Quel rapport peut-il y a
voir entre les séries L'âge de cristal et
V ?
Un long-métrage tout droit sorti du pays du Soleil Levant réalisé
par le japonais Ishirō Honda. Un Kaiju
Eiga
comme le pays en produisit énormément dans le courant des années
soixante et parmi lesquels Invasion Planète X
(Kaijū Daisenso)
fait figure de curiosité. Une œuvre fantastique s'accouplant à la
science-fiction tout en ne demeurant pas forcément aussi passionnant
que les films précédents de son auteur. Ponctué de maladresses
aussi visibles qu'un furoncle au beau milieu du visage, le
long-métrage d'Ishirō Honda convie les spectateurs à un voyage par
delà les nuages, dans l'espace infini et plus particulièrement aux
abords de Jupiter où une mission dirigée par deux cosmonautes fait
la découverte d'un satellite auquel ils donneront le nom de Planète
X.
Glenn Amer (l'acteur américain Nick Adams) et Fuji (le japonais
Akira Takarada) découvrent rapidement qu'une civilisation vit sous
la surface et craint la présence d'une créature qui menace à tout
instant de détruire ses représentants : King Ghidorah qui,
doté de ses trois têtes, et après avoir quitté la Terre l'année
précédente à la fin de Ghidorah, le monstre à
trois têtes
(San daikaijû: Chikyu Saidai no Kessen)
lui-même réalisé par Ishirō Honda, frôle invariablement la
surface de la Planète
X
en tirant un triple faisceau laser !
La
vie souterraine de ses habitants est régie par un ordinateur. D'où
le rapport ténu qu'entretient le long-métrage avec L'âge
de cristal,
série qui verra le jour la décennie suivante sur le territoire
américain et dans laquelle, là aussi, la vie des descendants d'une
population ayant survécu à un holocauste nucléaire allait vivre
selon les préceptes érigés par une machine surpuissante que l'on
nommerait Le
Penseur.
Première gifle : les effets-spéciaux et autres décors. Oui,
en effet, c'est bien une gifle que l'on se prend devant ce Invasion
Planète X visuellement
régressif. Alors qu'Ishirō Honda nous avait jusque là habitués à
des présentations très convaincantes et qui depuis ont relativement
bien vieillies (terme à prendre avec des pincettes), ce film financé
à hauteur de cent-trente deux millions de yens (soit environ
huit-cent quatre-vingt six milles euros) ne bénéficie pas des
décors de qualités de Mothra
qui lui, bénéficia d'un budget de deux-cent millions de yens
(environ un million et trois-cent quarante-cinq mille euros). Des
décors délicieusement cheap de ce dernier, on passe à des
environnements parfois franchement ringards. Des décors de
carton-pâte qui ne sont pas sans faire parfois penser à l'une des
plus célèbres séries de science-fiction américaines de la fin des
années soixante (je vous laisse deviner laquelle). Quant à
l'intrigue, elle se positionne presque comme proportionnellement
inverse à celle de Mothra,
justement. Dans celui-ci, l'usage voulait que ''l'appel
de la bête''
soit bénéfique à l'homme (et plus précisément aux jumelles
Shobijin) tandis que dans le cas de Invasion
Planète X (sorti
sur le territoire américain sous le titre plutôt délirant de
Invasion of Astro-Monster),
l'on découvre bientôt que Godzilla et Rodan n'auront pas comme
unique but de combattre King Ghidorah mais de débarrasser la Terre
de leur présence et ainsi permettre aux habitants de la Planète
X
de coloniser la notre...
Là
s'imposent alors quelques invraisemblances de taille qu'il serait
trop long à énumérer dans le détail. Mais pour faire simple,
pourquoi les habitants de la Planète
X
se donneraient-il par exemple la peine de demander de l'aide aux
humains alors même qu'une partie de sa population semble être déjà
implantée sur le sol de notre planète ? Certaines idées
seront reprises beaucoup plus tard par la série V
de
Kenneth Johnson diffusée pour la première fois les 1er et 2 mai
1983 sur le réseau américain NBC. Une race hostile venue
s'implanter sur Terre avec a priori de bonnes intentions...
lesquelles seront très rapidement contredites puisque les
extraterrestres se montreront finalement hostiles dans un cas comme
dans l'autre. La résistance faisant face à l'envahisseur, le sujet
est forcément bien moins exploité que lors de la série en raison
d'une durée qui ne permettait pas de développer la thématique aux
mêmes extrémités que l'excellente V.
Les stricts amateurs de Kaiju
Eiga
risquent en outre de faire grise mine vu le peu d'usage que fait
étonnamment Ishirō Honda des créatures mythiques dont il fut le
créateur en 1954 (Godzilla),
1956 (Mothra)
et 1964 (Ghidrah, le monstre à trois têtes).
On a droit à l'idylle entre un humain et une extraterrestres (OUI,
comme le lézard Willie et l'humaine Harmony Moore de la série V).
Ici, les extraterrestres ne diffèrent de l'homme qu'à travers leurs
uniformes, leur teint blême et leurs étranges lunettes qui leur
barrent les yeux. Nous retrouvons l'intervention de l'armée, des
politiques et des scientifiques chers à ce genre de productions.
Mais au final, si Invasion Planète X demeure
plaisant à regarder, il s'agit tout de même d'une œuvre mineure
dans la filmographie d'Ishirō Honda et dans le genre Kaiju
Eiga...
Bon... Et puis, il n'est tout de même pas impossible que le dieu
Godzilla vous arrache quelques éclats de rire. Non mais sérieux,
c'est quoi cette façon de sautiller sur place ou de s'agiter comme
si une souris s'était glissée dans le costume de Haruo
Nakajima... ?
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