Durant sa carrière
d'auteur de films documentaires, d’œuvres fantastiques, de
téléfilms et de séries télévisées, seul La plus longue
nuit du Diable
de Jean Brismée semble avoir eu les honneurs d'une sortie en salle
dans son pays, la Belgique, ainsi qu'en France ou en Italie. Œuvre
mystico-horrifique où une succube charme puis élimine un groupe de
vacanciers des siècles après qu'une famille d'origine allemande ait
passé un pacte avec le Diable, on rapprochera le travail du belge de
celui d'un auteur bien de chez nous connu sous le nom de Jean Rollin,
spécialiste Z du fantastique français des années 70/80 connu pour
sa passion pour les vampires et autres succubes. Concernant La
plus longue nuit du Diable,
lorsqu'en 1945, l'un des descendants de la famille en question
choisit de rompre l'accord signé avec le Malin en tuant de ses
propres mains la fille que lui a donné son épouse morte en couche,
il met donc fin à cette longue ''tradition'' qui voulait jusqu'à
maintenant que chaque fille aînée de chaque génération soit
offerte en sacrifice au Diable. Le récit se déroule donc dans le
château des Von Rumberg durant la seconde moitié du vingt et unième
siècle, désormais propriété d'un Baron, ancien nazi durant la
Seconde guerre mondiale. Ce que personne ne sait, c'est que sa propre
fille, celle qu'il avait choisit de sacrifier afin de mettre un terme
à la malédiction, est toujours en vie. Succube de Satan, elle va,
le temps d'une poignée d'heures, tuer les vacanciers venus se
réfugier pour la nuit au château. Composée par le musicien italien
Alessandro Alessandroni (lequel est devenu célèbre en ''sifflant''
sur les partitions des célèbres westerns spaghetti de son
compatriote Sergio Leone), la bande musicale baroque de La
plus longue nuit du Diable
offre au long-métrage de Jean Brismée une curieuse atmosphère
mixant épouvante et mysticisme dans le cadre d'un château possédant
davantage de longs couloirs que de cachet personnel. Rien à voir,
donc,avec le sublime gothique du cinéma britannique des années
cinquante ou soixante mais une volonté de sexualiser le propos à
travers quelques séquences pourtant relativement timides en terme
d’effeuillage. En effet, si l'on pressent que l'actrice italienne
Erika Blanc (laquelle incarne la succube Lisa Müller) s'apprête
souvent à baisser la garde lorsque d'un doigt discret elle défait
le nœud de son corset, elle stoppe pourtant la progression avant que
l’œil averti du spectateur ou du personnage qui lui fait face ne
fourre son nez de plus près dans son intimité...
Il
se dégage du long-métrage, également connu sous les titres Au
service du Diable
et La nuit des pétrifiés,
une ambiance moite, charnelle et quasiment érotique malgré
l'avarice dont font preuve dans ce dernier cas la mise en scène et
les interprètes. L'un des points faibles du récit demeure dans
l’exiguïté du scénario de Jean Brismée et de Pierre-Claude
Garnier dont l'héroïne est bizarrement incarnée par l'antagoniste
du récit. Erika Blanc interprète en effet une jeune, belle et
plantureuse succube qui attire dans ses filets ses prochaines
victimes en jouant de ses charmes. Notons également que si le film
est bien d'origine belge, il s'agit d'une œuvre coproduite en
compagnie de l'Italie et que le casting est constitué d'interprètes
de divers horizons. C'est ainsi que l'on retrouve notamment les
acteurs belges Christian Maillet et Jean Servais qui tourna beaucoup
chez nous, le français Lucien Raimbourg ou encore Daniel Emilfork,
acteur d'origine franco-chilienne qui interprète ici le rôle de
Satan. Le déroulement est des plus classique. Surtout lorsque les
convives sont installés au château et que la danse de mort commence
à faire des victimes un peu partout. Un homme meurt empoisonné
alors qu'il prenait un repas tardif dans la grande salle à manger,
un autre est décapité tandis que sa maîtresse se retrouve enfermée
et poignardée à l'intérieur d'un sarcophage. Une autre, encore,
est retrouvée sans vie alors qu'elle vient d'être mordue par un
serpent. La plus longue nuit du Diable,
c'est un peu comme un Whodunit
sans scénario (ou presque), sans mystère à résoudre et dont
l'identité du coupable est très rapidement établie. Rien que de
très commun en réalité, avec ses meurtres peu sanglants (à part
la décapitation dont l'effet est visible à mille lieues à la
ronde) et une Erika Blanc tantôt charmante, tantôt glaçante. C'est
d'ailleurs sur elle que repose le principal intérêt du film. Une
curiosité et une alternative au cinéma fantastico-franchouillard de
notre Jean Rollin national...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire