Hysteria
est le dernier film en date du cinéaste américain Brad Anderson qui
depuis ses débuts n'a commis que très peu de fautes de goût
puisqu'à part son très décevant L'Empire des Ombres,
il n'a tourné que d'excellents films. Pour sa dernière œuvre, il
convoque des artistes aussi confirmés que Ben Kingsley (qu'on verra
auparavant dans le Transsiberian de Anderson) et
Michael Caine. A leurs cotés, Kate Beckinsale et Jim Sturgess leur
tienne la chandelle avec leurs indéniables qualités d'interprètes.
Jim Sturgess est un jeune
docteur fraîchement diplômé qui vient parachever sa formation
d’aliéniste à l’hôpital psychiatrique de Stonehearst oû
l'attend le Docteur Silas Lamb et toute son équipe. Brad Anderson
plonge ses acteurs à une époque où l'homosexualité et l’épilepsie
étaient encore considérées comme des troubles mentaux. On connaît
le soucis du détail du cinéaste qui met en place un environnement
réaliste et fourmillant de détails que n'aurait pas renié
l'esthète Peter Greenaway. Comme à son habitude, Anderson développe
son sujet sans vraiment en fournir les clés bien que dès le départ
l'on découvre l'horrible vérité sur cet immense édifice qu'est
Stonehearst.
En effet, il nous révèle
assez vite que les médecins ne sont pas ceux que l'on pensait et que
les geôles souterraines renferment de bien inquiétants secrets. A
ce titre, un phénomène bien particulier se produit : Alors
qu'en temps normal la frontière entre le bien et le mal est sans
équivoque, ici, on a bien du mal à choisir son camp. D'un coté, un
"médecin" mégalomane qui rêve de régner sur ce
désastreux empire qu'il est en train de fonder sur les cendres de ce
qui fut un asile tenu par une équipe de psychiatres et d'infirmières
aux méthodes discutables. De l'autre, ces derniers, enfermés dans
des cages insalubres et lentement voués à la mort. Si l'on est
d'abord acquis à la cause des vrais médecins et infirmières, les
propos tenus par le "Docteur" Lamb ont de quoi nous faire
réfléchir. Choisissant des méthodes douces pour soigner la folie
de ses congénères, son personnage dénote un comportement qui mêle
à la fois l'irresponsabilité et l'humanité.
Librement inspiré de la
nouvelle de l'écrivain Edgar Allan Poe Le Système du Docteur
Goudron et du Professeur Plume, Hysteria semble en
avoir déçu certains. S'il est vrai que le film connaît des
ruptures de tons assez inégales c'est parce que le film de Brad
Anderson tutoie des genres aussi divers que le drame, le thriller, et
parfois même l'épouvante. Le quatuor d'interprètes Ben Kingsley,
Michael Caine, Kate Beckinsale et Jim Sturgess porte littéralement
le film sur ses épaules. En transposant son œuvre à la toute fin
du dix-neuvième siècle, le cinéaste impose un climat très
particulier qu'il n'aurait sans doute jamais pu obtenir autrement.
La folie est dispensée à
grande échelle au cœur d'une population d'aliénés ayant pris le
pouvoir. Brad Anderson démontre surtout qu'avec l'espoir et la
motivation les plus sincères, la folie ne peut mener à bien son
projet et qu'elle est vouée à l’échec. Hysteria est
une fois de plus une belle réusite de la part du cinéaste
américain, et on ne lui en voudra pas de ces quelques dernières
minutes durant lesquelles il met un terme à son histoire. Inutile,
un peu grotesque, et tellement en deçà de tout ce qui a précédé...
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