A
l'attention de toutes celles et ceux qui en ont marre des revenants
made in United States of America, Prenez l'avion et dirigez vous vers
l'Amérique du sud, tout en bas, dans ce pays coincé entre le Chili,
la Bolivie, le Paraguay et l'Uruguay que l'on nomme Argentine. C'est
là-bas, dans ce pays très lointain, où l'on trouve sans doute les
meilleurs empanadas, le provoleta, et les berenjenas rellenas que le
cinéaste argentin Demián Rugna a réalisé son troisième
long-métrage après The Last Gateway en 2007 et No Sabés con quién
estás Hablando il y a deux ans en arrière. Son dernier s'intitule
Aterrados (qui en espagnol signifie à fort propos terrifié) et
tourne autour de curieux événements se produisant depuis quelques
temps dans un quartier de Gran Buenos Aires. C'est là-bas que vivent
en effet plusieurs individus qui tous vont être confrontés à des
situations qui sortent de l'ordinaire. Tout commence avec un certain
Brunetti dont l'épouse à été retrouvée pataugeant littéralement
dans son propre sang, dans la baignoire de leur salle de bain. Inculpé de meurtre, son mari se
retrouve au poste de police où interrogé par Albreck, Rosentock et
Jano ces derniers lui font remarquer qu'un cas similaire eut lieu
aux États-Unis en 1998. Brunetti, alors, raconte son histoire, et évoque son
voisin et ami Walter Carabajal, lequel a entreprit, selon ses propos,
des rénovations. Un homme qui plusieurs jours auparavant a tenté de
contacter le docteur Albreck afin d'évoquer avec elle d'étranges
événements se produisant chez lui. Le quartier où vivent Brunetti
et Carabajal semble avoir été investit par des forces obscures et
touchent d'autres familles que la leur. A commencer par la mère d'un
enfant récemment décédé à la suite d'un accident de la route,
qui quatre jours après avoir été enterré, est revenu par ses
propres moyens dans leur maison. Convaincus qu'il se déroule de
drôles de choses, Albreck, Rosentock et Jano décident de passer
une nuit entre les trois demeures, se partageant les tâches en
compagnie d'un inspecteur afin de dénouer ces curieuses affaires qui
semblent être mêlées à un événement commun...
Alors
là ! S'il y a bien une chose dont j'étais loin de me douter,
c'était que j'allais passer un si agréable moment devant ce
Aterrados a priori anecdotique. Non pas que ses origines argentines
m'aient fait douter de sa valeur intrinsèque, mais le genre est si
encombré et certains cinéastes depuis des décennies semblent avoir
déjà tout dit sur le sujet qu'un film où règne la présence de
fantômes, esprits, goules, appelez-les comme vous voudrez m'a
d'abord fait douter du bien fondé de cette démarche manquant à la
base, d'originalité. Et pourtant, ce qui différencie Aterrados de
ses dizaines, de ses centaines de concurrents, c'est son approche
originale et quelques aspects de l'intrigue qui viendront renforcer
l'angoissant propos. Tout d'abord, Demián Rugna ne raconte pas
l'histoire d'une famille unique victime de poltergeists ou de toute
autre manifestation surnaturelle. Ici, les mauvais esprits ont la
faculté de se promener de maison en maison, ce qui ne met donc
personne à l'abri de leurs attaques, les frontière d'une seule et
même demeure n'étant donc plus efficientes.
Mais
sans doute, l'idée la plus remarquable qui fait de cet Aterrados une bande
horrifique supérieure à bon nombre de ses concurrentes, c'est
d'avoir choisi un personnage principal au cœur fragile et
particulièrement effrayé à l'idée d'être plongé dans un univers
surnaturel terrifiant. Une manière assez originale pour que le
spectateur s'identifie naturellement à ce personnage totalement
dépassé. De plus, en prenant l'option de séparer chacun des
membres de l'équipe de chercheurs en paranormal, Demián Rugna crée
un climat de solitude et donc d'insécurité qui décuple très
largement le sentiment de danger. Souvent filmées de nuit, les
séquences fantastiques se révèlent souvent terrifiantes (d'où le
titre du film). Un film que l'on se doit d'avoir vu dans le noir, le
soir ou au beau milieu de la nuit. Demián Rugna semble avoir
particulièrement bien digéré les classiques du genre puisque entre
les bruits de pas, les coups portés contre les murs, les refuges de
l'entité sous les lits et dans les placards, et les différentes
apparitions de celle-ci (n'oublions pas non plus la réapparition du
gamin décédé quatre jours auparavant), le cinéaste argentin a su
apporter un sang nouveau tout en puisant très largement dans le
mythe du fantôme. En employant un rythme étonnamment lent, Demián
Rugna parvient cependant à apporter la part de frissons auxquels les
amateurs du genres pouvaient prétendre. Une belle réussite...
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