvait laisser espérer que l'on pouvait encore tirer bénéfice
d'un acteur neurologiquement diminué, Paradise
City reste
pourtant sans doute, le meilleur film dans lequel ait joué Bruce
Willis depuis des années. La présence au générique du réalisateur
Chuck Russell (Les griffes du cauchemar,
Le blob,
The Mask
ou L'effaceur)
n'est peut-être pas étranger à l'effort qui est fait de la part de
l'une des anciennes icônes du cinéma d'épouvante. Un cinéaste et
un matériau de base qui plus que de remplir les poches des
producteurs semble avoir réellement pour but de réhabiliter Bruce
Willis. Car bien que l'acteur ne soit souvent que très succinctement
visible à l'image, le réalisateur lui a offert ses dialogues parmi
les plus fournis depuis belle lurette. Prenez quatre ou cinq des
derniers longs-métrages qui ont vu l'acteur officiellement
interpréter le rôle principal (une authentique escroquerie à vrai
dire), additionnez les lignes de dialogues et vous obtenez en gros,
la quantité de phrases qu'il aura produites dans Paradise
City...
Chuck
Russell n'étant pas un manche même si depuis quelques années cet
ancien spécialiste du cinéma d'épouvante a perdu de son aura, son
dernier long-métrage a ce petit plus qui lui permet de ne pas se
confondre avec les myriades de purges qui ont mis en scène Bruce
Willis. Certains s'étonnent de voir participer au projet l'acteur
John Travolta. Sans doute ont-ils oublié sa collaboration au
désastreux Terre, champ de bataille
(Battlefield Earth)
du réalisateur et scénariste britannique Roger Christian. Œuvre
épouvantable, donnant des aigreurs d'estomac et des maux de tête
car demeurant parmi ce qu'à enfanté de pire le septième art. Et
tant mieux, lorsque l'on sait que l'auteur du roman original ne fut
pas moins que le fondateur de la Scientologie à laquelle adhère
justement l'acteur, nombreux aurions-nous été désolés si la suite
prévue avait vu le jour ! Attention ! Paradise
City
n'est pas un chef-d’œuvre. Même pas un bon film. Mais pour celui
qui recherche une œuvre sans véritable temps mort (patience,
patience car le premier quart-d'heure donne tout de même envie de
piquer du nez) et une diversité de décors et de situations, le film
de Chuck Russell fait le taf. Mieux, Bruce Willis n'atteint ici plus
ses limites après une seule phrase récitée sans le moindre soupçon
d'âme mais les enchaîne parfois même si aucune émotion ne se lit
sur son visage. Beaucoup de gunfights, de blessures en CGI,
un chouia de chamanisme et des décors de rêve comme celui de cette
cité paradisiaque qui donne son nom au film et où se retrouvent les
protagonistes parmi lesquels Blake Jenner et Praya Lundberg tiennent
la dragée haute à leurs partenaires. Le sujet ? Un chasseur de
prime dont le père est officiellement mort et une fliquette se
lancent sur la trace de celui qui l'a tué. En l'occurrence, John
Travolta qui dans le rôle de Buckley croyait sans doute retrouver la
glorieuse époque du Volte/face
de John Woo (dans les deux cas, son personnage change de visage).
Rien que de très convenu mais Bruce Willis y sort la tête de l'eau
au sens propre comme au figuré. Tout dernier sursaut de vie offert
par un honnête artisan du cinéma. Respect !
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