Le cas Terre Battue
est
un peu particulier puisqu'ici, le réalisateur français Stéphane
Demoustier ne se penche pas sur le récit macabre d'un tueur en série
ou d'un tueur de masse, ni d'un quelconque déséquilibré,
sociopathe, psychopathe, schizophrène, j'en passe et des
meilleures... Ici, pas de préméditation, pas de viol, ni de meurtre
au couteau. Pas d'acharnement sur la victime ni de démembrement. Pas
de cadavre péché dans une rivière ou découvert ligoté dans une
chambre. Pas d'enquête policière particulièrement longue non plus.
Le film de Stéphane Demoustier n'a rien de commun avec la plupart
des long-métrages inspirés de fait-divers réels. D'ailleurs, le
cinéaste l'aborde sous un angle radicalement différent, préférant
faire curieusement de son plus jeune interprète (Charles Mérienne,
dans le rôle d'Ugo) le véritable coupable contrairement au
fait-divers qui mettait en cause un certain Christophe Fauviau, père
d'un fils et d'une fille qu'il coachait au tennis. Mais afin
d'assurer leur succès sur le terrain, cet homme connu pour être
dépressif ''s'amusait''
à glisser dans la boisson des adversaires de ses deux enfants du
Temesta, une molécule traitant l'anxiété et l'angoisse. En
''empoisonnant''
plusieurs d'entre eux, Christophe Fauviau a causé le décès de l'un
d'eux, Alexandre Lagardère, qui trouva la mort à bord de son
véhicule. Découvert la veille par l'un des demi-finalistes du
championnat de tennis auquel participait le fils de l'incriminé en
train de manipuler sa propre bouteille, celui-ci a averti les
autorités, ce qui a permis à l'arrestation de Christophe Fauviau
qui fut reconnu coupable de 27 empoisonnements. Il se retrouva
condamné à 8 ans de prison le 9 mars 2006...
Bien
que les similitudes entre Terre Battue
et le fait-divers soient très nettement visibles lors du dernier
acte, Stéphane Demoustier semble moins s'intéresser à l'événement
qu'au témoignage d'un homme qui se retrouve au chômage, et dont le
couple explose (son épouse incarnée par l’actrice Valeria Bruni
Tedeschi choisit de le quitter). Le sort s'acharne sur cet individu
parfaitement interprété par l'acteur Olivier Gourmet, lequel est
souvent sujet à ce genre d'interprétation. Un individu qui ne se
laisse pas aller mais qui au contraire choisit d'aller de l'avant.
Est-ce alors un transfert qui le pousse à diriger son fils vers une
section de sport-étude ? D'un côté, il y a ce père déchu de
son statut de chef d'entreprise, passionné par son métier, et du
jour au lendemain sans emploi. De l'autre, il y a Ugo, le fils
prodige au cœur inusable. Que les spécialistes verraient bien se
diriger vers l'athlétisme mais qui pourtant rêve de faire une
carrière dans le tennis. Mais avoir un cœur en béton ne suffit pas
toujours. Il faut avoir la force de se battre contre ses adversaires,
quitte à user de subterfuges malhonnêtes comme c'est le cas ici.
Entre
ces deux être, une Laura, épouse de Jérôme, perdue, qui ose enfin
affronter son courage et abandonner celui qu'elle aime. Et toujours
Jérôme qui se relève. Pour son fils. Jusqu'à cet acte de
sacrifice pourtant inutile. Terre Battue
est
un combat pour la vie filmé dans le plus simple appareil. Pas un
docu-fiction, mais un cinéma sans chichis, qui va droit à
l'essentiel au risque de perdre ceux qui n'attendent que du
sensationnel. Une mention spéciale pour Olivier Gourmet, toujours
aussi impérial et touchant. Pour le jeune Charles Mérienne
également. Sans oublier Valeria Bruni Tedeschi, mais aussi et
surtout tous ces seconds rôles qui dans cette histoire ont leur
importance. De l'indispensable Vimala Pons (Les
Garçons Sauvages,
Comme un Avion,
Vincent n'a pas d’Écailles,
etc...) à l'excellent Jean-Yves Berteloot, dans le rôle du
directeur du centre d'entraînement...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire