Certains ne s'en
souviennent peut-être pas, mais les deux principaux interprètes de
La Carapate
ne se sont pas rencontrés pour la première fois dans le film de
Claude Zidi en 1978 mais sur le tournage du troisième long-métrage
de Pierre Richard, Je sais Rien, mais Je dirai
Tout (Victor
y incarnait le tout petit rôle d'un ouvrier). Ces deux films seront
les seules occasions pour les deux acteurs de jouer ensemble au
cinéma. Et pourtant, lorsque Victor Lanoux nous a quitté, Pierre
Richard témoignait de son attachement pour un homme qu'il
considérait comme un véritable ami, avec lequel il formait un
couple, affirmant ainsi : ''Victor
et moi partagerons à jamais un territoire commun : la jeunesse.''
Gérard Oury tourne donc La Carapate
en 1978, soit douze ans après La Grande
Vadrouille,
sept après La
Folie des Grandeurs,
et cinq après Les
Aventures de Rabbi Jacob,
tous les trois étant principalement interprétés par l'immense
Louis de Funès. Mais alors que le cinéaste s'apprête à tourner
son nouveau film en 1975 sous le titre Le
Crocodile,
ce projet à l'origine écrit par sa fille Danièle Thompson et Josy
Eisenberg tombe à l'eau en raison des problèmes de santé de Louis
de Funès qui une fois de plus, devait être à l'honneur. Ce n'est
que trois ans plus tard, en 1978 que Gérard Oury, auteur d'un
nouveau script avec sa fille, sort son nouveau film. Désormais,
c'est l'acteur Pierre Richard qui tient la vedette aux côtés de
Victor Lanoux, ce dernier ayant déjà notamment brillé dans Adieu
Poulet
de Pierre Granier-Deferre et Dupont
Lajoie
d'Yves Boisset en 1975, ou dans le dyptique d'Yves Robert en 1976 et
1977, Un
Éléphant ça Trompe Énormément et
Nous
irons tous au Paradis.
Gérard
Oury n'y bouscule pas les habitudes d'un Pierre Richard une fois
encore opposé à un homme fort. Malgré sa robe et son statut
d'avocat, l'acteur est effectivement aux antipodes du personnage
incarné par Victor Lanoux. Martial Gaulard, un condamné à mort que
Maître Jean-Philippe Duroc était chargé de défendre lors de son
procès. Alors que ce dernier apporte en prison un important document
à faire signer à son client afin de faire commuer sa peine de mort
en prison à perpétuité, c'est l'émeute. Les prisonniers en
profitent pour s'échapper. Tout comme Martial qui profite de
l'occasion qui lui est offerte pour voler les vêtements de son
avocat et s'enfuir. Relégué par les médias, la police confirme ses
soupçons envers Jean-Philippe qu'elle pense être à l'origine de la
mutinerie. Contraint de prendre la fuite, et recherché par toutes
les polices du pays, l'avocat est forcé de suivre son client avec
lequel il va vivre toute une série d'aventures devant les mener
jusqu'à Paris où la jeunesse française a monté des barricades
contre les autorités. C'est là-bas qu'a prévu de rejoindre sa fiancé Bach Yen, Martial le fugitif...
Si
on le compare aux succès phénoménaux rencontrés par trois de ses
précédents longs-métrages, La
Carapate
peut faire figure d'enfant pauvre dans la carrière de Gérard Oury,
ici, certainement beaucoup moins inspiré. Cependant, il offre à
Pierre Richard l'occasion d'endosser le même type d'individu qu'il
s'était déjà offert au tout début des années soixante-dix. Face
à un Victor Lanoux fascisant mais néanmoins attachant, l'acteur
comique incarne un avocat gauchiste. De quoi provoquer des étincelles
entre les deux hommes. C'est pourtant avec nuance que le cinéaste
pousse ses deux personnages à fuir vers la capitale, leur permettant
ainsi de mieux se comprendre et donc de finir par s’apprécier. Le
message politique étant réduit ici à son strict minimum, La
Carapate
est une pure comédie familiale avec son lot de scènes
particulièrement drôles. On se souviendra longtemps de la séquence
d'ouverture lors de l'émeute, de celle se déroulant dans une ferme,
mais encore plus de la séquence durant laquelle nos deux héros
simulent un grave accident de voiture afin de se procurer un nouveau
véhicule. Le film a beau avoir été réalisé dix ans plus tard,
son contexte plonge les personnages en plein affrontements de mai 68. Le duo Pierre Richard/Victor Lanoux fonctionne à merveille et l'on
passe un très agréable moment. L'occasion de redécouvrir des
seconds rôles dont le visage ne nous est pas inconnu. A l'image de
Claude Brosset dans le rôle de Gustave, le mari trompé, de
Jean-Pierre Darras dans celui du fraudeur Jacques Panivaux, de Katia
Tchenko en prostituée, ou encore d'Alain Doutey en inspecteur de
police...
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