Alors que la récente
adaptation de la nouvelle du romancier américain Howard Philip
Lovecraft La Couleur Tombée du Ciel sortira
au cinéma aux États-Unis le 24 janvier prochain et probablement un
peu plus tard en Europe (sous le titre Color Out of
Space
et réalisé par le cinéaste Richard Stanley), trois œuvres s'en
étant inspirées ont déjà vu le jour. Tout d'abord Le
Messager du Diable
(Die, Monster, Die ! de
Daniel Haller en 1965), puis La Malédiction
Céleste (The
Curse
de Keith David en 1987) et enfin Die Farbe
(film allemand de Huan Vu). Dans le cas présent, nous nous
intéresserons à la seconde adaptation, celle de David Keith, et qui
malgré son statut de film cinéma, ressemble davantage à un
téléfilm. Ce qui, pour le coup, s'avère au départ relativement
inquiétant. Surtout que concernant l'univers de H.P. Lovecraft, les
fans du romancier pouvaient s'attendre à un minimum d'exigence de la
part du cinéaste et de son équipe technique. Si La
Malédiction Céleste
s'inspire de la nouvelle du romancier américain, il s'autorise
cependant quelques très larges écarts sans doute dus aux moyens
financiers se montant à seulement quatre millions de dollars. Au vu
du score au box-office, on pourra arguer que les producteurs eurent
le nez fin en n'engageant pas de sommes plus importantes puisque le
film ne rapporta qu'un peu moins de deux millions de dollars, soit
moins de la moitié du budget...
Par
rapport à La
Couleur Tombée du Ciel qui
dépeint un univers gris-cendre et désolé situé dans l'état du
Massachusetts près de l'océan Atlantique Nord et à une époque
beaucoup plus lointaine, La Malédiction Céleste
installe
son intrigue à l'intérieur des terres, et dans l'un des états du
sud des États-Unis, le Tennessee. Délaissant l'aspect décrit dans
La Couleur Tombée
du Ciel pour
y décrire un univers où la pourriture s'installe aussi lentement
que sûrement, David Keith s'autorise donc un ravalement en terme
d'esthétique. Dans la nouvelle comme dans le scénario de David
Chaskin (La revanche de Freddy
en 1985, Lectures Diaboliques
en 1989), nous retrouvons le personnage du géomètre. Mais alors que
dans l'ouvrage il débarquait en ville dans l'intention principale
d'étudier le cas d'une météorite tombée en 1880 dans le champ
d'un paysan, celui du film tombe tout à fait par hasard sur le même
type de fait-divers et ce, dans un contexte beaucoup plus récent.
Désormais, la faune et la flore se retrouvent contaminées par une
substance s'écoulant de la météorite à proprement parler et c'est
principalement au centre d'une famille reconstituée que l'intrigue
va se jouer. Un peu à la manière du segment intitulé The
Lonesome Death of Jordy Verrill
de l'anthologie horrifique Creepshow
réalisée par George Romero et scénarisée par l'écrivain Stephen
King, La Malédiction Céleste
donne à assister à la lente dégradation physique (et par là même
psychologique) d'individus ayant absorbé soit directement de l'eau
contaminée, soit l'un ou l'autre des légumes du jardin, lui-même
souillé.
Dommage
qu'avec un visuel de téléfilm la plupart des séquences sonnent
relativement fausses. Parce qu'avec un scénario pareil, La
Malédiction Céleste
aurait pu donner naissance à une formidable adaptation.
Heureusement, quelques effets gores permettent au spectateur de tenir
sur la longueur jusqu'au générique de fin. À dire vrai,
l'essentiel du long-métrage de David Keith tient surtout sur la
caractérisation et l'interprétation de certains personnages. Le
réalisateur évoque une Amérique profonde larvée par la religion
et par une certaine forme de consanguinité que l'on retrouve
notamment chez le personnage qu'incarne l'acteur Malcom Danare. Cyrus
y est décrit comme le fils demeuré de Nathan (interprété par
l'acteur (Claude Akins) et le demi-frère de Zack, qu'interprète
alors le jeune Wil Wheaton que l'on découvrira notamment dans le
formidable Stand by Me
de Rob Reiner et plusieurs saisons de l'excellente série télévisée
de science-fiction Star Trek: La Nouvelle
Génération.
Nanti d'un budget plus important et d'une plus grande fidélité vis
à vis de la nouvelle de H.P. Lovecraft, La
Malédiction Céleste
aurait sans doute gagné ses galons de films culte. Malheureusement,
les piètres qualités visuelles de l’œuvre n'en font qu'un petit
long-métrage sans réelles ambitions...
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