La Chèvre
est le premier volet de la trilogie Veber/Depardieu/Richard. Il
s'agit surtout des débuts d'une mythique collaboration regroupant un
cinéaste et scénariste réputé (Francis Veber est notamment
l'auteur du scénario de L'Emmerdeur d'Edouard
Molinaro en 1973 et a écrit et réalisé Le
Dîner de Cons
en 1998) et deux des plus grands acteurs français, Gérard Depardieu
(Danton d'Andrzej
Wajda, Jean de Florette
de Claude Berri, Le Retour de Martin Guerre
de Daniel Vigne, Buffet Froid
de Bertrand Blier, etc...) et Pierre Richard (Le
Distrait
qu'il réalise lui-même en 1970, Le Grand Blond
avec une Chaussure Noire
d'Yves Robert, La Carapate
de Gérard Oury, etc...). Tourné en 1981, il est donc incarné par
un Pierre Richard gaffeur et maladroit qu'une idée cocasse, fruit de
la pensée de l'excellent et regretté André Valardy (dans le rôle
du psychologue Meyer), pousse à rechercher au Mexique la fille de
son patron,le PDG Alexandre Bens, lequel est incarné quant à lui
par l'acteur Michel Robin. Accompagné du détective privé Campana
qu'interprète Gérard Depardieu, le personnage de François Perrin,
qui en parallèle à François Pignon, autre personnage célèbre
créé par Francis Veber, apparaît ici pour la septième fois (après,
notamment, le diptyque du Grand Blond,
de Coup de Tête
de Jean-Jacques Annaud, cette fois-ci interprété par Patrick
Dewaere, et avant sa toute dernière apparition dans Le
Jaguar que
Francis Veber réalise lui-même en 1996 et sous les traits duquel se
cachait l'acteur/chanteur Patrick Bruel...).
Pour
La Chèvre,
Pierre Richard endosse donc son éternel costume d'employé
maladroit, gauche, et gaffeur. Des défauts qui vont être cependant
mis à contribution puisque la fille du PDG étant elle-même
particulièrement maladroite, le patron de Perrin accepte de
l'envoyer au Mexique en compagnie de Campana, espérant ainsi que les
deux hommes remonteront la trace de la jeune femme en provoquant la
même série d'accidents qui l'on menée jusqu'à son enlèvement par
un petit malfrat du nom de Juan Larbal (l'acteur mexicain Jorge
Luke). L'une des excellentes idées du scénario est non pas d'avoir
logiquement fait du personnage de Campana celui qui organise
officiellement les opérations mais d'avoir offert au personnage
incarné par Pierre Richard celui qui mène les investigations. Car en inversant les
rôles du maladroit et de l'homme fort, le film donne lieu à des
situations irrésistiblement drôles.
François
Perrin étant investit d'une mission de la plus haute importance, il
se trouve à différentes occasions contraint de prouver sa valeur
auprès d'un Campana courageusement patient. La scène de l'aéroport
(face à l'excellent Michel Forbin), celle du bar de l'hôtel (où il
croit pouvoir séduire une cliente), ou plus tard dans le bar à
prostituées où ses hormones finissent de le convaincre de pouvoir
interroger seul la jeune femme qui s'apprête pourtant à le
dilapider de l'argent que lui a confié son PDG qui l'emploie en
temps normal comme comptable. Impossible de passer sous silence la
scène durant laquelle le personnage incarné par Pierre Richard
passe un coup de téléphone anonyme afin de retarder le vol de
l'avion qu'il doit prendre en compagnie de Campana/Depardieu, ou
celle durant laquelle il s'enfonce inexorablement dans des sables
mouvants, et encore moins le passage lors duquel il est piqué par
une abeille (Perrin étant bien entendu allergique à sa piqûre) !!! Tout cela sous le regard d'abord halluciné puis
découragé d'un Campana admirable de retenue. Même dans les plus
infimes détails, La Chèvre
demeure irrésistiblement drôle. A titre d'exemple, lorsque Campana,
à l'accueil de l'hôtel, ne se retourne même plus alors qu'en
arrière-plan on voit Perrin se prendre les bagages dans les jambes
ou qu'au commissariat, l'on devine qu'une fois encore, celui-ci s'est
pris ''les jambes
dans le tapis'', et cela, devant le regard résigné de Gérard
Depardieu.
Comme
cela est généralement le cas chez Francis Veber, La
Chèvre oppose
un homme fort à un autre beaucoup plus fragile (L'emmerdeur
opposait un suicidaire à un tueur à gages, Les
Fugitifs,
un ancien criminel à un chômeur, Le Placard,
un petit employé de bureau à sa hiérarchie, ou encore Le
Dîner de Cons,
un petit fonctionnaire d’État à un célèbre éditeur
parisien...). Si logiquement Campana aurait dû avoir l'ascendant sur
son compagnon d'infortune François Perrin, le
réalisateur/scénariste offre à Gérard Depardieu et Pierre Richard
des personnages à armes égales. Deux personnalités indissociables
qui vivront encore ensemble de nombreuses péripéties à travers
Les Compères
en 1983 et Les Fugitifs
en 1986 toujours sous la houlette de Francis Veber. Culte !
C'est Michel Fortin. La fille Bens est quant à elle interprétée par l'inoubliable interprète de "Boule de flipper"... qui roule, qui roule... :-)
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