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lundi 14 janvier 2019

Les Invisibles de Louis-Julien Petit (2019) - ★★★★★★★★★☆




Poussés par l'irrépressible envie de nous dégourdir les jambes, épuisés par des séances de No Life justifiées par un froid et par un vent de plus de cent kilomètres/heure, c'est motivés que nous avons décidé hier matin de nous offrir une séance de cinéma. C'est sous l'impulsion d'Anna qu'elle et moi avons opté pour le dernier long-métrage du cinéaste français Louis-Julien Petit qui après Discount et Carole Matthieu semble confirmer sa vision d'un cinéma dit « social » s'ouvrant sur le quotidien des petites gens dont les derniers auxquels il a choisit d'offrir la parole incarnent à merveille ceux que l'on dit invisibles. Parce qu''elles incarnent tout ce que leurs congénères redoutent un jour de devenir, les héroïnes des Invisibles revêtent une forme d'honorabilité et de pudeur que l'on avait peut-être trop tendance à oublier. Derrière l'image de ces laissées pour compte trop souvent décrites comme des êtres sales et malodorants, l’œuvre de Louis-julien Petit est tout d'abord un très bel hommage à ces femmes qui comme l’héroïne incarnée par l'actrice Audrey Lamy sacrifient jusqu'à leur propre existence pour sauver celle d'âmes en perdition. Aux côtés de la formidable Corinne Masiero, qui connaît bien le sujet pour avoir connu la rue, la drogue et la prostitution avant de devenir actrice, ainsi que Noémie Lvovsky, la sœur d'Alexandra Lamy interprète l'une de ces femmes qui consacrent au quotidien une part immense de leur temps aux autres. A ces femmes marginalisées, sans emplois, sans toit et généralement oubliées de leurs concitoyens.

Et ces femmes justement, qui plutôt que d'être incarnées par des actrices grimées sont interprétées par de véritables Sans Domiciles Fixes que le cinéaste met en lumière de manière aussi généreuse qu'authentique. Si hier encore, la plupart d'entre nous seraient sans doute passés devant elles en feignant de ne pas avoir remarqué leur présence, aujourd'hui, et pas seulement grâce à Louis-julien Petit mais d'abord à ces « Invisibles » dont la présence à l'écran submerge le spectateur d'émotion, sans doute aurons-nous un regard différent pour ces femmes, mais aussi ces hommes qui vivent dans la rue. Jamais larmoyant, et pourtant parfois terriblement éprouvant, Les Invisibles est un modèle du genre qui évite de culpabiliser le spectateur. Le film dresse tout d'abord un état des lieux de la condition de ces femmes face à une administration aussi lente qu'inefficace. Après que la décision de fermer le centre d'accueil de jour pour femmes SDF « L'Envol » ait été prise, celles qui se démènent pour aider les autres prennent une décision radicale : désormais, et ce, dans le plus grand secret, ce dernier les accueillera également de nuit. Maintenant qu'il ne reste plus que trois mois avant que la justice intervienne, Audrey, Manu et Hélène vont tout tenter pour réinsérer dans la vie active une quinzaine de femmes que la société à choisi d'abandonner.

Louis-Julien Petit, plutôt que d'opter pour un misérabilisme un peu trop facile, choisit de traiter son sujet sous la forme d'une comédie dramatique. Si Les Invisibles est souvent l'occasion de grands moments d'émotion, le cinéaste n'oublie cependant pas d'y injecter une forte dose d'humour qui dans ce contexte tragique fait beaucoup de bien. Non seulement aux spectateurs, mais également à ces femmes qui sans le soutien de cette « famille » improvisée ne parviendraient sans doute jamais à se sortir de la merde dans laquelle elles vivent depuis des années. Marquées par la rue, le froid, l'alcool, la drogue et parfois la prostitution, le visage de ces SDF à lui seul évoque les épreuves qu'elles ont enduré. Mais heureusement, Les Invisibles change de ton en permanence. Après avoir beaucoup ri à l'évocation des surnoms pris par chacun d'entre elles (je vous laisse la surprise de les découvrir), on est bouleversé de les voir ensuite chassées à cinq heures du matin et dans le froid du camp de fortune où elles tentaient jusqu'ici de survivre. L’œuvre de Louis-Julien Petit est un ping-pong d'émotions admirablement incarné par cet épatant mélange d'actrices professionnelles et d'anonymes extraites du trottoir le temps d'un hommage. Nous ne sommes pas prêts d'oublier Adolpha Van Meerhaeghe, Marianne Garcia, Marie-Christine Descheemaker et leurs compagnes. Louis-Julien Petit réalise une œuvre d'une grande humanité qui permet d'aborder ces femmes sous un angle nouveau, loin de l'indifférence et de la mythologie crasse qu'elles inspirent en général. Un film beau, drôle, et émouvant. Une très belle expérience de cinéma...

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