Il y a bien longtemps que
je n'avais pas abordé la franchise Zatoïchi initiée en 1962 avec
La Légende de Zatoïchi : Le Masseur aveugle
(Zatōichi Monogatari),
poursuivie pendant des années jusqu'en 1973 à travers vingt-cinq
opus, reprise en 1989 avec La Légende de
Zatoïchi : L'Odyssée finale (Zatoïchi)
et à l'origine d'un remake éponyme signé du réalisateur japonais
Takeshi Kitano en 2003. Depuis, plus rien mais quand même,
vingt-sept longs-métrages tous dévoués au seul et même personnage
qui donne son nom à l’œuvre toute entière et dont La
Légende de Zatoïchi : La Lettre (Zatōichi
Sekisho Yaburi)
fut le neuvième volet. L'une des particularités de cette immense et
très populaire saga dans son pays d'origine provient du fait que le
héros central est aveugle, ce qui ne l'empêche pas d'être passé
maître dans l'art du iaijutsu.
Une technique de combat au sabre qui lui permet non seulement de se
sortir régulièrement de situations périlleuses mais qui lui donne
en outre l'occasion de venir en aide à la veuve et l'orphelin. Le
très prolifique réalisateur Kimiyoshi Yasuda signait en 1964 sa
seconde participation à la saga mais pas sa dernière puisqu'il
réalisera également les quinzième, dix-huitième, vingt-deuxième
et vingt-cinquième épisodes. C'est lui-même qui conclura la
franchise d'origine puisque l'acteur Shintarō Katsu (qui incarne le
rôle-titre) attendra seize ans pour mettre quasiment un terme à la
légende du masseur aveugle en 1989 avec La
Légende de Zatoïchi : L'Odyssée finale
(Zatōichi).
Dans cette neuvième aventure, Zatoïchi se rend à Kasama lorsqu'il
croise la route d'un inconnu du nom de Shinsuke qui lui demande de
remettre en main propre à sa sœur Sen, une lettre. Acceptant de
rendre ce service sans contrepartie, Zatoïchi arrive en ville, donne
la lettre à sa destinataire et lui demande en échange de bien
vouloir l'abriter pour la nuit à l'auberge où elle travaille. La
lettre
est l'occasion pour notre héros aveugle de se frotter à un nouveau
groupe d'antagonistes à la tête duquel se trouve un certain Kamozo,
lui-même sous les ordres d'un nouvel intendant du nom de Gorota
Kajima qui impose que lui soient versés quarante pour cent des
recettes que feront les marchands et autres amuseurs publics venus
commercer à Kasama cette année. Ne pouvant plus faire machine
arrière, ceux-ci acceptent le marché malgré eux. Lorsque Kamozo et
ses hommes apprennent que Shinsuke a fuit l'île sur laquelle il
était retenu prisonnier, ils tentent d'approcher Sen afin de savoir
si elle connaît les intentions de son frère. Mais heureusement pour
la jeune femme, Zatoïchi est là et va veiller à ce que rien de mal
ne lui arrive...
Derrière
sa bonhomie, son rire de grand dadais, son extrême courtoisie, la
réputation de Zatoïchi le précède. Comment ne pas se sentir
nerveux devant cet homme qui malgré sa cécité manie le sabre comme
nul autre pareil ? Comme le démontreront plusieurs séquences à
l'image de celle située dans le cercle de jeu, le masseur aveugle
conserve le même charisme film après film. Débonnaire et affable,
c'est par lui que la justice passera une fois encore dans cette
nouvelle aventure toujours située durant la période Edo
qui s'étendit du début du dix-septième siècle jusqu'aux environs
de l'année 1868. C'est fort logiquement que le long-métrage
s'inscrit dans un Japon traditionnel où les hommes portent le
Kimono,
le Haori,
le Jinbei
ou le Hakama
tandis que les femmes portent aux pieds les fameuses sandales en bois
Geta,
une large ceinture du nom de Obi
autour
de la taille
maintenue par un Obi-makura.
Côté coiffure, les premiers portent le Chonmage
et leurs compagnes le Shimada
mage.
La lettre se
situe donc dans un contexte historique gouverné par des règles et
des coutumes stricts qui ne sont pour autant pas respectées par tous
comme le démontre le long-métrage de Kimiyoshi Yasuda. Zatoïchi
fait donc figure de justicier, proche d'un peuple souvent miséreux.
Souvent caricatural, voire théâtral, le film met en scène une
brochette de criminels dont l'attitude est proche de
l’expressionnisme dans une version culturellement différente du
cinéma allemand du début du vingtième siècle. Mais comment
peut-on continuer à se passionner pour un personnage qui depuis
maintenant neuf longs-métrages éparpillés en seulement trois
années n'a pas vraiment évolué ? Tout simplement parce que
Shintarō Katsu incarne un Zatoïchi toujours aussi attachant, qui
derrière son apparente sérénité et sa simplicité cache un homme
fort, maîtrisant l'arme blanche comme personne. Une vision
profondément humaniste, une reconstitution historique d'un Japon
féodal en fin de vie. Parfois vaudevillesque et amenant donc le
spectateur à rire aux éclats, La lettre
est comme ses prédécesseurs, un voyage dans le temps, entre drame,
thriller et comédie. L'année suivante, le réalisateur Kazuo Mori
prendra le relais pour la seconde fois en réalisant le dixième
volet de la franchise intitulé La Légende de
Zatoïchi : La Revanche
(Zatōichi Nidan-Kiri)...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire