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dimanche 30 avril 2023

La Légende de Zatoïchi (IX) : La Lettre (Zatōichi Sekisho Yaburi) de Kimiyoshi Yasuda (1964) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Il y a bien longtemps que je n'avais pas abordé la franchise Zatoïchi initiée en 1962 avec La Légende de Zatoïchi : Le Masseur aveugle (Zatōichi Monogatari), poursuivie pendant des années jusqu'en 1973 à travers vingt-cinq opus, reprise en 1989 avec La Légende de Zatoïchi : L'Odyssée finale (Zatoïchi) et à l'origine d'un remake éponyme signé du réalisateur japonais Takeshi Kitano en 2003. Depuis, plus rien mais quand même, vingt-sept longs-métrages tous dévoués au seul et même personnage qui donne son nom à l’œuvre toute entière et dont La Légende de Zatoïchi : La Lettre (Zatōichi Sekisho Yaburi) fut le neuvième volet. L'une des particularités de cette immense et très populaire saga dans son pays d'origine provient du fait que le héros central est aveugle, ce qui ne l'empêche pas d'être passé maître dans l'art du iaijutsu. Une technique de combat au sabre qui lui permet non seulement de se sortir régulièrement de situations périlleuses mais qui lui donne en outre l'occasion de venir en aide à la veuve et l'orphelin. Le très prolifique réalisateur Kimiyoshi Yasuda signait en 1964 sa seconde participation à la saga mais pas sa dernière puisqu'il réalisera également les quinzième, dix-huitième, vingt-deuxième et vingt-cinquième épisodes. C'est lui-même qui conclura la franchise d'origine puisque l'acteur Shintarō Katsu (qui incarne le rôle-titre) attendra seize ans pour mettre quasiment un terme à la légende du masseur aveugle en 1989 avec La Légende de Zatoïchi : L'Odyssée finale (Zatōichi). Dans cette neuvième aventure, Zatoïchi se rend à Kasama lorsqu'il croise la route d'un inconnu du nom de Shinsuke qui lui demande de remettre en main propre à sa sœur Sen, une lettre. Acceptant de rendre ce service sans contrepartie, Zatoïchi arrive en ville, donne la lettre à sa destinataire et lui demande en échange de bien vouloir l'abriter pour la nuit à l'auberge où elle travaille. La lettre est l'occasion pour notre héros aveugle de se frotter à un nouveau groupe d'antagonistes à la tête duquel se trouve un certain Kamozo, lui-même sous les ordres d'un nouvel intendant du nom de Gorota Kajima qui impose que lui soient versés quarante pour cent des recettes que feront les marchands et autres amuseurs publics venus commercer à Kasama cette année. Ne pouvant plus faire machine arrière, ceux-ci acceptent le marché malgré eux. Lorsque Kamozo et ses hommes apprennent que Shinsuke a fuit l'île sur laquelle il était retenu prisonnier, ils tentent d'approcher Sen afin de savoir si elle connaît les intentions de son frère. Mais heureusement pour la jeune femme, Zatoïchi est là et va veiller à ce que rien de mal ne lui arrive...


Derrière sa bonhomie, son rire de grand dadais, son extrême courtoisie, la réputation de Zatoïchi le précède. Comment ne pas se sentir nerveux devant cet homme qui malgré sa cécité manie le sabre comme nul autre pareil ? Comme le démontreront plusieurs séquences à l'image de celle située dans le cercle de jeu, le masseur aveugle conserve le même charisme film après film. Débonnaire et affable, c'est par lui que la justice passera une fois encore dans cette nouvelle aventure toujours située durant la période Edo qui s'étendit du début du dix-septième siècle jusqu'aux environs de l'année 1868. C'est fort logiquement que le long-métrage s'inscrit dans un Japon traditionnel où les hommes portent le Kimono, le Haori, le Jinbei ou le Hakama tandis que les femmes portent aux pieds les fameuses sandales en bois Geta, une large ceinture du nom de Obi autour de la taille maintenue par un Obi-makura. Côté coiffure, les premiers portent le Chonmage et leurs compagnes le Shimada mage. La lettre se situe donc dans un contexte historique gouverné par des règles et des coutumes stricts qui ne sont pour autant pas respectées par tous comme le démontre le long-métrage de Kimiyoshi Yasuda. Zatoïchi fait donc figure de justicier, proche d'un peuple souvent miséreux. Souvent caricatural, voire théâtral, le film met en scène une brochette de criminels dont l'attitude est proche de l’expressionnisme dans une version culturellement différente du cinéma allemand du début du vingtième siècle. Mais comment peut-on continuer à se passionner pour un personnage qui depuis maintenant neuf longs-métrages éparpillés en seulement trois années n'a pas vraiment évolué ? Tout simplement parce que Shintarō Katsu incarne un Zatoïchi toujours aussi attachant, qui derrière son apparente sérénité et sa simplicité cache un homme fort, maîtrisant l'arme blanche comme personne. Une vision profondément humaniste, une reconstitution historique d'un Japon féodal en fin de vie. Parfois vaudevillesque et amenant donc le spectateur à rire aux éclats, La lettre est comme ses prédécesseurs, un voyage dans le temps, entre drame, thriller et comédie. L'année suivante, le réalisateur Kazuo Mori prendra le relais pour la seconde fois en réalisant le dixième volet de la franchise intitulé La Légende de Zatoïchi : La Revanche (Zatōichi Nidan-Kiri)...

 

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