Après une série
d'adaptations relativement médiocres du jeu vidéo de
survival-horror Resident Evil,
il était sans doute temps que quelqu'un reprenne les rennes et fasse
table rase de tout ce qui avait été fait jusque là entre 2002 et
2016 (six longs-métrages au total dont quatre réalisés par Paul
W.S. Anderson) pour proposer enfin un produit fidèle à l'image que
nous avons d'une licence de jeux appartenant tous à la société
japonaise Capcom.
D'abord intéressé à l'idée de produire ce reboot pensé dès
l'année 2017, James Wan ne participera finalement pas au projet.
Coopération germano-américano-britannique, Resident
Evil : Bienvenue à Raccoon City
est réalisé par Johannes Roberts qui fut notamment l'auteur en 2017
de 47 Meters Down
ou de Strangers:Prey at Night.
Pas des chefs-d’œuvre mais pas des films foncièrement mauvais non
plus. Et puis arriva sur nos petits et grands écrans, la première
bande-annonce. Et le simple fait d'y voir évoqués le commissariat
de Raccoon City ainsi que le manoir Spencer ou la société
pharmaceutique Umbrella
Corporation
avait des chances de raviver la flamme qui s'était éteinte dans les
yeux des amateurs de la licence vidéoludique, copieusement massacrée
durant presque quinze années. Qui se souvient en effet de cet homme
tapi dans l'obscurité, penché sur un cadavre et qui en se relevant
montrait son vrai visage, celui d'un mort-vivant, à l'ancienne,
déambulant sans courir comme un sprinter de cent mètres ? Sur
le principe, il faut savoir accepter une chose : qu'une
adaptation cinématographique n'aura sans doute jamais le même
impact que celui du jeu vidéo qui en est à l'origine. Si Silent
Hill de
Christopher Gans fut l'un des rares films à faire honneur au jeu de
Konami
sorti en 1999 sur la console de salon Playstation
et s'il s'avérait à certains endroits réellement terrifiant, qui
oserait affirmer qu'il le fut tout autant que dans son format
d'origine ?
Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City ne
paraît pas être en odeur de sainteté avec la majorité des
critiques. Ce qu'il vaut mieux éviter de constater avant d'aller
voir la chose sur grand écran si l'on ne veut pas faire machine
arrière, l'espoir déchu de trouver enfin une adaptation digne de ce
nom. Pourtant, et au risque d'en contredire certains, le long-métrage
de Johannes Roberts n'est pas la bête immonde que l'on voudrait nous
faire croire. Oh, des défauts, le film en contient un nombre
important. Mais ce serait faire fi de ses quelques qualités. Quitte
à me faire taper sur les doigts, à prendre une volée de bois vert
ou recevoir des lettres de menace (j'exagère à peine), j'ose
affirmer que Resident Evil : Bienvenue à Raccoon
City
mérite peut-être que les fans fassent l'effort de se déplacer
jusque dans les salles obscures. Même si le long-métrage ne
révolutionnera pas le film de zombies/morts-vivants/infectés,
l'expérience vaut en premier lieu pour son ambiance. Et quitte à me
faire rosser, j'ajouterai, j'oserai même, affirmer que l'on y
retrouve le charme crépusculaire d'un Frayeurs
signé de Lucio Fulci. Nier que le récit se déroulant dans
l'obscurité, dans une ville de
Raccoon City en feu, battue par la pluie,
en perdition, et à l'aube d'une invasion de zombies a du charme
serait manquer d'objectivité. L'ambiance est d'ailleurs le principal
intérêt du film. On s'y plonge en fermant les yeux (mais pas trop
quand même) pour y redécouvrir la genèse des événements causés
par Umbrella
Corporation,
laquelle fut à l'origine de la création du Virus T. On retrouve
alors nos personnages préférés que furent Chris Redfield et Jill
Valentine du premier Resident
Evil
ou Leon Scott Kennedy et Claire Redfield du second sorti deux ans
plus tard toujours sur Playstation
en 1998. Des protagonistes opposés au grand méchant de l'histoire
William Birkin. Un scientifique interprété à l'écran par l'acteur
Neal McDonough...
