Si Pierre Richard n'a
jamais cessé de demeurer attachant, il faut avouer que parfois,
certains des personnages qu'il incarna dans les années 2000
manquaient de cette folie et de cette poésie qui le rendirent
célèbre à l'orée des années soixante-dix avec les films qu'il
mit en scène et interpréta lui-même : Le Distrait,
Les Malheurs d'Alfred,
Je sais Rien mais je Dirai Tout,
quand ce n'est pas d'autres qui se chargèrent de réaliser des
œuvres qui allaient devenir de vrais classiques de la comédie
française : Le Grand Blond avec une
Chaussure Noire
d'Yves Robert, La Moutarde me Monte au Nez
de Claude Zidi ou encore La Carapate
de Gérard Oury... En 2008, l'acteur français file tout droit
jusqu'au Canada, dans la province du Québec, et plus exactement dans
la région de Saguenay–Lac-Saint-Jean où se situe le village de
Sainte-Rose-du-Nord au cœur duquel le réalisateur, producteur et
scénariste québécois Robert Ménard tourne son huitième
long-métrage. Avec dans le rôle principal, donc, notre Pierre
Richard national qui dans la peau d'un professeur de physique
quantique français vient s'installer aux côtés de sa fille
Catherine dans l'auberge du village de Sainte-Simone-du-Nord ayant
appartenu à la tante de Pierre, récemment décédée. Optimiste
convaincu, le vieil homme et sa fille sont loin d'imaginer les
conséquences que va engendrer leur installation dans l'auberge de la
tante disparue. En effet, accueillis par le maire du village, Michel
Dolbec, celui-ci va tout faire pour s'en débarrasser, convaincu que
l'auberge lui revient de droit. Raciste, il ne supporte pas que des
français viennent s'installer durablement à Sainte-Simone-du-Nord.
Marié à Louise qui ne voit pas d'un bon œil les agissements de son
époux, et père d'un Steven pas très futé, Michel Dolbec peu
compter sur l'aide de Ti-Guy, le plombier du village ainsi que sur
plusieurs habitants de Sainte-Simone-du-Nord pour pourrir la vie d'un
Pierre optimiste et philosophe qui ne voit le mal nulle part et qui
malgré l'adversité, demeure toujours confiant et souriant.
Heureusement que Catherine et l'ancien employé de la tante décédée,
le peintre Mario Vaillant, sont là pour veiller au grain...
Drôle
comme les avis se partagent autour de cette excellente comédie
franco-canadienne. S'il est vrai qu'il faut un temps d'adaptation et
que les rires ont bien du mal à fuser durant la première moitié du
film, le cinéaste Robert Ménard parvient pourtant à signer l'une
des comédies mettant en scène Pierre Richard, parmi les plus
attachantes qui aient vu le jour dans les années 2000. Se partageant
la vedette avec l'irascible mais néanmoins excellent acteur
québecois Rémy Girard (célèbre dans son pays mais beaucoup moins
chez nous), Pierre Richard y est formidable d'humanité et
d'optimisme. A un tel point que l'on s'effraierait même de le voir
si peu inquiet face aux dommages causés par un maire savoureusement
incarné : raciste, minable, mais pourtant, époux d'une Louise
interprétée par Louise Portal, celle-là même qui fut la Dany du
dépressif Les Fauves
de Jean-Louis Daniel en 1984 ou la chanteuse québécoise Bernadette
Legranbois de l'excellente comédie signée par Jean-Marie Poiré
deux ans plus tard, Mes Meilleurs Copains.
Dans le rôle de Ti-Guy, le plombier pas très malin, l'acteur Gaston
Lepage, originaire de Saint-Félicien, au Canada, et dans celui de
Mario, le fils du maire, l'acteur québecois Jean-Nicolas Verreault,
excellent.
Traitant
du racisme, le scénario du Bonheur de Pierre
est surtout un prétexte pour y voir le duel opposant l'irascible
maire à l'impassible Pierre. Deux philosophies qui s'opposent dans
une guerre de voisinage dont seule la sagesse sortira vainqueur.
L'actrice française Sylvie Testud interprète le personnage de
Catherine. Dépaysée, c'est de façon singulièrement outrée et
finalement peu efficace (les singeries de cette actrice pourtant
formidable n'ont aucun effet) que l'actrice incarne la fille de
Pierre. Si le film a du mal à démarrer, on finit pourtant par
s'attacher aux personnages, l'humour venant prendre peu à peu la
place qui lui est due. Le Bonheur de Pierre est
au final si communicatif qu'il devient celui du spectateur qui sort
de la projection, le sourire aux lèvres...
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