Bienvenue dans l'univers
de l'un des chiens fous du cinéma japonais, Sion Sono. Avant
d'entrer plus en détails dans de prochains articles sur le monde de
ce cinéaste hors du commun que l'on pourrait parfois comparer au
tout aussi original Shin'ya Tsukamoto, plongeons directement dans cet
Exte – Hair Extension
qui d'une certaine manière, en brassant les genres, est l'exemple
même d'exercice auquel le réalisateur aime s'adonner. Ce
long-métrage de 2007 est aussi clair dans son déroulement que peut
être indéfinissable la catégorie dans lequel le ranger.
C'est pourquoi l'on placera Exte – Hair Extension
dans diverses cases et donc autant de catégories. Car ce film dont
le titre n'est pas seul à entretenir le mystère sur son contenu
peut être envisagé d'une part comme une comédie... à laquelle,
justement, auront été ajoutées quelques extensions, pour son côté
dramatique, horrifique ainsi que pour l'enquête policière qui y est
menée. Derrière l'ironie que déballe le titre qui n'est pourtant
pas tout à fait la traduction littérale de l'original Ekusute
(lequel
signifie plus précisément Rallonge)
se cache en somme l'idée conductrice du récit. En réalité, Exte
ne voulant rien dire de précis tout en offrant une image assez
précise des intentions de Sion Sono et de ses scénaristes Masaki
Adachi et Makoto Sanada, le film aurait tout aussi bien pu n'être
que le récit d'une toute jeune coiffeuse-stagiaire en butte avec une
frangine délurée, mère d'une gamine qu'elle-même bat quand elle
ne la néglige pas simplement. Trois ans avant nous avoir asséné un
Cold Fish
inspiré des méfaits du couple de tueurs en série Sekine Gen et
Hiroko Kazama, Sion Sono s'intéressait à un autre type de cinéma
de l'horreur dont le moteur n'avait alors rien de visiblement commun
avec la société actuelle bien qu'en réalité, le propos, fut-il
mis en image de manière délirante, repose sur la mode consistant en
une modification corporelle. Ici, apparemment, une pratique innocente
nourrissant une tradition qui se perpétrait déjà chez l'homme
japonais à l'époque des samouraïs. Bref, avoir les cheveux longs
et soyeux est sans doute demeuré encore aujourd'ui au Pays du Soleil
Levant plus qu'ailleurs, une marque de beauté... et le fond de
commerce d'une propriétaire de salon de coiffure au très curieux
nom d'enseigne (''Gilles
de Rais'',
dit Barbe-Bleue qui au quinzième siècle fut tout de même soupçonné
d'avoir été à l'origine du meurtre d'environ huit-cent enfants)
embauchant de jeunes stagiaires dont...
Yûko
Mizushima (l'actrice Chiaki Kuriyama), jeune femme vivant en
collocation avec Yuki Morita (Megumi Satô) et recevant la visite
régulière de sa sœur Kiyomi (Tsugumi), jeune femme violente, mère
d'une jeune enfant à laquelle elle inflige de vilaines marques sur
tout le corps. Le côté dramatique de cette comédie étant ainsi
installé, en prélude à la tragédie annoncée a précédé la
découverte d'un corps et d'une incroyable quantité de cheveux
enfermés dans un container par trois agents de sécurité. Direction
la morgue et rencontre avec les deux inspecteurs qui seront chargés
d'enquêter sur les origines de cette mort suspectes mais aussi et
surtout avec un employé des lieux, fasciné par les cheveux des
cadavres mais pas n'importe lesquels puisqu'ils se doivent d'être
parfaits. Transportant le cadavre chez lui, l'homme va très
rapidement découvrir que les cheveux de la morte continuent à
pousser et ce, dans d'extraordinaires proportions... Sur un ton que
l'on jugera moins irrespectueux que moqueur, Sion Sono semble d'une
part railler gentiment cette habitude plus que superficielle
consistant à ajouter tel ou tel artifice pour se rendre plus
attirant. Sans avoir recours à la chirurgie esthétique ou aux
tatouages et autres implants que celui de cheveux, le réalisateur
japonais semble ainsi s'amuser avec les codes du cinéma d'horreur
propres à son pays tendance ''fantômes japonais'' en exploitant
l'un des éléments majeurs qui accélérèrent le pouls des
spectateurs venus assister en salle aux projections antérieures de
Ringu
de Hideo Nakata et de Ju-On de
Takashi Shimizu. Si, en outre, Exte – Hair
Extension évoque
un réel intérêt dans la diversité des intrigues et les divers
changements de ton avec lesquels il les exploite, la sobriété de la
mise en scène est jouissivement mise en péril lors de trois ou
quatre assauts ''capillaires'' visuellement bluffants ! Peu de
chance de ressortir de la projection le cœur au bord de la rupture
ni de faire la nuit venue le moindre cauchemar. Reste tout de même
une sympathique comédie dramatique, des personnages attachants et
quelques visuels délirants...
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