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mercredi 26 avril 2023

Invasion Planète X (Kaijū Daisenso) d'Ishirō Honda (1965) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Quel rapport peut-il y a voir entre les séries L'âge de cristal et ? Un long-métrage tout droit sorti du pays du Soleil Levant réalisé par le japonais Ishirō Honda. Un Kaiju Eiga comme le pays en produisit énormément dans le courant des années soixante et parmi lesquels Invasion Planète X (Kaijū Daisenso) fait figure de curiosité. Une œuvre fantastique s'accouplant à la science-fiction tout en ne demeurant pas forcément aussi passionnant que les films précédents de son auteur. Ponctué de maladresses aussi visibles qu'un furoncle au beau milieu du visage, le long-métrage d'Ishirō Honda convie les spectateurs à un voyage par delà les nuages, dans l'espace infini et plus particulièrement aux abords de Jupiter où une mission dirigée par deux cosmonautes fait la découverte d'un satellite auquel ils donneront le nom de Planète X. Glenn Amer (l'acteur américain Nick Adams) et Fuji (le japonais Akira Takarada) découvrent rapidement qu'une civilisation vit sous la surface et craint la présence d'une créature qui menace à tout instant de détruire ses représentants : King Ghidorah qui, doté de ses trois têtes, et après avoir quitté la Terre l'année précédente à la fin de Ghidorah, le monstre à trois têtes (San daikaijû: Chikyu Saidai no Kessen) lui-même réalisé par Ishirō Honda, frôle invariablement la surface de la Planète X en tirant un triple faisceau laser !


La vie souterraine de ses habitants est régie par un ordinateur. D'où le rapport ténu qu'entretient le long-métrage avec L'âge de cristal, série qui verra le jour la décennie suivante sur le territoire américain et dans laquelle, là aussi, la vie des descendants d'une population ayant survécu à un holocauste nucléaire allait vivre selon les préceptes érigés par une machine surpuissante que l'on nommerait Le Penseur. Première gifle : les effets-spéciaux et autres décors. Oui, en effet, c'est bien une gifle que l'on se prend devant ce Invasion Planète X visuellement régressif. Alors qu'Ishirō Honda nous avait jusque là habitués à des présentations très convaincantes et qui depuis ont relativement bien vieillies (terme à prendre avec des pincettes), ce film financé à hauteur de cent-trente deux millions de yens (soit environ huit-cent quatre-vingt six milles euros) ne bénéficie pas des décors de qualités de Mothra qui lui, bénéficia d'un budget de deux-cent millions de yens (environ un million et trois-cent quarante-cinq mille euros). Des décors délicieusement cheap de ce dernier, on passe à des environnements parfois franchement ringards. Des décors de carton-pâte qui ne sont pas sans faire parfois penser à l'une des plus célèbres séries de science-fiction américaines de la fin des années soixante (je vous laisse deviner laquelle). Quant à l'intrigue, elle se positionne presque comme proportionnellement inverse à celle de Mothra, justement. Dans celui-ci, l'usage voulait que ''l'appel de la bête'' soit bénéfique à l'homme (et plus précisément aux jumelles Shobijin) tandis que dans le cas de Invasion Planète X (sorti sur le territoire américain sous le titre plutôt délirant de Invasion of Astro-Monster), l'on découvre bientôt que Godzilla et Rodan n'auront pas comme unique but de combattre King Ghidorah mais de débarrasser la Terre de leur présence et ainsi permettre aux habitants de la Planète X de coloniser la notre...


Là s'imposent alors quelques invraisemblances de taille qu'il serait trop long à énumérer dans le détail. Mais pour faire simple, pourquoi les habitants de la Planète X se donneraient-il par exemple la peine de demander de l'aide aux humains alors même qu'une partie de sa population semble être déjà implantée sur le sol de notre planète ? Certaines idées seront reprises beaucoup plus tard par la série V de Kenneth Johnson diffusée pour la première fois les 1er et 2 mai 1983 sur le réseau américain NBC. Une race hostile venue s'implanter sur Terre avec a priori de bonnes intentions... lesquelles seront très rapidement contredites puisque les extraterrestres se montreront finalement hostiles dans un cas comme dans l'autre. La résistance faisant face à l'envahisseur, le sujet est forcément bien moins exploité que lors de la série en raison d'une durée qui ne permettait pas de développer la thématique aux mêmes extrémités que l'excellente V. Les stricts amateurs de Kaiju Eiga risquent en outre de faire grise mine vu le peu d'usage que fait étonnamment Ishirō Honda des créatures mythiques dont il fut le créateur en 1954 (Godzilla), 1956 (Mothra) et 1964 (Ghidrah, le monstre à trois têtes). On a droit à l'idylle entre un humain et une extraterrestres (OUI, comme le lézard Willie et l'humaine Harmony Moore de la série V). Ici, les extraterrestres ne diffèrent de l'homme qu'à travers leurs uniformes, leur teint blême et leurs étranges lunettes qui leur barrent les yeux. Nous retrouvons l'intervention de l'armée, des politiques et des scientifiques chers à ce genre de productions. Mais au final, si Invasion Planète X demeure plaisant à regarder, il s'agit tout de même d'une œuvre mineure dans la filmographie d'Ishirō Honda et dans le genre Kaiju Eiga... Bon... Et puis, il n'est tout de même pas impossible que le dieu Godzilla vous arrache quelques éclats de rire. Non mais sérieux, c'est quoi cette façon de sautiller sur place ou de s'agiter comme si une souris s'était glissée dans le costume de Haruo Nakajima... ?

 

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