Malheureusement,
Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City
est aussi perclus de défauts. L'entreprise est telle qu'imaginer
concentrer son récit en un long-métrage d'une heure et
quarante-cinq minutes environ est une hérésie. Pour un budget de
quarante millions de dollars, Johannes Roberts s'est en fait contenté
de survoler son sujet en alignant quelques hommages au jeu d'origine
tout en faisant des membres du S.T.A.R.S,
des personnages plutôt stupides et surtout, sans aucun intérêt.
Chris Redfield (Robbie Amell), Jill Valentine (Hannah John Kamen) ou
Albert Wesker (transfuge d'épisodes postérieur de la licence
vidéoludique ici interprété par Tom Hopper) semblent avoir été
dotés d'un intelligence proche de celle d'un chimpanzé. Le charisme
aux fraises et la caractérisation n'ayant d'existence que sous cette
seule appellation, le comble dans toute cette histoire est le sort
réservé au personnage de Leon S. Kennedy dont l'acteur Avan Jogia
endosse l'uniforme. Un tout jeune flic fraîchement débarqué au
commissariat de Raccoon
City mais
surtout et malheureusement, régulièrement humilié ! Il n'y a
guère que Kaya Scodelario dans le rôle de Claire Redfield pour nous
convaincre que le réalisateur britannique ne s'est pas simplement et
scrupuleusement contenté de rabaisser ses personnages au rang
d'adolescents décérébrés. Pour revenir aux points forts,évoquons
les infectés que l'on découvre, une fois n'est pas coutume, à
l'orée de leur future transformation. Des créatures encore bien en
vie, gémissant, le visage déformé par la douleur. Collés à la
grille du commissariat, leur apparence est particulièrement
convaincante avec, toujours en toile de fond, une ville de Raccoon
City qui ressemble de plus en plus à une certaine idée de l'Enfer.
Tout le contraire des molosses qui apparaissent parmi les premiers
contaminés dans des effets-spéciaux numériques absolument
dégueulasses ! Une constante d'ailleurs ici qui décrédibilise
dans la forme un récit où l'urgence est telle que l'on peut se
demander pourquoi tant de flash-back inutiles et une première partie
se traînant (malgré, toujours, avec en toile de fond cette ambiance
enivrante) obligent le réalisateur à accélérer les choses durant
la seconde moitié du film en brûlant les étapes...
Johannes
Roberts le prouve. Il n'est pas à la hauteur du projet. Ses
personnages sont fades, stéréotypés, typique de ces films d'action
bas du front et sans une once d'originalité. D'abord capable de
mettre en scène une ville de Raccoon City
plongeant
littéralement dans le chaos et des zombies au visage parfois
impressionnant, le britannique semble par contre impuissant face à
le représentation de lieux aussi mythiques que le commissariat ou
plus encore, le manoir Spencer. Le cadre se concentre trop souvent
sur les personnages qu'il encercle et le film manque alors
foncièrement de profondeur de champ et de plans larges. Pour preuve,
le dit manoir se permet ici d'être beaucoup moins impressionnant que
celui, remarquable bien qu'étant désormais pixelisé, du jeu sorti
en 1996 sur console. Ce que l'on rêvait alors comme la visite
grandeur nature d'une entité faisant partie intégrante de la
licence de jeux vidéos retombe malheureusement comme un soufflet. Et
que dire de l'acteur Neal McDonough qui n'est vraiment pas à sa
place ici et qui une fois transformé en une créature monstrueuse
par injection du Virus G, en devient ridicule. C'est là en fait tout
le problème de Resident Evil : Bienvenue à
Raccoon City.
Adapter un concept qui passait très bien à l'époque sur format
cd-rom mais qui s'avère déjà moins viable sur un écran de cinéma.
On passe du sujet naissant d'une invasion d'infectés à l'une des
imageries qui faisait en partie la réputation du jeu vidéo avec sa
créature qui ''respawnait'' à plusieurs occasions. Le constat est
là : après des débuts prometteurs jouant sur les sens
éveillés du spectateur, Resident Evil :
Bienvenue à Raccoon City
se transforme en un film d'horreur indigeste et foutraque qui risque,
malheureusement de connaître une suite si l'on tient compte de sa
conclusion ouverte. C'est certain, cette fois là on ne m'y reprendra
plus...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire